La droite politicienne, engluée depuis des décennies dans les mirages du libéralisme financier apatride, n’a pas su voir que la défense du patrimoine environnemental où germent les racines des peuples devait être le ferment de sa pensée et de son action. Elle a abandonné ce terrain-là, celui de l’écologie, à une gauche en mal de sermons idéologiques depuis l’effondrement du communisme en Occident. Cet abandon était une erreur. Depuis, pathétique et brouillonne, cette droite politicienne se cherche un discours et quelques raisons de croire encore à son destin. Elle attend une incarnation, un chef, comme on attend Godot. Incarner le vide, l’équivalent politique de la quadrature du cercle. Même le Père Ubu ne s’y risquerait pas.
Elle n’est peut-être pas la plus bête du monde, cette droite, comme disait Guy Mollet, mais sa pensée est quand même extrêmement paresseuse. Elle commet une autre erreur historique en ne brandissant pas au plus haut l’étendard de la lutte contre le sexisme. Ce devrait être son affaire, puisque, au bout du bout, il s’agit de défendre et de promouvoir la dignité de l’être humain. Rien de moins. Au lieu de cela, pitoyablement accrochée à des schémas archaïques soigneusement choisis et entretenus par les ratiocinations mâles les plus étroites, les plus convenues, elle trahit, une fois encore, ce qui devrait être sa nature profonde, son ADN : la conquête de territoires nouveaux de la pensée, l’audace intellectuelle, la rupture assumée, le goût de l’inédit, celui de la transgression positive. À l’opposé de cela, elle se complaît dans des analyses frelatées et des détournements historiques qu’elle s’ingénie à parer de la caution d’une prétendue tradition ancestrale, alibi d’une constante et obsessionnelle infériorisation de la femme. Or – pour ne donner que cet exemple -jusqu’à la fin du XVème siècle, la femme, chez nous, avait, juridiquement, socialement, autant de droits qu’elle en avait au début du vingtième, et infiniment plus qu’on ne lui en reconnaît aujourd’hui dans nombre de milieux et de communautés. À méditer.
La femme est l’égale de l’homme en cela aussi que, tout comme lui, elle est capable du pire et du meilleur. Il n’y a pas à se faire d’illusions à ce propos. L’anti-sexisme doit également reposer sur ce constat lucide. C’est une révolution culturelle, intellectuelle à mener. Exaltante et fertile. La seule qui permettra de reléguer là où ils doivent l’être les sexismes de tous ordres, à commencer par celui, éminemment toxique, qui relève de la sphère confessionnelle. Ainsi, la droite politicienne devrait s’employer à réinvestir, revisiter, réinventer et surtout réenchanter le champ culturel qu’elle a piteusement déserté. En commençant par se poser en fer de lance de la révolution intellectuelle de l’anti-sexisme. Révolution dont, on l’aura compris, la laïcité républicaine a le plus grand et le plus urgent besoin.
Dominique Labarrière
Dominique Labarrière est un écrivain. Ex enseignement de philosophie. Il mène ensuite parallèlement les activités de romancier et de journaliste, apportant sa collaboration à Ouest-France, Le Quotidien de Paris, Radio France.
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