La menace terroriste est toujours bien présente dans l’Hexagone. En l’espace de quelques mois, plusieurs attentats auraient ainsi été déjoués dans le pays tandis que les libérations de détenus islamistes inquiètent.
Au moins six attentats déjoués en France en quelques mois
Entre la rentrée masquée pour cause de Covid-19 et les turbulences médiatiques de ces derniers jours dans le sillage de l’affaire Danièle Obono, on en oublierait presque la menace terroriste pesant sur la France. Une menace, élevée, que s’est chargé de rappeler le procureur de la République antiterroriste Jean-François Ricard, à la tête du Parquet national antiterroriste (Pnat), au micro de franceinfo le 31 août.
L’homme a indiqué que « plusieurs attentats ont été déjoués, une demi-douzaine au moins » en France au cours des derniers mois. Et avance notamment une explication : « Nous savons, sans pouvoir vous donner plus de détails, qu’un certain nombre de ressortissants français sont, d’abord, libres, encore en Syrie et peuvent agir, soit ont passé la frontière entre la Syrie et la Turquie ».
Mais la menace ne provient pas uniquement de ces ressortissants français libres de leurs mouvements depuis le Moyen-Orient. Jean-François Ricard évoque aussi le cas d’individus d’autres nationalités, anciens membres de l’État islamique, qui « ont pu passer les frontières et rejoindre le territoire français et mettre en place de nouvelles structures ».
« Plusieurs attentats ont été déjoués, une demi-douzaine au moins » ces derniers mois, affirme Jean-François Ricard, le procureur de la République antiterroriste pic.twitter.com/cJrdt9xy7a
— franceinfo (@franceinfo) August 31, 2020
La menace des détenus islamistes remis en liberté
En outre, le procureur de la République antiterroriste redoute également la « menace endogène, qu’on pourrait qualifier de menace inspirée par l’idéologie islamiste ».
Par ailleurs, se pose aussi la question du suivi des individus libérés suite à des condamnations pour terrorisme. Or, ce traçage « ne peut pas être absolu » selon Jean-François Ricard. La faute à des moyens très en deçà des besoins réels pour une telle mission. De quoi conduire le procureur de la République antiterroriste à un certain fatalisme guère rassurant sur le plan sécuritaire : « Je crois qu’il faut être très réaliste. Si on veut un vrai suivi au quotidien, il faut un nombre considérable de personnes. Les services de renseignement, même considérablement renforcés au de ces dernières années, ne peuvent pas mettre en place ce suivi, sauf dans des cas exceptionnels ».
En valeur absolue, ce sont « environ une quarantaine » de personnes jugées et emprisonnées pour terrorisme en France qui « ont été remises en liberté » en 2019 aux dires de Jean-François Ricard. Un nombre en hausse pour 2020 et la prévision de « plus d’une soixantaine » de libérations en 2021… Il faut également ajouté à ces contingents les quelques 250 Français djihadistes détenus actuellement dans la zone irako-syrienne. Auxquels s’ajoutent à ces derniers environ 300 enfants bercés par l’islamisme radical.
Plus de 8 000 individus fichés
Dans ce contexte anxiogène quant au risque terroriste, un autre chiffre a été communiqué le 31 août, cette fois par le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin lors d’un déplacement au siège de la direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) : 8 132 individus sont inscrits au fichier des signalements pour la prévention de la radicalisation à caractère terroriste (FSPRT).
Accentuant même la mise en garde de Jean-François Ricard, le ministre de l’Intérieur à quant à lui parlé d’une menace terroriste qui « demeurait extrêmement élevée sur le territoire ». Précisant au passage que le « risque terroriste d’origine sunnite demeurait la principale menace à laquelle est confrontée » le pays.
Pour sa part, Gérald Darmanin a expliqué que cette menace endogène est « nourrie par la propagande des groupes terroristes, inspirée des vétérans du djihad ». Mais aussi par « l’emprise que les tenants d’un islam radical s’efforcent d’avoir dans certains de nos quartiers ». Des quartiers qui échappent de plus en plus au contrôle de l’État, tant sur le plan religieux que sécuritaire…
Afin de doter la France des moyens nécessaires pour affronter les risques terroristes liés aux djihadistes, le ministre de l’Intérieur a aussi évoqué l’augmentation des effectifs de la DGSI, avec le recrutement de « 1 260 agents dans tout le quinquennat ». La richesse d’une société multiculturelle a ainsi un coût. En vies humaines comme sur le plan financier.
AK
Crédit photo : DR (photo d’illustration)
[cc] Breizh-info.com, 2020, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine