Comme à Nantes depuis près de cinq ans, le trafic de drogue gangrène Saint-Nazaire, amenant son cortège de violences, extorsions, fusillades, déprédations… des quartiers entiers deviennent des zones de non-droit. A la Bouletterie, quartier particulièrement gangrené par l’économie souterraine, trois dealers arrêtés par 80 policiers le 28 juillet dernier ont été jugés ce 27 août. Leur interpellation a provoqué une série de fusillades (Plaisance, Petit-Caporal, gare) qui ont fait deux blessés et un mort.
Le deal était centré sur les n°23 et 25 rue des Frênes ; pour observer les trafiquants sans risquer des hommes, les forces de l’ordre ont placé deux caméras, dont une qui a été retrouvée par les dealers et détruite dans une cave… sous l’œil d’une seconde caméra. Lors des perquisitions, de fortes sommes d’argent liquide ont aussi été retrouvées – pas moins de 78.000 € chez l’un, 15.000 € chez l’autre.
Rien d’étonnant pour ce policier nantais, habitué aux grosses trouvailles de liquide dans les affaires similaires : « la drogue, ça rapporte beaucoup de liquide… qui est réinvesti pour en racheter d’autres. C’est comme le tabac, le dealer doit tout payer au cul du camion, y a pas de crédit ». Selon l’un des prévenus, cette somme appartiendrait à… son père, qui avait un restaurant. Qui n’a visiblement pas souffert du confinement et du coronavirus…
Le trafic se faisait dans les caves – un véritable supermarché, de 10€ le gramme de cannabis à 80€ le gramme de cocaïne, avec des prix affichés chaque jour sur un pannonceau. La drogue est stockée dans la tour, où les dealers forcent certains habitants à leur ouvrir leurs appartements pour y stocker et y conditionner la drogue… ou assurent la consommation courante de leurs fidèles clients.
Les prévenus ont été condamnés à 9 mois ferme (18 et 22 ans), et 6 mois ferme (23 ans), et interdits de paraître à la Bouletterie à l’issue de leur peine. Le père de l’un d’eux a pu récupérer « ses » 70.000 € en liquide.
Louis Moulin
Illustration : DR
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