Ci-dessous, nous relayons un point de vue, celui du mouvement de gauche indépendantiste bretonne Douar ha Frankiz (Terre et Liberté), qui multiplie les campagnes de collage actuellement sous la Bretagne, point de vue expliquant pourquoi la Bretagne a les moyens de son indépendance (un point de vue signé Alan et Ninnog pour le collectif).
La géographie comparée le montre.
Le culte de la France donne souvent l’idée que la Bretagne est un pays trop petit, dépendant,
périphérique, incapable de se débrouiller seul sans l’aide du voisin français.
Et pourtant, si on utilise les données couramment utilisées pour comparer entre eux les pays européens (PIB, population, superficie), les chiffres montrent le contraire.
Tout d’abord, le PIB par habitant·e·s.
La Bretagne tourne annuellement autour de 25 000 € par personne, ce qui est assez proche d’un grand Etat comme l’Espagne ou l’Italie ( 29 000 et 30 000€/personne), ou équivalent à la Catalogne ( 25 000 €/personne), et supérieur à un pays comme la Pologne ( 15 000 €/personne).
Ensuite, la population.
Notre pays compte presque 5 millions d’habitant·e·s, ce qui va être atteint d’ici peu car sa population continue d’augmenter.
En Europe on trouve des chiffres similaires pour des pays comme le Danemark ( 5,6 millions d’habitant·e·s ), ou la Norvège ( 5,3 millions ).
En population équivalente, il y a également la République d’Irlande, avec 4,7 millions d’habitant·e·s, ce qui ne comprend néanmoins pas l’Irlande du nord, pour l’instant toujours détachée du reste du pays.
On trouve également la Croatie avec 4,07 millions d’habitant·e·s, ou d’autres pays aux chiffres bien plus faibles, comme l’Estonie qui a 1,3 millions d’habitant·e·s, le Luxembourg avec une population composée de 602 000 personnes ou encore l’Islande avec seulement 364 000 habitants.
Comparons également la population bretonne avec les autres pays d’Europe de l’ouest dont les mouvements vers l’indépendance s’affirment. L’Écosse a par exemple une population aussi importante, avec 5,4 millions d’habitant·e·s, et la Catalogne, elle, est plus peuplée, avec 7,4 millions d’habitant·e·s.
En ce qui concerne le Pays Basque ou la Corse les populations sont
néanmoins moins importantes, 2,5 millions pour les Basques, 339 000 pour les Corses.
Abordons un dernier critère généralement utilisé pour comparer les pays, celui de la superficie.
La Bretagne est un pays assez vaste qui s’étale sur 34 000 kilomètres carrés (27 200 km² pour la région administrative et 6 800 km² pour la Loire Atlantique).
Légèrement plus étendu que la Bretagne, on trouve en Europe les Pays Bas (41 000
km²) et la Suisse, elle aussi de 41 000 km². Autre pays à la superficie très proche de celle de la
Bretagne, le Danemark s’étend sur 42 000 km².
Plus petit que la Bretagne, citons la Belgique (30 000 km²), la Slovénie (20 000 km²), ou des
très petits États comme Malte : 316 km².
Continuons notre comparaison avec les pays indépendantistes déjà cités précédemment. Seule l’Écosse est plus vaste que les autres, avec 80 000 km² de superficie. La Catalogne est comparable à
la Bretagne avec 32 000 km², le Pays Basque plus petit avec 23 000 km², et la Corse est un peu plus
grande qu’un département breton, avec 8 000 km².
La Bretagne a les moyens de son indépendance (Partie2)
La Bretagne, tant au niveau de son PIB que de sa population et de sa superficie, est comparable à d’autres pays européens et a complètement sa place en tant que nation indépendante. La question de l’indépendance ne se règle donc pas en se demandant si elle est possible ou non, mais si nous la souhaitons ou pas.
Ce n’est pas une question de chiffres, mais de volonté politique. N’ayons pas
peur de penser une Bretagne libre capable de se débrouiller sans la France, et nous n’en doutons pas, capable de faire mieux qu’elle.
Les mouvements d’indépendance ont toujours marqué l’histoire moderne et ne se sont jamais arrêtés. C’est une histoire peu diffusée que l’on peut mettre en parallèles avec d’autres faits qui restent bien connus dans les mémoires de « l’histoire de France ».
L’histoire retient toujours le point de vue des dominants, et, en France, les idées d’indépendance sont encore et toujours à bannir.
Pour penser la Bretagne libre de demain, il est bon de se remémorer que de nombreux pays que nous connaissons bien ont pu accéder à l’indépendance jusque des temps pas si anciens.
Quand la France était sur le point de plonger dans la Révolution, les États Unis proclament leur indépendance, en 1776.
En 1804 le Code civil est promulgué et Haïti devient indépendante, ainsi que la première
république noire de l’histoire, construite suite à une guerre d’indépendance victorieuse
contre la France.
En 1816, alors que Napoléon Bonaparte, le grand tyran français adulé par l’histoire nationale, est interné à Saint Hélène, l’Argentine devient indépendante.
En 1867, quand l’Empereur Napoléon III inaugure l’exposition universelle à Paris, le Canada devient indépendant.
Pendant que la loi de 1901 autorise en France le droit de créer des associations, l’Australie
devient indépendante.
En 1905, quand en France, on sépare l’Église et l’État, la Norvège devient indépendante.
En 1917, pendant que la France envoie par milliers des pauvres gens se faire massacrer dans les tranchées de Verdun, la Finlande devient indépendante.
En 1919, la France commence à humilier l’Allemagne par le traité de Versailles, ce qui
produit le terreau de l’instabilité politique et économique allemande de l’Entre-deux-guerres, puis la montée du nazisme. Pendant ce temps, l’Afghanistan inflige une défaite militaire à
l’Angleterre et devient indépendant.
En 1922, la bourgeoisie française se presse à l’exposition coloniale de Marseille. Dans le même temps, l’Irlande devient indépendante après deux années de guerre, où l’Europe entière a laissé le peuple irlandais seul face à la répression sanglante de l’Angleterre.
Dans l’année 1947, en France, de Gaulle lance son mouvement politique – le RPF
(Rassemblement du Peuple Français), Christian Dior présente sa première collection de haute couture, et à l’autre bout du monde, l’Inde devient indépendante.
En 1962, de Gaulle annonce la tenue d’un référendum pour élire le président de la République au suffrage universel direct, Jacques Mesrine est incarcéré pour la première fois, la magazine Salut les copains fait son apparition, et l’Algérie devient indépendante.
En 1975, Citroën sort son célèbre modèle de la DS et le jeune président Valéry Giscard d’Estaing assouplit la loi sur le divorce par consentement mutuel. En Afrique, le Mozambique et l’Angola font partie des derniers pays de la vague de décolonisation à accéder à l’indépendance.
En 1991, le plan Vigipirate est mis en route en France pour la première fois, le chanteur Serge
Gainsbourg décède et Édith Cresson devient la première femme premier ministre de la République.
Pendant ce temps en Europe, la Lituanie, l’Estonie et la Lettonie deviennent indépendantes.
2014, pour la première fois de son histoire, l’Ecosse peut s’exprimer dans un référendum pour l’indépendance.
2017, la Catalogne fait de même malgré une répression policière et judiciaire inédite.
Les indépendances ne sont pas des bifurcations, des moments où l’histoire moderne fait un écart.
Au contraire, elles façonnent l’histoire mondiale depuis plusieurs siècles et ces phénomènes sont loins d’être terminés. Demain, ce sera le tour de l’ Ecosse, de la Catalogne, du Pays de Galles, de la Corse, de la Bretagne bien sur, et de bien d’autres encore.
Crédit photo : DR (photo d’illustration)
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2 réponses à “Point de vue. La Bretagne a les moyens de son indépendance”
Du grand n’importe quoi de l’extrème gauche, quand bien même fût-elle de Bretagne!!
Il faudrait comptabiliser les Bretons, car en Bretagne, il y a au moins 25 % de la population qui est bien loin de revendiquer son appartenance à la france donc encore moins à la Bretagne.
Hormis la faisabilite politique.
Le Danemark presente toute les caracteristiques de la Bretagne, y compris une peninsule. Les etudes publient que les Danois sont parmi les plus heureux du monde et la France est en bas du classement.
Le Danemark n est pas dans l euro.