Un maire peut jouer un grand rôle dans sa ville. il a du pain sur la planche. Non seulement les occupations sont quotidiennes, mais encore il fait figure de chef d’entreprise. Tandis qu’un député de base – surtout s’il appartient à l’opposition – risque de s’ennuyer au Palais Bourbon. C’est peut-être ce qui a incité Gilles Lurton (LR) à abandonner son mandat de député pour devenir maire de Saint-Malo.
Situation curieuse à Saint-Malo. En 2012, Gilles Lurton (LR) est élu député au second tour, battant Isabelle Thomas (PS) de justesse avec 51,04% des suffrages exprimés. En 2017, il est réélu au second tour (18 juin), battant facilement la candidate LREM (56,21% / 43,79 %). Bien qu’ayant son casse-croûte assuré au Palais-Bourbon jusqu’en juin 2022, il prend la direction d’une liste aux élections municipales à Saint-Malo. Au premier tour (15 mars), « Saint-Malo notre lien » obtient 47,42% des voix et devance de très loin les six autres listes. Au second tour (28 juin), il écrase la liste centriste (70,70%/29,30%).
Voilà donc Gilles Lurton à la fois maire et député de Saint-Malo. Ce que n’autorise pas la loi organique interdisant le cumul de fonctions exécutives avec un mandat parlementaire (14 février 2014). Article 1 : « Le mandat de député est incompatible avec les fonctions de maire, de maire d’arrondissement, de maire délégué et d’adjoint au maire. »
« Si je suis élu, je siégerai à la mairie et je quitterai le poste de député », avait affirmé l’intéressé avant le second tour (Ouest-France, Ille-et-Vilaine, mardi 26 mai 2020). Mais les choses vont se compliquer. Certes son suppléant, Jean-Luc Bourgeaux, maire de Cherrueix, réélu pour un quatrième mandat, hérite du job. Mais lui aussi est concerné par la loi sur le cumul des mandats puisqu’il possède deux mandats exécutifs (maire de Cherrueix et vice-président d’une communauté de communes). Deux hypothèses se présentes donc. Ou bien Bourgeaux refuse de devenir député et il conserve ses fonctions exécutives, ou bien il accepte d’aller siéger à l’Assemblée nationale et il est contraint d’abandonner son poste de maire pour devenir simple conseiller municipal. Dans le premier cas, on aurait droit à une campagne électorale en septembre et à deux tours de scrutin en octobre.
Gilles Lurton apparaît comme un élu détenant une forte assise populaire. On avait aussi remarqué que lors de son dernier « pot républicain » (14 juillet 2019), il avait réuni 1300 personnes (Le Pays malouin, 18 juillet 2019). Esprit indépendant, il n’avait pas voté la ratification du traité de libre-échange entre la France et le Canada. Et il appartient à l’opposition puisqu’il a voté « contre » la déclaration de politique générale du gouvernement de Jean Castex (15 juillet 2020).
Bernard Morvan
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