« Néandertal n’était ni inférieur, ni supérieur à l’homme moderne, il était différent » : Marylène Patou-Mathis, commissaire de l’exposition sur Néandertal présentée au Muséum d’histoire naturelle de Nantes, a tenu à afficher cet avertissement dès l’entrée. La suite de l’exposition s’attache pourtant à démontrer que, non, « notre cousin » l’homme de Néandertal n’était pas si différent de l’homme moderne, au fond : « un grand chasseur, un habile artisan, un être social animé de pensées symboliques, veillant sur ses proches et enterrant ses morts ».
L’exposition reprend une partie de celle présentée en 2018 au Musée de l’Homme à Paris. Elle met en valeur le régional de l’étape, à savoir le site angevin de Roc-en-Pail, à Chalonnes-sur-Loire. Repéré dès 1945, il a acquis une importance majeure pour les archéologues voici quelques années, quand on y a retrouvé des restes d’un Néandertalien d’il y a 45 000 ans. Aucun site analogue n’est connu à ce jour en Bretagne. Au Sud de l’île de Jersey, en revanche, le site de La Cotte Saint-Brelade a été abondamment exploré.
De présentation très simple, l’exposition du Muséum de Nantes obéit a une vocation pédagogique affirmée. Une petite vitrine montre même les outils d’un archéologue : c’est dire qu’on s’adresse même au public le plus élémentaire. Les pièces présentées, copies ou vestiges authentiques, sont choisies pour leur représentativité. Les textes des cartels sont sobres et resserrés sur l’essentiel. Peut-être même un peu trop, à l’occasion. Comme ce commentaire à propos du cannibalisme : « Non seulement il n’enlève rien à l’humanité de Néandertal mais il en est une affirmation ».
Un peu de storytelling pour ne pas laisser le visiteur sur sa faim
L’exposition situe les Néandertaliens dans le temps et l’espace, et montre les aspects essentiels de leur existence reconstitués d’après les vestiges archéologiques. Non sans un peu de storytelling, mais c’est un classique du genre : l’imagination ne demande qu’à combler les trous des connaissances. Ainsi, quelques lignes tracées sur la paroi d’une grotte de Gibraltar « confirment que l’expression artistique n’était pas réservée à Sapiens ». Une généralisation audacieuse, à partir d’un indice unique, pour une espèce qui a occupé une grande partie de l’Europe et du Proche-Orient pendant au moins 350 000 ans.
Le Muséum expose même l’effigie grandeur nature d’une « Néandertalienne » en costume d’aujourd’hui : pas très sexy, mais sympa. Et surtout, de quoi amuser les visiteurs qui ne se satisferaient pas d’ossements et de pierres taillées. Les visiteurs moins « premier degré » s’attarderont plutôt avec émotion devant les crânes authentiques d’un enfant et d’une jeune fille qui ont vécu dans les Charentes voici quelques dizaines de milliers d’années.
« Tous métis ? » se demande le Muséum. C’est une figure imposée, quasi rituelle, des expositions consacrée à cette espèce disparue. « Néandertal et Sapiens se sont rencontrés au Proche-Orient et en Europe et ont donné naissance à des enfants ». Selon des paléogénéticiens, entre 1 et 4 % du génome des Européens actuels proviendrait des Néandertaliens. À la suite de relations sexuelles consenties ou pas ? On n’en sait rien, bien entendu. Le musée omet d’ajouter que cet éventuel métissage est l’une des hypothèses les plus sérieuses pouvant expliquer la disparition des Néandertaliens. Les produits des croisements entre espèces sont le plus souvent stériles. Il est donc possible que la natalité de Néandertal se soit effondrée. Ce qui aurait facilité son grand remplacement par notre ancêtre direct, Sapiens.
E.F.
Muséum d’histoire naturelle
Square Louis-Bureau, 44000 Nantes.
Jusqu’au 8 mars 2021. Ouvert tous les jours sauf mardi de 10h00 à 18h00 (tlj de 10h00 à 19h00 jusqu’au 31 août).
Plein tarif : 4 €. Tarif réduit : 2 €. Gratuit –18 ans.
Illustration : vitrine de l’exposition, DR.
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