Philippe Grosvalet (PS), président du conseil départemental de Loire-Atlantique, se veut breton dès qu’il s’agit de vélo. Mais pas question d’accepter la réunification, il est pour le « grand ouest ». Pour le Tour de France 2021, il milite en faveur d’une étape à Saint-Nazaire puisque, à l’entendre, la Loire Atlantique est « bretonne »…
Le Tour de France 2021 partira donc de Brest le 23 juin. « Il y aura quatre étapes en Bretagne (…) Quatre étapes 100% bretonnes, avec évidemment les quatre départements et un équilibre nécessaire », assure Christian Prud’homme, le directeur du Tour de France. De son côté, Loïg Chesnais-Girard, président de la région Bretagne, précise : « L’assurance, c’est que nous aurons le Grand Départ de Brest et trois autres départs. Et quatre arrivées (…). Tout cumulé, ce seront huit jours de fête » (Ouest-France, Sports, mardi 11 août 2020). On peut évidemment lui reprocher d’être insuffisamment précis sur le financement : « Grosso modo, la Région participe pour 40 %, les Départements pour 30 % et les Villes pour 20 %. ». Initialement, la direction du Tour avait prévu que ce « Grand Départ » aurait lieu à Rennes. Mais les élus écolos rennais s’y sont opposés avec deux arguments : d’abord cette épreuve n’est pas respectueuse de l’environnement, ensuite son coût élevé pour la Ville (Ouest-France, Sports, lundi 10 août 2020). « Sur Facebook, [le premier adjoint Marc Hervé] a expliqué par le coût du Grand Départ (700 000 euros) avait été jugé rédhibitoire. « Nous avons collectivement préféré la prudence et la raison », a-t-il justifié » (Le Télégramme, Bretagne, samedi 15 août 2020)
Le comportement des écolos apparait bizarre puisque ce sont des adeptes du vélo. Valérie Faucheux, co-présidente du groupe des élus écologistes au conseil municipal de Rennes et adjointe aux mobilités avait critiqué « la gestion catastrophique des déchets pas le Tour de France ». Elle avait même ajouté : « C’est une course qui a eu son temps, mais qui peine à se renouveler ». Dans une réaction musclée, Bernard Hinault – quintuple vainqueur du Tour de France – a massacré la dame Faucheux : « Elle parle d’évènement du passé, c’est peut-être elle qui est du passé. Elle est écologiste, non ? Il faudrait qu’elle regarde ce qu’elle met à ses pieds. Elle pollue peut-être plus la terre que n’importe quelle personne à vélo. Ça me met en colère parce qu’on ne peut pas dire que le cyclisme est quelque chose d’arriéré. Elle ferait mieux de réfléchir avant de l’ouvrir. » (Ouest-France, Sports, mardi 11 août 2020). Valérie Faucheux démarre mal son mandat.
Evidemment, Loîg Chesnais-Girard ne peut s’intéresser qu’aux quatre départements de la Bretagne administrative. Quid de la loire-Atlantique ? Réaction immédiate de Philippe Grosvalet (PS), président du conseil départemental de Loire-Atlantique dès qu’il apprend que le « Grand départ » s’effectue à Brest : « Dès l’instant, j’ai adressé un texte à Christian Prud’homme, le directeur du Tour de France. Je lui ai dit que la Loire-Atlantique était bretonne et que la proposition que nous lui avions faite avec David Samzun, de recevoir le Tour de France à Saint-Nazaire tenait toujours. » (Presse-Océan, mercredi 12 août 2020). Quand à David Samzun (PS), maire de Saint-Nazaire, il n’est pas du tout sur la même longueur que les écolos rennais : « Si, pour l’heure, nous n’en sommes qu’à l’acte de candidature, je verrais bien Saint-Nazaire comme une ville d’arrivée d’une étape. C’est plus sympa ! ». Car, pour lui, nous avons affaire à un évènement « sportif, gratuit et populaire ». Il y voit également un bon « moyen de communiquer sur le virage que fait la commune vers le vélo » (Ouest-France, Saint-Nazaire, vendredi 14 août 2020)
Bien entendu, le personnage le plus tordu de l’affaire, c’est bien Philippe Grosvalet qui se souvient subitement que la Loire-Atlantique est « bretonne », alors qu’il s’est toujours opposé à la réunification. Et lorsque la question est arrivée sur le tapis dans son assemblée, il s’est arrangé pour torpiller l’opération. On se souvient du rejet du droit d’option (lundi 17 décembre 2018). A coup sûr, Grosvalet aura besoin d’un coup de main de Chesnais-Girard pour que le Tour fasse étape à Saint-Nazaire, ce dernier pourrait en profiter pour poser des conditions. En bon politicien, Grosvalet peut très bien effectuer un rétropédalage de belle facture sur la question de la réunification. Puisque, selon lui, la Loire-Atlantique est « bretonne », la logique veut qu’elle réintègre la Bretagne… Et le port de Saint-Nazaire deviendrait ainsi le plus important de Bretagne.
Bernard Morvan
Crédit photo : DR (photo d’illustration)
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