Confinement, isolement…Plus de 41% des Bretons plébiscitent les rencontres en ligne

D’après l’étude « Find Your Tribe » de Kaspersky menée pendant la crise du coronavirus, l’intérêt porté aux nouvelles technologies et aux réseaux sociaux est très variable selon les régions françaises. Ce rapport différent aux nouvelles technologies transparaît notamment lorsqu’il s’agit de rencontres virtuelles : l’étude met en valeur une scission entre la France dite du « Nord », ultra-connectée et en quête de nouvelles amitiés grâce à Internet et celle du « Sud », plus ancrée dans la réalité et les relations humaines du quotidien.

Nord vs Sud : des positions très divergentes sur les nouvelles technologies

L’étude Kaspersky essaie de comprendre le rôle de la technologie dans la socialisation des français, et à ce sujet, deux univers s’opposent avec d’un côté le Nord de la France, notamment menée par les régions Hauts-de-France, Ile-de-France ou encore Grand Est et de l’autre, le Sud de la France, notamment composée de la Nouvelle-Aquitaine, de l’Occitanie et de la région PACA. Le nombre de personnes interrogées admettant préférer les amis en ligne plutôt que les amis « dans le monde réel » est particulièrement important dans les régions du Nord, et plus particulièrement les Hauts-de-France (21,1 %) et l’Ile-de-France (17,9 %), quand la moyenne dans les régions du Sud est à 11,7 %, avec un pourcentage de répondants partageant cette opinion très bas en Nouvelle-Aquitaine (7,5 %).

Les Hauts-de-France apparaissent dans l’étude comme la région la plus attachée aux nouvelles technologies, et surtout la plus accro aux réseaux sociaux. Se faire des amis virtuellement permet à près de la moitié des répondants de la région (45,3 %) d’être plus à l’aise que lors de rencontres « réelles ». En Bretagne ce chiffre est de 41,5%, nettement en dessus de la moyenne française (35%). Lors du confinement, elle a d’ailleurs été le remède n°1 à la solitude : 67,4 % des répondants s’accordent sur cette idée quand la moyenne française est de 53,7 %.

En France, 16,1 % des répondants ressentent une plus forte connexion émotionnelle avec leurs amis virtuels plutôt qu’avec leurs amis réels. C’est une fois encore un sentiment plus fort dans les Hauts-de-France (21,1 %) et l’Ile-de-France (21,6 %) et qui perd près de 5 points en Occitanie (11,3 %) et en Nouvelle-Aquitaine (11,8 %).

Un été à l’ombre des réseaux sociaux : mythe ou réalité ?

Sans surprise, cet été, qui plus est, à la suite de la longue période de confinement du printemps, les Français ont envie de prendre leur distance avec les nouvelles technologies, pour profiter de ces libertés retrouvées et même entamer une forme de digital detox. Très en vogue ces dernières années, elle a fait la Une de nombreux médias et a été un sujet longuement évoqué sur les réseaux sociaux, par les influenceurs notamment.

Malgré tout, les Français sont près de 39,6 % à s’accorder pour dire que leur utilisation des nouvelles technologies sera plus intense suite à la crise, et qu’il sera donc plus difficile de retourner à une « utilisation plus traditionnelle ». Un sentiment partagé par 46,3 % des répondants dans les Hauts-de-France et 41,1 % en Ile-de-France mais qui est, par exemple, partagé par moins d’un quart des répondants bretons (24,5 %).

D’après Christine Castelain-Meunier, sociologue au CNRS, à l’EHESS, « L’envie de retrouver le contact humain est très forte, ainsi que de prendre du recul avec la technologie. Certes les réseaux sociaux ont joué un rôle de défouloir, d’exutoire, fort important pendant la crise… Mais cette fonction disparaît avec la sortie du confinement, faisant éclater cette sorte de bulle pendant les vacances, avec la dispersion de chacun qui par « ailleurs », se tourne vers d’autres horizons. Avec une intensité et une appétence d’autant plus grande à la suite du confinement, que l’été est associé à la reprise de contact avec le corps, l’authenticité, le renouvellement des liens… 

La digital detox est encore très tendance cette année. Mais si la sortie du confinement est une libération, c’est aussi une réadaptation… Et cela peut être anxiogène. Le temps de la solidarité disparaît, et ceux qui se sentent de nouveau isolés ont besoin de retrouver des échanges, des liens, par le biais des réseaux sociaux. Les retrouvailles avec soi-même, attendues par les uns en vacances, sont difficiles pour les autres, ceux qui ont peu à partager avec la famille, les amis, ou ceux qui se sentent enfermés dans une bulle de solitude, déjà éloignés des autres. Et le sentiment de solitude, de vacuité, peut augmenter par comparaison avec les autres qui se mettent en scène et montrent leur joie de vivre sur les réseaux sociaux. Cela peut générer frustration et envie, et augmenter les attentes d’échanges sur les réseaux sociaux et de mise en scène de soi. »

Crédit photo : DR (photo d’illustration)
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