Une étude de l’association Plan International publiée il y a quelques jours montre que les femmes et les filles ne se sentent pas en sécurité dans les principales villes d’Allemagne. Pis, un répondant sur cinq a déjà été harcelé ou agressé sexuellement.
De janvier à mars 2020, 940 filles et femmes de 16 à 71 ans ont été interrogées par l’association ; sur des cartes interactives de Berlin, Hambourg, Cologne et Munich elles devaient placer des épingles pour indiquer les endroits qu’elles jugeaient sûrs ou pas. D’après les données de l’enquête, 54% des femmes qui ont répondu à l’enquête ne se sentent pas en sécurité dans les rues, 19% dans les transports publics, 18% dans les espaces verts.
Les filles et les femmes se sentent en danger à la gare principale et sur la Reeperbahn, principale avenue du quartier (d’extrême-gauche) Sankt-Pauli ; à Cologne, les principales épingles qui marquent des lieux dangereux ont été placées dans le centre-ville, notamment à Neumarkt. A Berlin, ce sont des lieux touristiques tels que l’Alexanderplatz ou Friedrichshain qui sont visés. A Munich enfin, ce sont les parcs qui ont été jugés dangereux par les filles et femmes interrogées dans l’étude.
Cette étude, comme beaucoup d’autres, établit les symptômes mais pas les causes. Plutôt que de s’appesantir sur celles-ci – et en arriver à la conclusion, élevée par divers riverains des lieux concernés, qu’il s’agit d’endroits fréquentés par des bandes de migrants majeurs, souvent de sexe masculin et pas toujours en situation régulière, mais convaincus de leur impunité, l’étude préfère en revenir aux « stéréotypes de genre ».
« Il est tout aussi important que nous changions les rôles de genre que de nombreux garçons et hommes suggèrent encore que c’est complètement est normal d’agresser les femmes », a ainsi déclaré, sans rire, Maike Röttger, directrice de l’ONG Plan International. « Notre enquête a clairement montré que les filles et les jeunes femmes sont quotidiennement harcelées, persécutées, menacées et insultées sexuellement, même dans les grandes villes allemandes », a-t-elle poursuivi.
L’évaluation des données a aussi montré qu’une femme ou fille sur cinq, parmi celles qui ont répondu à l’enquête, ont déjà été victimes de violence, de harcèlement ou de menaces dans l’espace public. La parole des personnes qui ont répondu à l’enquête étant filtrée par la presse et la direction de l’association, on ne saura qu’elles ne réclament que des mesures d’urbanisme, comme l’amélioration de l’éclairage dans les parcs.
Pourtant, dans l’espace public notamment, nombre d’agressions ont lieu dans des endroits bien éclairés, le phénomène de bande et le sentiment d’impunité étant bien plus fort que les aménagements urbains, quelle que soit leur qualité.
Louis-Benoît Greffe
Crédit photo : DR (photo d’illustration)
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