Avec le déconfinement, la consommation des ménages français n’a pas bondi pour autant. Ces derniers ont ainsi préféré jouer la carte de l’épargne dans un contexte à venir qui est des plus incertains.
Des ménages limitant leur consommation
Dans quel état d’esprit économique se trouvent les Français en cet été 2020 ? Plutôt cigales ou fourmis ? Des récents chiffres publiés par l’Insee indiquent que les dépenses de consommation des ménages ont augmenté, en juin, de 2,3 % par rapport au mois de février. Mais cette hausse est à mettre en perspective avec le contexte du printemps : il s’agit là davantage d’un retour à la normale suite à la baisse observée entre février et mai (-7,5 %) que d’une réelle progression de cette consommation.
Si la levée du confinement pouvait laisser espérer aux commerçants une ruée dans leurs boutiques de la part des Français afin de dépenser les deniers accumulés durant la période, les choses ont donc pris une tournure différente. En témoignent notamment les soldes d’été dont les résultats sont assez mitigés.
Après un mois d’avril catastrophique, la consommation avait toutefois connu un fort rebond en mai (+37 %) mais la tendance ne s’est pas prolongée avec la même euphorie par la suite… Mais, d’une manière logique, c’est donc l’épargne des Français qui profite donc de cette tendance à limiter ses dépenses.
Des comptes bancaires regonflés
Avec le confinement, les comptes bancaires des ménages sont, eux aussi, restés à l’abri : de 75 à 100 milliards d’euros auraient ainsi été épargnés durant la période en France selon les différentes estimations. À tel point que cette épargne aurait atteint des niveaux records selon le groupe bancaire BPCE (organe central commun à la Banque populaire et à la Caisse d’épargne française) puisque le taux d’épargne moyen des ménages (l’ensemble des revenus non-consommés après paiement des impôts), avoisinant habituellement les 14 % depuis quelques années, a explosé pour atteindre 28 % au second trimestre 2020.
Mais, là où certains ne voyaient qu’une tendance temporaire compte tenu des freins à la consommation occasionnés par le Covid-19, c’est en fait un phénomène à moyen voire long terme qui semble se dessiner. BPCE prévoit ainsi un taux d’épargne moyen de 22 % sur l’ensemble de l’année 2020. Et les perspectives pour 2021 indiquent un taux similaire.
L’épargne face à la peur ?
Comment expliquer ce goût retrouvé pour l’épargne de la part des Français ? Ces économies de « précaution », outre qu’elles ont permis à certains ménages de se désendetter, est aussi un marqueur des incertitudes et des craintes quant à l’avenir. Car, si l’hypothèse d’une deuxième vague à l’automne a été entretenue tout l’été dans les médias (à juste titre ou non, il est encore trop tôt pour le dire), l’éventualité d’une crise économique majeure à venir est, elle aussi, bien présente dans les esprits.
En conséquences de quoi, le fait d’épargner n’a rien de surprenant selon l’économiste Philippe Crevel dans la Lettre de l’épargne : « Depuis vingt ans, à chaque crise, les ménages augmentent leurs dépôts bancaires ». Enfin, le recul de la consommation est aussi alimenté par la crainte d’une hausse du chômage, avec un taux qui pourrait atteindre les 12 % d’ici à la fin de l’année.
Une équation qui s’annonce difficile à résoudre pour les pouvoirs publics tablant sur une reprise économique, risquant d’être compromise faute de consommation de la part des ménages et d’investissements de la part des entreprises. En revanche, ces apports de liquidités sont une bonne nouvelle pour les banques qui disposent là d’une ressource peu coûteuse et relativement stable.
Crédit photo : DR (photo d’illustration)
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