Les salariés d’EARTA se lancent dans une « HandiMarche » vers l’Élysée pour sauver leurs emplois

Depuis lundi 17 août, Didier Rio, à la tête d’EARTA, et ses salariés en situation de handicap, ont décidé de lancer les « HandiMarcheurs » pour atteindre l’Élysée le 31 août. En partant de Nantes et en faisant étape dans plusieurs villes de France, les salariés d’EARTA veulent interpeller les pouvoirs publics qui accompagnent France messagerie (dont le capital est de 1 000 euros) avec plus de 120 millions d’euros.

Au regard de la situation d’EARTA qui, malgré les rassemblements et les interpellations d’élus, n’a pas évolué depuis l’annonce de la reprise de Presstalis par France Messagerie et de la restructuration opaque des mandats. Didier Rio et ses 250 salariés, dont 220 en situation de handicap, ont décidé d’aller interpeller directement le chef de l’État, Emmanuel Macron, pour qu’il leur signifie avec transparence les décisions qu’il a acceptées ou prises consciemment.

Pour rappel : Mercredi 1er juillet 2020, par l’effet d’un plan de cession, Presstalis – en redressement judiciaire depuis le 15 mai dernier – a cédé la place à une nouvelle entité : France Messagerie. Jusqu’alors prestataire de la SAD, filiale de Presstalis, EARTA assurait la gestion en région de la reprise des invendus de la presse, activité assurant 30 % de son chiffre d’affaires. La liquidation de la SAD lui a donné la possibilité de candidater pour obtenir le statut de mandataire dépositaire pour Nantes, Rennes, Tours et Le Mans, démarche sécurisante pour l’avenir de ses salariés. Sa candidature a été rejetée, sans explication rationnelle

220 travailleurs handicapés potentiellement au chômage :« Un drame annoncé »

« La perte de leur emploi va être catastrophique humainement alors même que depuis des années ils ont toujours été, malgré leurs difficultés, au niveau et très souvent surprenants. C’est une réelle catastrophe » s’insurge Didier Rio, Gérant d’EARTA. Ce que dénonce aujourd’hui ce chef d’entreprise engagé, ce sont les fausses assurances qui lui ont été données lui cachant l’issue fatale programmée : « Malgré des volumes incertains à venir, on nous assurait oralement, il y a encore quelques jours, du maintien de l’activité sur laquelle se fonde EARTA, à savoir la récupération et le tri des invendus en région, sans modification de notre périmètre géographique. Or, après des discussions qui paraissaient constructives pour une solution a minima, nous venons d’apprendre que la nouvelle gestion des flux retours en régions sera finalement internalisée par France Messagerie et/ou par son confrère MLP (Messageries Lyonnaises de Presse), ce qui induit la mort brutale d’EARTA ». Didier Rio est abasourdi et écœuré de la tournure des choses. « Nous nous battons pour maintenir les emplois de travailleurs handicapés depuis des semaines, en proposant même de nouveaux services tels que la sous-traitance type stockages, si de tels besoins venaient à s’exprimer. Nous disposons des compétences et de la réactivité nécessaires pour assurer les prestations.

« Pourtant, en dépit de notre efficacité déjà prouvée depuis des années, il semble que ni le sort, ni les aptitudes de nos 250 salariés ne soient finalement pris en considération par France Messagerie. C’est un problème économique pour certains mais, pour moi, c’est avant tout un drame humain car mes 250 collaborateurs, spécialement les 220 personnes en situation de handicap, auront forcément de grandes difficultés à retrouver un emploi » poursuit Didier Rio.

EARTA : un savoir-faire solidaire reconnu mais fragilisé

EARTA est une entreprise adaptée qui emploie 250 salariés sur les sites du Mans et de Voivres. La gestion des flux retours de presse (les invendus) constitue près d’un tiers de son chiffre d’affaires (7 M€). Créée en 2001, elle peut aujourd’hui compter sur l’engagement de travailleurs en situation de handicap, souvent victimes de traumatismes crâniens ayant entrainé une incapacité partielle de travail en milieu classique. A Voivres et au Mans, elles réceptionnent, trient et reconditionnent une partie des magazines et journaux invendus et préparent l’autre partie au recyclage. « Enthousiastes et d’un sérieux remarquable, ce sont des équipes solidement attachées à leur métier » souligne Didier Rio. « Le placement en conciliation d’EARTA consécutivement à la liquidation judiciaire prononcée de la SAD était déjà fragilisant pour nos équipes qui sont fébriles depuis. Nous faisions confiance à nos interlocuteurs, notamment le repreneur de PRESTALIS devenu France Messagerie, qui aujourd’hui nous trahissent et plongent EARTA dans l’incertitude la plus totale. Nous réclamons de la transparence et des solutions concrêtes » conclut Didier Rio

Crédit photo : DR 
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