Le dernier tome de la série Les Grandes Batailles navales, consacré à la défaite de La Hougue, se déroule en partie à Brest. Une fois de plus, Jean-Yves Delitte nous offre une magnifique reconstitution historique.
Rade de Brest, le 26 mars 1692. Une partie de la flotte française est au mouillage. Le Royaume de France est en guerre contre l’Espagne, le Portugal, le Saint-empire, les Provinces- Unies, l’Angleterre et la Suède. Un messager du roi Louis XIV apporte à l’Amiral Tourville un courrier secret de la plus haute importance. Il lui demande de se préparer à combattre contre la flotte anglaise, sans attendre la flotte du Levant qui devait venir le renforcer. Bien qu’il commande la flotte, Tourville ne décide pas lui-même de la stratégie. La volonté du roi est d’installer sur le trône anglais Jacques II Stuart, un souverain anglican converti au catholicisme, dans l’espoir d’en faire un allié bienveillant à la couronne de France. Couler la flotte anglaise permettrait de débarquer en Angleterre.
Mais cette stratégie passe au-dessus de la tête des matelots. Sur le vaisseau amiral Soleil royal, deux d’entre eux s’interrogent. Philippe, officier de détail, qui voit bien qu’on charge depuis des semaines sur le navire des vivres et de la poudre en grande quantité. Henri de Rantot, à qui on va confier le commandement d’une frégate, sait que le roi aime trop la guerre pour se satisfaire de la paix.
Le 12 mai, la flotte de Tourville quitte Brest. Le 29 mai, elle se dirige vers la Hougue, pour embarquer l’armée de Jacques II. Mais Tourville n’est pas prévenu à temps que la flotte anglo-hollandaise, au large du Cotentin, lui est supérieure. La Royale, composée de 44 vaisseaux, affronte une flotte de 90 bâtiments anglais et hollandais. A Barfleur, au terme d’une première journée de combat, malgré son infériorité numérique, la flotte de Tourville coule deux navires de la flotte ennemie sans subir aucune perte. Tourville espère que sa flotte parviendra à se réfugier à Brest. Mais à La Hougue, les anglo-hollandais reviennent combattre. Le repli français vers les côtes normandes est tragique. Le 1er juin, plusieurs navires français, dont le vaisseau amiral Soleil royal, s’échouent à Cherbourg.
Avec cette nouvelle collection éditée par Glénat, Jean-Yves Delitte nous plonge au coeur des plus grandes batailles navales de l’histoire, de l’Antiquité à la Seconde Guerre Mondiale. Chaque album, réalisé par un dessinateur différent et prolongé par un cahier pédagogique, décrit une bataille vécue à hauteur d’homme. C’est pourquoi les principaux protagonistes sont des personnages de second rang. On découvre ainsi l’angoisse du marin avant chaque bataille. Sont pour l’instant publiés les albums Chesapeake, Trafalgar, Jutland, Lépante, Tsushima, Hampton Road, Stamford Bridge, Midway, Texel : Jean Bart, Salamine, No Ryang, Le Bismarck, Actium, La Hougue.
Peintre officiel de la Marine, Jean-Yves Delitte a débuté dans Le journal de Tintin en 1984. Après avoir narré les péripéties du trois-mâts « Le Belem » et les aventures du corsaire amérindien « Black Crow », il avait imaginé une uchronie au sujet d’un « U-Boot ».
Jean-Yves Delitte trouve le juste milieu entre le livre d’histoire et le récit d’aventures. Il rappelle que, depuis 1688, dans le cadre de la Guerre de la Ligue d’Augsbourg, la France lutte contre la Monarchie Espagnole, le Saint Empire, le royaume de Suède, le Royaume du Portugal, les Provinces-Unies, les Royaumes d’Angleterre et d’Écosse. Sur le plan stratégique, par un plan audacieux, Louis XIV décide d’apporter son aide au Roi catholique déchu James II pour reprendre le trône d’Angleterre. Si l’affrontement s’était limité à celui de Barfleur, les français auraient pu prétendre à la victoire…
Jean-Yves Delitte recherche vraiment à respecter l’Histoire. Qu’on ne lui demande pas d’obéir à une mode féministe et de trahir l’histoire pour y ajouter une femme commandant une frégate ! Il s’insurge en effet que notre passé soit critiqué au motif qu’il ne correspondrait pas à l’idéologie dominante actuelle.
Ses superbes dessins foisonnent, comme toujours, de détails authentiques. Il parvient à nous immerger en pleine bataille navale.
La Hougue, 56 pages, 14,95 euros. Editions Glénat.
Kristol Séhec
Crédit photos : DR
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