Un beau tableau de chasse pour Jean-Yves Le Drian. Il a commencé sa carrière ministérielle comme secrétaire d’État à la Mer, on le retrouve, en 2012, ministre de la Défense nationale, puis ministre des Affaires étrangères en 2017. En juillet, Emmanuel Macron lui a proposé le ministère de l’Intérieur…
Le nouveau Premier ministre Jean Castex termine sa déclaration de politique générale à l’Assemblée nationale (mercredi 15 juillet 2020) par cette phrase martiale : « J’ai assemblé autour me moi un gouvernement de combat ». Effectivement, dans son intervention, il apparaît plein de bonne volonté, décidé, par exemple, à faire « confiance » aux « territoires », ce qui suppose que « le droit à la différentiation soit consacré dans une loi organique. Elle passe également (…) par une nouvelle étape de la décentralisation ».
Pourtant, il est une question qui n’a pas doit à un seul mot : la mer. Or, innovation de son gouvernement, un ministère de la Mer vient d’être créé avec à sa tête une Bretonne de Saint-Malo, Annick Girardin. Cette dernière peut tout de suite comprendre que la mer ne sera pas une priorité du gouvernement pendant les 600 jours que Castex a devant lui. Pourtant, la République française possède le deuxième empire maritime mondial, situé sur trois océans, avec 10,2 millions de km2. Il parait que ce nouveau ministère doit beaucoup à un autre Breton, l’amiral Bernard Rogel, qui était jusqu’au 31 juillet, le chef d’état-major particulier du Président (CEMP). « Théoricien de la « maritimisation du monde », l’amiral n’est pas pour rien dans la création du ministère de la Mer lors du dernier remaniement. « La France est un pays de terroir et de talus, mais sa chance, c’est son espace maritime mondial », dit-il (Le Figaro magazine, 31 juillet 2020).
« À l’Intérieur, on ne dort jamais. »
À la vérité, ce n’est pas la première fois qu’un ministère de la Mer existe et qu’il est confié à un Breton. En effet, en mai 1991, Jean-Yves Le Drian devient secrétaire d’État à la Mer dans le gouvernement d’Édith Cresson que François Mitterrand avait nommée à Matignon après avoir « viré » Michel Rocard. Le Drian devra attendre 2012 pour redevenir ministre – à un poste prestigieux : ministre de la Défense nationale, grâce à son copain François Hollande qui vient de s’installer à l’Élysée. En 2017, Emmanuel Macron le « mute » au Quai d’Orsay (ministre de l’Europe et des Affaires étrangères). À l’occasion de la constitution du gouvernement Castex, Macron lui a donné l’occasion de changer de crèmerie en lui proposant le ministère de l’Intérieur. Voilà comment Le Drian a raconté à ses amis la conversation. Le Drian : « Écoutez, ce n’est pas très raisonnable, j’ai mon âge… ». Macron : « Mais, à votre âge, vous voyagez beaucoup. ». Le Drian : « Dans les avions, je peux dormir, à l’Intérieur, on ne dort jamais. » (Le Canard enchaîné, 8 juillet 25020). Donc, avec dix ans de moins, Le Drian aurait pris la suite, Place Beauveau, de deux anciens députés de Bretagne : Raymond Marcellin (Vannes) et Christian Bonnet (Auray).
Bernard Morvan
Crédit photo : École polytechnique/Flickr (cc)
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