Une cinquantaine d’adhérents du collectif Sécurité Nocturne Nantes (S2n) se sont rassemblés cet après-midi du 6 août devant la mairie centrale de Nantes pour dénoncer la hausse continue de l’insécurité, ainsi que les agressions de commerçants, clients et agents de la SEMITAN. La députée de Nantes-Centre (44-2) Valérie Oppelt (LREM) a de son côté interpellé par courrier le premier ministre Jean Castex.
Le 2 août dernier, S2N indique sur sa page Facebook : « Ces dernières semaines la situation s’est dégradée. Les jours passent et le nombre d’agressions ne cesse d’augmenter… Violences, agressions au couteau, agressions sexuelles, pickpockets, le centre-ville de Nantes est touché de plein fouet par une insécurité non maîtrisée par les autorités.Après les belles paroles de la mairie, de la préfecture et du procureur lors de nos premières actions, aucune réaction n’est avancée pour mettre fin au problème. Trop c’est trop ! ».
Il y a de quoi s’énerver. Le 27 juillet, paraît sur la même page le communiqué suivant : « Dans la nuit de samedi à dimanche, 6 commerçants ont étés agressées (4 agents de sécurité et 2 barmans). Ils s’apprêtaient à rentrer chez eux, quand ils ont assisté à l’agression de deux personnes place de la Bourse. Souhaitant venir en aide aux deux victimes, ils se sont fait encercler par une quinzaine d’individus tous armés de couteaux et cutter, leur proférant de nombreuses menaces et tentant d’attenter à leur vie. Les forces de l’ordre ont bien évidemment été prévenues, mais le délai d’intervention ayant été long, aucun d’entre eux n’a été appréhendé. […] Nous faisons état de nombreux individus armés, déterminés, qui ne craignent ni les forces de l’ordre, ni la justice qui n’apporte aucune réponse proportionnée à ce type de délits »
Un nantais apporte de l’eau au moulin de l’association, et met les pieds dans le plat le 4 août dernier, dans les commentaires : « J’ai été agressé le 31 octobre 2019 par 5 arabes. Heureusement que je sais me défendre sinon mon état aurait été catastrophique. J’ai reconnu 2 d’entre eux à la police. L’un à été arrêté et est passé en jugement. J’attends toujours d’être entendu au tribunal (Ce qui n’arrivera jamais). Zéro compensation malgré les cicatrices, le vol, le traumatisme engendré et l’impact sur ma vie ».
Le courrier de Valérie Oppelt est lui aussi éloquent. « L’heure est grave […] Je multiplie depuis le début de mon mandat les alertes sur les problématiques de sécurité à Nantes. Je ne compte plus les courriers aux différents ministres (que je vous transmets en pièce jointe) ou les rendez-vous avec les autorités compétentes », écrit la députée, ex-candidate aux municipales qui affirmait, dans son premier discours, que Nantes était devenue un « coupe-gorge ».
« J’avais interpellé à plusieurs reprises le précédent ministre de l’Intérieur sur la situation nantaise face à l’insécurité galopante », poursuit-elle. Avec 69 fusillades en 2019 dont 68 liées aux trafics de drogues (3 morts, 20 blessés) et déjà 26 en 2020, c’est vrai qu’il n’y a pas de quoi s’inquiéter… « Il ne se passe pas un jour sans que des faits graves de délinquance ne fassent parler de Nantes et ne soient sources de consternation et de colère dans la population ».
L’heure est grave.
J’ai envoyé cette semaine un courrier au Premier ministre @JeanCASTEX & au ministre @GDarmanin pour alerter sur l’état de la #sécurité à #Nantes.
J’appelle à plus de moyens matériels et humains pour la @PoliceNat44, la @Gendarmerie, mais aussi pour la #justice. pic.twitter.com/GK2Bh5yVR5— Valérie Oppelt (@valerie_oppelt) August 6, 2020
Que dire par exemple de l’incendie volontaire de la cathédrale par un bénévole rwandais en situation irrégulière ? Cela aussi, c’est de la délinquance.
« Une page Facebook regroupant plus de 900 personnes, administrée par des patrons de bars, cafés, restaurants, dénonce quotidiennement les différents faits de violence […] Six commerçants ont été encore agressés il y a quelque jours, portant à 25 le nombre de personnels agressés depuis le 11 juin 2020 ; les professionnels se sentent complètement démunis ».
Et de brocarder aussi la municipalité socialiste-écologique, dont la mairesse Johanna Rolland qui, à la fois pour se concilier les suffrages des Verts et les neutraliser sur les sujets stratégiques (développement économique, FC Nantes, urbanisme) a bazardé ses rares promesses de lutte contre l’insécurité entre les deux tours : « la municipalité a sa part de responsabilité dans cette situation générale d’insécurité (effectif de policiers municipaux trop faible, manque de caméras de vidéo-surveillance, défaut de prise de conscience et d’adaptation). Moi-même candidate aux dernières élections municipales, j’ai […] mesuré le niveau de colère des Nantaises et des Nantais sur ce sujet ».
Il est à craindre que ce nouveau courrier, comme les manifestations de colère et de désespoir des commerçants nantais, ne restent lettre morte. Il a fallu que la cathédrale brûle pour que le ministre de l’Intérieur Darmanin, de la culture Bachelot et le premier Ministre Castex trouvent le chemin de Nantes, combien de morts, de blessés, de tabassés et de fusillades faudra-t-il encore pour que le ministre de l’Intérieur et le Premier Ministre prennent enfin la mesure de l’insécurité à Nantes et y apportent une réponse ferme et définitive ?
Louis Moulin
Crédit photo : DR (photo d’illustration)
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