Le SDLP (Le Parti social-démocrate et travailliste d’Irlande du Nord) a annoncé le décès de l’ancien chef du parti, John Hume.
M. Hume, lauréat du prix Nobel de la paix, catholique modéré, était considéré par beaucoup comme la force moteur de l’accord de paix du Vendredi saint de 1998 en Irlande du Nord (Good Friday Agreement).
Le leader du SDLP, Colum Eastwood, a déclaré que la mort de John Hume représente la perte de « la figure politique la plus importante et la plus conséquente de l’Irlande du 20ème siècle. Il n’est pas exagéré de dire que chacun d’entre nous vit maintenant dans l’Irlande que Hume a imaginée – une île en paix et libre de décider de son propre destin.»
Il a ajouté : « C’est un moment historique sur cette île, mais c’est surtout un moment de profonde, profonde tristesse. Dans les jours à venir, l’Irlande sera unie dans le deuil de sa perte. Cependant, au milieu de ce deuil national, il est tout aussi vrai que la commémoration de la mort de John ouvre également un espace pour réfléchir à l’ampleur de sa vie et la célébrer. Dans le cadre de cette réflexion sur l’œuvre de John, jamais la béatitude n’a été aussi vraie – bénis soient les artisans de la paix. La vie de John Hume sera à jamais une bénédiction sur cette île puisque l’Irlande est maintenant bénie par la paix qu’il nous a donnée à tous. C’est le plus grand héritage qu’un dirigeant politique puisse laisser à son pays. Hume trouvera toujours sa place dans le panthéon des grands dirigeants irlandais et il est normal et juste qu’on parle de lui aujourd’hui au même titre que de O’Connell et de Parnell. Il est important que les efforts de John soient pleinement appréciés en termes d’ampleur – son impact et son héritage s’étendent bien au-delà d’une seule vie et bien au-delà des limites de l’Irlande du Nord. L’œuvre de sa vie a mis fin à l’arc historique apparemment insoluble des conflits aigus entre les îles voisines de Grande-Bretagne et d’Irlande.
Après quelque 800 ans qui ont infligé tant de souffrance et de mal à tous nos peuples, c’est John Hume qu’il faut maintenant rappeler comme le grand guérisseur de cette histoire. Pour toutes ces raisons et bien d’autres encore, John Hume était vraiment le plus grand d’Irlande »
John Hume est un homme politique nord-irlandais né le à Derry (Londonderry). Membre fondateur du Parti social-démocrate et travailliste (SDLP) d’Irlande du Nord, il dirige ce parti de 1979 à 2001. Il est surtout connu pour avoir préparé l’accord du Vendredi Saint signé en 1998 et qui permet une solution politique mettant fin au conflit en Irlande du Nord. Il reçoit le prix Nobel de la paix en 1998, en commun avec David Trimble.
Nous vous proposons de réécouter (en anglais) un débat consacrée à John Hume en présence de :
Maurice Fitzpatrick, réalisateur du film In the Name of Peace: John Hume in America
Pierre Joannon, écrivain, historien et diplomate franco-irlandais. Auteur de John Hume (1999, Editions Beauchesne), avec un témoignage de l’ancien premier ministre irlandais Garret FitzGerald.
Michael Lillis, écrivain et diplomate irlandais. Secrétaire général adjoint, Ministère des Affaires étrangères (1983-85) et Premier secrétaire adjoint du Secrétariat anglo-irlandais, Maryfield, Belfast (1985-87)
Andy Pollak, écrivain et expert sur la coopération Nord-Sud en Irlande. Fondateur et premier directeur du Centre for Cross Border Studies, Armagh et Dublin. Journaliste et rédacteur (assistant news editor, news features editor, religious affairs correspondent, education correspondent) pour The Irish Times (1986-1999)
John Hume, une biographie par Pierre Joannon
John Hume est né d’une famille pauvre de sept enfants. Cet ancien séminariste devenu professeur de français s’engage bientôt, aux côtés de sa femme Pat, dans l’action non violente en faveur des droits civiques des catholiques, puis dans l’action politique contre la violence de l’IRA, en participant en 1970 à la création du Parti travailliste social-démocrate d’Irlande du Nord (SDLP).
Le portrait attachant et vivant que Pierre Joannon dresse dans ce livre est celui d’un homme politique d’une exceptionnelle détermination et habileté dans ses efforts pour la paix. Ainsi, au fil des pages, on comprend mieux le courage qu’il lui a fallu pour mener dès 1988 des entretiens secrets avec Gerry Adams, président du Sinn Fein, dialogue qui ouvrira finalement sur la signature de l’accord de paix du Vendredi saint 1998.
La seconde partie du livre composée de textes de Hume lui-même, permet de mieux saisir les convictions profondes de cette personnalité généreuse, pour qui le refus sans concession de la violence va de pair avec la défense des droits de chaque tradition, l’effort pour comprendre la mentalité des opposants et la foi dans la construction européenne qui a déjà permis la réconciliation franco-allemande.
On ne peut manquer d’admirer ce mélange de conviction, d’abnégation et de pensée stratégique qui, chez Hume, est la marque du véritable homme politique.
Crédit photo : DR (photo d’illustration)
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