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L’insécurité en France n’est pas qu’un sentiment, c’est une réalité !

 Une gendarme écrasée par une voiture conduite par un récidiviste, un jeune poignardé par un toxicomane, un conducteur de bus battu à mort par des marginaux, une jeune femme traînée au sol par un chauffard sur plus de 800 mètres… Au début du mois de juillet, des agressions d’une rare sauvagerie à Aiguillon, Bayonne et Sarcelles ont de nouveau mis en lumière l’existence d’une autre France. Une France que le journaliste Laurent Obertone appelle « la France Orange mécanique ». Ces faits divers tragiques s’inscrivent dans un contexte plus général marqué par l’augmentation de la délinquance et le laxisme des autorités. L’analyse des informations disponibles à ce sujet conduit à un constat évident : le gouvernement assure de moins en moins la sécurité des citoyens.

Cela devient une habitude : chaque fois que des leaders politiques dits « populistes » commentent un attentat terroriste ou une agression sauvage, les belles âmes de gauche et du centre crient à la tentative de « récupération » pour glaner des électeurs. Les agressions à Sarcelles, Aiguillon et Bayonne n’ont pas échappé à la règle. Pourtant, les faits divers qui émaillent l’actualité sont révélateurs d’une réalité cruelle : notre pays est de moins en moins sûr. Les réponses qu’apportent les autorités à la délinquance ne sont pas à la hauteur. Les chiffres que nous présentons en témoignent.

Les chiffres en hausse de la délinquance recensée

Le bilan de la politique sécuritaire du gouvernement menée par Édouard Philippe est loin d’être flatteur. Bien au contraire, l’augmentation de la délinquance déjà notée en 2018 s’est accentuée en 2019. De nombreux indicateurs sont au rouge :

Nombre 2018 2019
Nombre de violences sexuelles enregistrées 54 100 + 19 % + 12 %
Escroqueries 363 600 + 1 % + 11 %
Homicides (y compris coups et blessures volontaires suivis de mort) 970 + 0 % + 9 %
Coups et blessures volontaires sur personnes de 15 ans et plus 260 500 + 8 % + 8 %
Vols sans violence contre des personnes 720 700 – 2 % + 3 %

Source : Service statistique ministériel de la sécurité intérieure (1).

Sur une période plus longue, d’autres tendances sont particulièrement inquiétantes :

  • le nombre de mineurs mis en cause pour tentative d’homicide et coups et blessures volontaires augmente respectivement de 144 % et de 124 % entre 1996 et 2018 (2) ;
  • le nombre de victimes d’agressions à l’arme blanche a été, dans la période 2015-2017, de 120 par jour (3).

De bien tristes trophées européens

La comparaison des derniers chiffres communiqués par Eurostat sur la délinquance en Europe nous apprend que notre pays est sur le point de décrocher de bien tristes trophées :

  • la France était en 2016 le 3e pays sur les 27 de l’Union européenne pour le nombre de vols ramené à la population, et le 2e pays sur 27 pour le nombre d’agressions ramené à la population ;
  • la France est le pays d’Europe où il y a eu le plus d’homicides en chiffres absolus en 2017 (4).

Des forces de l’ordre particulièrement exposées

Les policiers et gendarmes chargés d’assurer la sécurité des Français sont plus que jamais exposés à la violence des voyous : 20 306 agents ont déclaré avoir été blessés dans l’exercice de leur activité en 2018, un chiffre en progression de 15 % par rapport à 2017. 25 agents sont morts dans l’exercice de leurs fonctions en 2018 contre 15 en 2017, selon l’Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales. De 2013 à 2018, 97 policiers et gendarmes ont perdu la vie dans l’exercice de leurs fonctions (5).

Les moyens de la justice en berne

Quand les auteurs des infractions sont identifiés, il faut les juger. Les moyens limités de la justice ne permettent pas de poursuivre tous les faits portés à la connaissance des parquets. Les capacités réduites d’audiencement dans les tribunaux aboutissent à donner la priorité à certaines affaires au détriment d’autres. Le tri par le vide s’appelle parfois le « classement sans suite ». Il n’y a rien d’étonnant à cela : la France consacre des moyens faibles à son système judiciaire. La France est au 14e rang sur 27 dans le classement des pays européens en matière de dépenses des États consacrées aux juridictions par habitant. Le constat est pire en ce qui concerne les effectifs : la France est au 24e rang sur 27 en matière de nombre de juges professionnels pour 100 000 habitants. Quand les affaires sont jugées, les procédures sont très longues, beaucoup plus que dans de nombreux pays européens (6).

La politique pénale particulièrement laxiste

Si les moyens de la justice sont limités, d’autres facteurs contribuent au laxisme de la politique pénale. Pour n’en citer que deux, on peut mentionner des consignes données par des ministres de la Justice via des circulaires qui contribuent à éviter soigneusement la case prison pour une certaine catégorie de délinquants :

  • la circulaire dite « Taubira » en 2012 (7), suivie cette année par la circulaire dite « Belloubet » qui passe comme consigne d’éviter les emprisonnements pour les courtes peines (8) ;
  • la priorité donnée à l’éducatif sur le répressif aboutit à faire de la France un pays de cocagne pour des délinquants mineurs, de plus en plus souvent étrangers (9).

La politique carcérale

Alors que les moyens alloués à la justice ne permettent pas d’apporter une réponse pénale à de nombreux faits de délinquance, l’emprisonnement des individus jugés dangereux pour la société est moins important en France que chez nos voisins. Rien d’étonnant à cela quand on sait que la France est en 20e position dans le classement des pays européens en matière de capacité d’accueil des établissements pénitentiaires (10). Avant même la libération de près de 10 000 détenus par décision du ministre de la Justice en mars dernier, la France était le 12e pays sur les 27 de l’Union européenne pour le nombre de prisonniers ramené à la population (10). Alors que le candidat Macron promettait de construire d’ici la fin de son mandat 15 000 places de prison, l’objectif a été revu à la baisse. La construction de 7 000 places de prison a été reportée sine die l’année dernière (11).

Des zones de non-droit qui gangrènent le territoire

Au-delà de la délinquance diffuse pour laquelle la réponse répressive est bien faible, ce sont des parties entières du territoire qui font « partition », en dépit des dizaines de milliards déversés dans le cadre de la politique de la ville. Le criminologue Xavier Raufer évalue à une centaine le nombre de quartiers « hors de contrôle […] où l’ordre au quotidien dépend des voyous, des gangsters qui font régner la loi du silence » (12).

La priorité du gouvernement : l’immigration !

Pendant ce temps, le gouvernement fait de l’immigration une de ses priorités, sans toutefois le revendiquer ouvertement (13). Les étrangers dans les prisons représentent 22 % des détenus, alors qu’ils ne représentent officiellement que 6 % de la population totale en France (14). Selon un avis parlementaire publié en 2014, « 60 % de la population carcérale en France, c’est-à-dire 40 000 détenus, peuvent être considérés comme de culture ou de religion musulmane » (15).

Éric Dupond-Moretti dans la lignée de Belloubet

L’effet rebond de la criminalité en raison de la fin du confinement est accentué par la libération anticipée de milliers de détenus. De récents faits divers nous le rappellent douloureusement. Les premières déclarations du nouveau ministre de la Justice en visite à la prison de Fresnes s’inscrivent dans la continuité de son prédécesseur :

« On est dans des taux d’occupation [dans la prison de Fresnes, NDLR] ici qui sont historiquement bas et c’est sans doute le chemin qu’il faut poursuivre, en tout cas c’est ma conviction. » Ce qui lui a valu d’être applaudi chaleureusement par les détenus (16). On aimerait un ministre de la Justice applaudi par les victimes… Un ministre qui avant sa nomination s’est déclaré favorable au rapatriement des djihadistes français partis combattre dans les rangs de l’État islamique et qui accessoirement pourront, une fois libérés, se livrer au prosélytisme religieux, et plus si affinités…

En dépit d’une délinquance qui progresse, les forces de l’ordre sont de plus en plus entravées dans leur action par l’idéologie droit-de-l’hommiste et victimaire. L’usage de la force et de l’autorité apparaît parfois mal à propos : excessif avec les Gilets jaunes, insuffisant avec les black blocs et les racailles.

Dans tous les cas, les signaux sont nombreux qui n’augurent rien de bon pour la sécurité des Français, une sécurité qui est la première des libertés. Tant que le gouvernement n’en fera pas une priorité et qu’il ne s’en donnera pas les moyens, tous les discours du monde déclamés avec la plus grande éloquence n’y changeront rien.

Paul Tormenen via Polemia

(1) « Insécurité et délinquance en 2019 ». Interstats Analyse n° 24. Ministère de l’Intérieur.
(2) « Les mineurs mis en cause pour violences physiques et sexuelles de 1996 à 2018 ». ONDRP. Juin 2020.
(3) « Plus de 120 agressions à l’arme blanche ont lieu chaque jour en France ». Le Figaro. 16 février 2020.
(4) « Statistiques sur la criminalité ». Eurostat. Requête « theft » et « assault ». Consultation le 11-07-2020.
(5) « Les policiers et gendarmes décédés et blessés en 2018 ». ONDRP. Novembre 2019.
(6) « La France au bas du classement de la justice en Europe ». Profession gendarme. 19 juin 2019.
(7) Circulaire de politique pénale. Ministère de la Justice. 19 septembre 2012.
(8) Circulaire n° 2018-00018 du ministère de la Justice du 6 mars 2020.
(9) « Délinquance des mineurs étrangers : un phénomène isolé pour les médias de grand chemin ». OJIM. 2 mars 2020.
(10) « Capacités des prisons et nombre de personnes détenues ». Eurostat. 10 juillet 2020.
(11) « Places supplémentaires en prison : le gouvernement recule en douce ». Le Figaro. 19 juillet 2019.
(12) « Politique de la ville : toujours plus d’argent pour moins de résultats ». Contribuables associés. 6 décembre 2016.
(13) « La France subit-elle une immigration de peuplement ? » Paul Tormenen. Polémia. 5 janvier 2019.
(14) « Plus d’un détenu sur cinq en France est de nationalité étrangère ». Le Figaro. 16 février 2018.
(15) « Avis n° 2267 sur le projet de loi de finances pour 2015 ». Assemblée nationale. G. Larrivé. 9 octobre 2014.
(16) « À la prison de Fresnes, Dupond-Moretti loue un taux d’occupation historiquement bas ». L’Express. 8 juillet 2020.

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