Même si le bénévole rwandais – sans-papier, nourri et logé par le diocèse, mais pas payé, et sous le coup d’une obligation de quitter le territoire français – chargé de fermer la cathédrale le vendredi précédant l’incendie a été relâché, de nombreuses failles apparaissent dans la gestion de la cathédrale par le Diocèse, dont on peut se demander si sa responsabilité ne pourrait pas être engagée.
De même, les Nantais sont en droit de poser des questions à la municipalité socialiste – visiblement incapable de protéger les églises ; Saint-Clément a été taguée ce 19 juillet par des anarchistes – et à l’État.
Un chantier au chevet insuffisamment protégé ?
Au chevet de la cathédrale, la palissade du chantier au chevet est un livre ouvert : publicité pour la drogue (bon shit, avec une tête de fumeur qui prend visiblement bien du plaisir), inscriptions gauchistes (ACAB) ou zadistes (Ronces, du nom d’un jardin autogéré et squatté rue de la Papotière, au Vieux-Doulon, géré par des zadistes qui s’opposent à une opération d’urbanisme) et même satanistes (Lucifer).
Surtout, l’échafaudage permet d’accéder à la première galerie, qui fait le tour des chapelles absidiales et permet d’atteindre les combles. Sur l’échafaudage, « la toile est accrochée par des attaches plastiques, faciles à sectionner et à remplacer – puisqu’on en trouve dans le commerce ; d’ailleurs il y a des endroits où elle est déchirée, et une discontinuité sur un mètre là où on passe la poulie, un homme pourrait se glisser sans problèmes », remarque un ouvrier.
« Il est déjà arrivé que des gens montent sur l’échafaudage en escaladant la palissade ; certes, elle est haute, mais les éléments de la grille dépassent et permettent de s’accrocher », explique un bénévole de la cathédrale, qui affirme aussi qu’il y a « eu des consignes de discrétion qui ont été passées – on ne doit pas parler de ce qui est arrivé, même avec d’autres bénévoles, mais il y a des choses scandaleuses sur lesquelles on ne peut pas se taire – et c’est scandaleux de nous demander de les cacher, ou alors on ne doit pas avoir lu la même Bible ». Certes, il y a des caméras qui protègent le chantier, « mais elles ne couvrent pas tout ».
Des sorties de secours pas surveillées ?
Selon une des pistes de l’enquête, une sortie de secours aurait été activée dans la nuit de l’incendie ; cependant, si leur ouverture est détectée, ces accès ne sont pas suffisamment surveillés. Côté nord, elle donne sur un passage derrière l’arrêt des bus (C1, C6, 11, 12) où il n’y a pas de vidéo-protection, et cette dernière n’est présente que sur les places Saint-Pierre et Louis XVI. Un individu qui longerait les arbres du cours Saint-Pierre resterait inaperçu.
Côté sud, il y a bien une caméra qui couvre le porche qui donne sur la cour de la sacristie, où donne l’autre sortie de secours. « Mais on peut passer sous le porche de la Psalette et sortir par l’autre côté », relève un fidèle. Certes, il y a une grille fermée le soir, mais devant, on voit un petit plot de béton qui permet de s’appuyer aux arrachements du mur, l’escalader, retomber de l’autre côté sur une pente douce de l’ex-bastion et franchir une clôture basse en bois et cordes ; tous matériaux (bois, corde, herbe, pierre…) qui ne permettent pas non plus d’exploiter d’éventuelles empreintes. « Et la nuit, c’est fou le nombre de gens qui traînent dans ce coin, et qui passent d’un espace à l’autre avec une facilité déconcertante », continue un bénévole de la cathédrale.
Des portes pas toujours refermées ?
Surtout, s’il y a « deux ou trois rondes pour s’assurer qu’il n’y a plus personne dans la cathédrale avant de fermer », les bénévoles ne « vérifient pas tout, et parfois ils oublient de fermer des portes, surtout à l’arrière », explique un autre bénévole. Comme en ville, où l’accès aux combles des églises Saint-Nicolas, Saint-Clément, Sainte-Thérèse et d’autres reste d’une facilité déconcertante entre organistes qui oublient de refermer derrière eux, travaux et autres fidèles divagants dans les galeries hautes, sans oublier les serrures peu ou pas sécurisées, à la cathédrale, le diocèse semble bien en peine d’assurer la sécurité de l’édifice patrimonial dont il est affectataire.
Par ailleurs, tout en verrouillant sa communication, le diocèse s’enfonce : ce matin, le curé Hubert Champenois explique dans les colonnes de nos confrères de Presse-Océan qu’il n’y avait qu’un jeu de clé, qui « passait de mains en mains, de jour en jour » au gré des 7 bénévoles chargés d’ouvrir et de fermer la cathédrale.
De quoi désespérer des habitués de l’entretien du patrimoine monumental historique. « Je suis en charge d’une église du XVIe classée MH dans sa totalité et de bâtiments annexes, avec divers intervenants associatifs. Les clés, on les surveille comme la prunelle de nos yeux, et c’est une source constante d’ennuis. Il y a une loi intangible : dès qu’il y a plus de trois clés pour la même serrure, ou plus de trois personnes qui se voient confier la même clé, c’est la fête du slip et on ne contrôle plus rien. Là ils en étaient à 7 personnes qui se partageaient les mêmes clés, ça prouve qu’ils n’y connaissaient rien », explique ainsi un de nos lecteurs.
A mesure que l’on s’intéresse à la gestion de la cathédrale de Nantes par le Diocèse, d’autres failles béantes apparaissent – à suivre dans un second volet. « Si les Nantais savaient l’étendue du n’importe quoi intégral que (se) permettent curés et responsables diocésains … ici, on est sur une cathédrale, donc un patrimoine qui appartient à tous les Français et tous les Bretons, et qui concerne tout le monde, pas une église en béton sans intérêt dans une lointaine banlieue – tout ce qui est d’après 1905 appartient au diocèse ».
Louis Moulin
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