Dans le cadre de la lutte contre l’habitat indigne et les squats, deux baraques occupées par des « irréductibles » sur l’ex-ZAD de Notre-Dame des Landes – ils avaient refusé de faire des projets agricoles ou associatifs et de s’enregistrer auprès des pouvoirs publics – ont été expulsés ces 15 et 16 juillet 2020.
Le 17 juin dernier, le collectif « les invendus de la ZAD » proche des irréductibles, écrivait sur Facebook : « l’huissier qui était venu (seul) constater l’occupation de La Chèvrerie (depuis 2 ans) il y a une dizaine de jours, est revenu hier vers 8h accompagné de 3 gendarmes en tenues de camouflage pour signifier l’expulsion imminente, sur demande de la commune de Vigneux de Bretagne ».
Les forces de l’ordre ont cependant laissé un mois aux zadistes, qui n’ont pas bougé. Ce 15 juillet, les gendarmes mobiles étaient donc à pied d’œuvre pour expulser la Chévrerie, comme le relatent les Invendus de la ZAD : « expulsion de la Chevrerie en cours depuis 6h… plusieurs fourgons de GM sur la D281 bloquée, sont en train de couper des arbres et des branches pour faire passer les engins et retirer le véhicule/habitat de la personne qui vivait là depuis des mois ».
Le 16, deux autres cabanes ont été détruites par les gendarmes mobiles, cette fois à la demande du conseil général de Loire-Atlantique qui a récupéré 895 hectares des terres de l’ex-futur aéroport nantais : « Depuis 6h ce matin, 300 gendarmes ont réinvesti la D281 (ancienne route des chicanes) sur la ZAD NDDL pour détruire deux cabanes et évacuer le véhicule/domicile d’une personne qui occupait la Chèvrerie depuis plus d’un an… Les gendarmes et travailleurs réquisitionnés ont massacré des dizaines d’arbres qui repoussaient depuis 2013 dans la « zone non motorisée », pour détruire La Chouette (ancienne Mandragore) épargnée par les machines lors de l’expulsion 2018 car située en zone marécageuse, mais à moitié détruite tout de même par quelques gendarmes à pied, elle avait été reconstruite lors du printemps 2019.. » Deux personnes qui occupaient l’une des constructions ont du quitter les lieux avant sa destruction.
Par ailleurs ce 17 à 8h du matin, un incendie d’origine indéterminée a ravagé un lieu de vie des « irréductibles », cette fois à la Grée. Ces derniers organisent fin août un rassemblement pour reconstruire des cabanes sur les terres qu’ils revendiquent – ce rassemblement n’est pas relayé par les zadistes qui mènent des projets agricoles et semble même susciter chez certains une nette hostilité.
L’an dernier, en mars 2019, trois cabanes avaient déjà été détruites dans le même secteur, le long de l’ex-route des chicanes (RD281). L’une d’elle était posée sur un étang. Le 8 août 2019 les forces de l’ordre sont revenues à la charge pour détruire deux autres cabanes, dont la Saulce située sur un carrefour stratégique au centre-sud de la ZAD.
Cependant, bien d’autres lieux « auto-construits », autrement dit illégaux, sont debout, perdus un peu partout dans le bocage. Il est à craindre qu’en détruisant ponctuellement des cabanes qui finissent par être reconstruites quelques semaines plus tard, à leur emplacement ou ailleurs, les forces de l’ordre et les pouvoirs publics locaux se soient réinventées une inépuisable tâche de Sisyphe dont personne ne leur saura gré.
Louis Moulin
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