Des députés bretons ont cosigné une tribune afin d’inviter les maires des communes dépourvues de classes bilingues à soutenir financièrement le forfait scolaire pour les enfants scolarisés en langue bretonne dans une autre commune.
16 députés interpellent les maires pour aider la langue bretonne
C’est sous la plume du député des Côtes d’Armor Yannick Kerlogot que le texte en question a été rédigé. Une fois rappelé que les maires disposent de la compétence du « soutien à l’école primaire, à l’éducation des jeunes citoyens et citoyennes », les 16 députés souhaitent attirer l’attention des nouveaux élus « sur un enjeu très précieux, et même crucial : la promotion et le développement des langues de Bretagne pour qu’elles soient pérennes et vivantes ».
Puis la tribune développe : « La langue bretonne est enseignée grâce à la mobilisation complémentaire des trois réseaux que sont Div Yezh pour l’enseignement public, Dihun pour l’enseignement catholique privé sous contrat et Diwan pour les écoles immersives associatives. C’est leur militance et leur professionnalisme qui permettent une augmentation croissante du nombre d’élèves scolarisés ces dernières années. »
La contribution des municipalités de résidence sollicitée
Par la suite, Yannick Kerlogot rappelle qu’aujourd’hui, « c’est l’État, la Région très fortement, mais aussi les Conseils départementaux et parfois quelques communes qui financent ces établissements, en soutenant l’installation sur leur territoire d’une classe ou d’une école bilingue. »
Mais l’heure est venue pour les communes n’ayant pas de classes bilingues de contribuer elles aussi à la sauvegarde de la langue bretonne puisque, « par un amendement porté par de très nombreux députés bretons, il a été inscrit dans la loi « Pour une école de la confiance » du ministre J.-M. Blanquer, le principe d’une contribution volontaire qui invite les communes qui n’ont pas de classes bilingues à financer le forfait scolaire quand un élève qui n’est pas scolarisé dans leur commune, apprend le breton dans une école publique, privée ou associative d’une autre commune. »
Avec de telles dispositions, plus question pour les mairies en question de se défausser ? C’est en tout cas le souhait des signataires : « permettre à ses enfants d’apprendre le breton reste un acte volontaire des parents. Dans l’intérêt de ces jeunes apprenants, par respect pour le choix des parents qui vivent sur votre commune, il est essentiel que vous apportiez votre contribution, sans quoi la commune d’accueil se trouve seule à financer cet élève quand la commune de résidence fait des économies… »
La responsabilité partagée de la promotion de l’identité bretonne
Le député des Côtes d’Armor poursuit son argumentaire en citant le poète breton Eugène Guillevic, lequel déclarait il y a près de cinquante ans : « Mais ce que je veux, c’est que la Bretagne puisse parler. Et il faudra en chercher les moyens ».
Avant de souligner que le fait de « promouvoir une langue, une identité, une culture » est une « responsabilités partagée ». Les députés signataires invitent ainsi « les communes à financer volontairement ce forfait scolaire » et demandent « à la Préfète et au Recteur de faire respecter cette loi amendée et votée par les parlementaires bretons. À défaut d’accord, le préfet doit en effet réunir les maires pour la résolution du différend en matière de participation financière. »
Des députés qui rappellent aux maires, en guise de conclusion que « la Bretagne, et singulièrement les langues de Bretagne », ont besoin d’eux. Gageons que ces derniers saisissent l’importance du message…
Quant à l’identité des autres signataires, la liste est la suivante : Sandrine Le Feur, Graziella Melchior, Hervé Pellois, Gaël Le Bohec, Yves Daniel, Jimmy Pahun, Laurence Maillart-Méhaignerie, Didier Le Gac, Nicole Le Peih, Yannick Haury, Christine Cloarec-Le Nabour, Erwan Balanant, Jean-Charles Larsonneur, Éric Bothorel, Jean-Michel Jacques.
AK
Crédit photo : DR (photo d’illustration)
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