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Le Libéria, l’exemple qui dynamite le discours « black live matter »

Si on en croit les partisans de Black live matter, seuls les Blancs seraient toxiques et malfaisants. Ils auraient créé l’esclavage (pratique qui existe pourtant depuis le néolithique) et ruiné l’Afrique ; selon eux sans la colonisation, le continent « noir » se serait développé harmonieusement et ne serait pas en retard comme il l’est actuellement. Ajoutons que selon les contempteurs des Occidentaux, la colonisation aurait été marquée par la dépopulation, par le travail forcé et le pillage des ressources.

Si le travail forcé aboli en 1946 seulement a conduit à des abus graves (dans les colonies françaises principalement) et est un point négatif indéniable, la population a cru sous la domination européenne du fait de la lutte contre les maladies et des progrès de la vaccination.  Il n’est pas sûr pour finir que sur le plan économique, les colonies n’aient pas couté plus cher qu’elles n’ont rapporté, vu les investissements faits par les Blancs oppresseurs. La construction de nombreux chemins de fer, de ports, d’universités a été financée en grande partie par les contribuables européens. Il faudrait qu’une commission indépendante et impartiale se penche sur la question, fasse les comptes précis, y compris pour la période qui a suivi l’indépendance. Si vraiment les pays colonisateurs ont retiré plus de fonds qu’ils n’en ont investis, la question du remboursement se posera, mais je suis persuadé que nous serons dans la situation inverse. L’Afrique devrait-elle alors nous dédommager ?

L’Afrique avant les Européens et la fameuse conférence de Berlin en 1885 qui a découpé ce continent n’était composé que d’états esclavagistes. Il y en avait de 2 types : soit des royautés indigènes dont la structure sociale reposait sur l’esclavage et un système de castes (c’était le cas du Dahomey, du royaume Mérina (Madagascar) ou de l’Éthiopie) soit des « sultanats » comme le Burnou fondés par des marchands d’esclaves d’origine arabe qui étaient basés sur une exploitation éhontée de la population noire (pire que celle des Européens) et sur la vente des habitants dans les Pays Arabes. Il n’était pas rare de trouver des villages dont la moitié de leurs habitants avaient été déportés vers la côte Est lors des razzias des « Maures ».

Seuls 2 États Africains ont échappé à la colonisation : l’Éthiopie et le Libéria. La première était un Empire immobile archaïque et féodal : l’esclavage a été aboli en apparence en 1924 pour permettre au pays d’adhérer à la SDN, mais il ne s’agissait que d’une façade, car il a perduré sous la même forme. L’Italie a hypocritement mis en avant le souhait de supprimer ce fléau lorsqu’elle a envahi l’ancienne Abyssinie. Après la victoire de Mussolini en 1935, l’esclavage a pour la première fois reculé sauf dans les régions contrôlées par les guérilleros du négus. En 1942, quand Haïlé Sélaissé est remonté sur le trône en 1941, il a dû sur la pression anglaise abolir réellement la servitude. Le sous-développement de cet État étant total, seule la cruelle occupation italienne a introduit quelques éléments de modernité.

Le Libéria lui aussi ne valait guère mieux que les colonies européennes. Il a été fondé en 1822 par une société « philanthropique » pour rapatrier les esclaves noirs américains affranchis en Afrique. Ce point de vue était teinté de racisme. Les « bien pensants » américains étaient contre la servitude, mais ne voulaient pas accepter les Afro-américains au sein de leur société.  15 000 anciens d’esclaves se sont installés au Libéria. Ce pays déclaré indépendant en 1826, organisé en 1847, a été reconnu en 1848 par la Grande Bretagne et la France, mais la structure du pays était profondément inégalitaire et raciste. Il n’y avait aucun Blanc, pourtant les nouveaux venus (noirs, nommés les freemen 3% de la population) ont créé des plantations sur le type de celles qui existaient dans le sud des USA. Ils ont exploité les populations indigènes les faisant travailler sur leurs propriétés sans les payer.

Le Libéria était certes une République, mais le suffrage était censitaire et le droit de vote n’était réservé qu’aux Freemen. (15 000 électeurs sur 1,5 million d’habitants) Il a fallu attendre 1945 pour que les indigènes puissent participer aux élections. En 1931, la SDN a violemment condamné le travail forcé des Autochtones dans les plantations d’hévéas, car ce dernier s’apparentait à de l’esclavage. La commission de la SDN qui a enquêté sur ce sujet a dénoncé l’implication des autorités libériennes dans ce trafic d’êtres humains, elle a également noté qu’au sein des tribus la servitude domestique (c’est-à-dire l’esclavage !) perdurait.  Cette enquête entraîna des réformes et le recul de ces pratiques douteuses. En outre, les experts de la SDN ont signalé dans leur rapport que les Freemen (bien que noirs) s’étaient comportés exactement comme les Européens installés dans les colonies voisines. Mais dans celles-ci le contrôle de la métropole évitait que les abus n’aillent trop loin.

Il est donc clair que la lassante mélopée chantée par les racialistes et autres racisés accusant les « Blancs » de tous les maux de l’Afrique est inexacte et fait fi de l’Histoire. Même si le travail forcé (qu’il faut voir comme un impôt en nature) s’est maintenu trop longtemps dans les colonies françaises, l’esclavage n’a été supprimé que grâce aux Blancs et uniquement du fait de leur action. Madagascar l’a gardé son annexion par la France en 1892, le Libéria et l’Éthiopie ne l’ont aboli qu’autour de la Seconde Guerre Mondiale et parce que les pays occidentaux ont exercé une pression maximale. Si la colonisation n’avait pas eu lieu, il est plus que probable que l’Afrique ne serait pas plus développée qu’actuellement, mais que l’esclavage serait toujours officiellement maintenu. N’oublions pas non plus la renaissance, dans l’Afrique contemporaine, de la servitude imposée aux descendants des anciens esclaves en Mauritanie, au Mali ou ailleurs tandis que l’odieuse pratique du vidomegon se développe. Une famille pauvre « donne » un de ses fils ou une de ses filles à une famille riche contre un peu d’argent. Le malheureux enfant devient corvéable à merci, est souvent nourri de restes, dort dans la cuisine, travaille tous les jours. S’il a de la chance, il sera envoyé à l’école par son maître, mais ce n’est pas toujours la règle.

Il faut donc ne plus se laisser abuser par les discours de ceux qui nous cassent les oreilles avec les méfaits supposés de l’homme blanc. Tous les êtres humains se valent en bien comme en mal et la couleur de peau ne change rien à son âme.

Christian de Moliner.

Illustration : DR
[cc] Breizh-info.com, 2020, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine

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