L’Iran est à majorité chiite, avec une minorité sunnite (en proie à des persécutions), une petite communauté zoroastrienne (l’ancienne religion de l’Iran avant l’Islam, ils seraient 60 000) et enfin une petite communauté chrétienne (officiellement entre 0,4% et 0,8% de la population)
Un non-musulman ne peut être ni magistrat, ni officier de l’armée, ni directeur d’école
Les fidèles du Christ sont des Arméniens (180 000 en 2005) des assyriens (des Kurdes nestoriens, ils seraient 30 000) des Chaldéens catholiques (proches des assyriens si ce n’est qu’ils se sont ralliés à Rome, ils sont 3 400) 10 000 latins et 8 000 arméniens catholiques. Nous avons également quelques églises protestantes officielles, dont les fidèles sont peu nombreux : l’Église presbytérienne d’Iran, l’Église évangélique assyrienne, l’Église évangélique assyrienne, l’Église arménienne évangélique. Ces églises protestantes ont été fondées au XIX ième siècle par des chrétiens orientaux convertis au protestantisme par des missionnaires. Toutes ces communautés autorisées rencontrent néanmoins quelques tracasseries administratives ; il est impossible de construire par exemple de nouveaux lieux de culte. Ces églises officielles se gardent bien de pratiquer le moindre prosélytisme. Du fait des conversions par mariage ou autre, de la faible natalité, de l’émigration le nombre de ces « anciens » chrétiens diminue régulièrement. Si rien ne change, ils ne seront plus qu’une poignée en 2100. Les chrétiens (officiels) disposent de 3 députés au majlis sur 290 au total, 2 arméniens et 1 assyrien. Les zoroastriens et les Juifs ayant eux aussi un siège chacun. Cependant, un non-musulman ne peut être ni magistrat, ni officier de l’armée, ni directeur d’école. Ceux qui ne professent pas l’islam sont discriminés dans les héritages et dans les procès le témoignage d’un musulman vaut celui de deux chrétiens. Une chrétienne qui épouse un musulman devient automatiquement musulmane. Toutes ses restrictions sont choquantes et révoltantes, mais jamais l’ONU ne le dénonce alors qu’elle fait la leçon régulièrement à la France.
Au-delà de ces chrétiens « légaux » existe depuis 1970 une église souterraine, l’église d’Iran. Elle est autochtone, c’est-à-dire qu’elle n’a pas été fondée par des missionnaires étrangers. La langue de prédication est le farsi (persan), sa théologie est baptiste congrégationniste, mais surtout la majorité de ses membres sont des musulmans convertis. Elle semble être en expansion, grâce surtout aux télévisions chrétiennes captées dans tout le pays par satellite. Certains de ses partisans sont même persuadés que l’Iran sera le premier pays qui basculera de l’Islam au christianisme, mais il s’agit sans doute d’une galéjade. Néanmoins selon le site anglophone Iranwire, en 2019, le ministre des renseignements de la République Islamique a reconnu devant plusieurs membres du clergé chiite que le christianisme se répandait dans plusieurs régions d’Iran. Les convertis seraient des gens simples qui occupent des emplois modestes. Pour expliquer leur changement de religion, ils expliquent souvent qu’ils recherchent la paix et la fraternité. Les jeunes semblent en avoir assez des règles islamiques jugées trop contraignantes.
L’Eglise d’Iran subit une répression féroce
Mais le développement de cette église d’Iran est entravé par une répression féroce. En Islam, il est interdit d’apostasier sous peine de mort. L’Iran n’ose pas aller jusqu’au châtiment suprême ou du moins n’exécute pas officiellement pour changement de religion. Mais les nouveaux convertis sont parfois accusés d’espionnage avec l’Occident et condamnés à des peines de prison (parfois jusqu’à 5 ans) pour des faits imaginaires. Ces nouveaux chrétiens ne pouvant construire des lieux de culte se réunissent dans des maisons particulières, mais les services de renseignements aidés par les gardiens de la révolution font de fréquentes descentes de police, arrêtent tous les participants de ces messes improvisées, confisquent la littérature religieuse, les croix, les téléphones portables. Les convertis sont alors interrogés d’une manière musclée, on essaye de leur faire renier leur foi, voire de leur faire avouer qu’ils sont des espions à la solde d’Israël ou de l’Occident. Si la majorité de ceux qui sont pris dans ces rafles sont libérés rapidement, ils subissent des rétorsions : licenciement, expulsion des universités, refus de donner leurs diplômes aux enfants. À noter que lors de la crise du Covid 19, l’Iran qui a libéré provisoirement pour des raisons humanitaires 83 000 prisonniers, a refusé de le faire pour la plupart des chrétiens emprisonnés. L’Iran est classé 9ième pays sur 50 en matière de persécution religieuse. Pour toutes ces raisons, beaucoup de convertis s’expatrient pour pouvoir vivre sereinement leur foi et ne plus se cacher.
En France les médias sont silencieux sur ces violations répétées des droits de l’Homme. On préfère se faire l’écho d’imaginaires actes d’islamophobie le plus souvent inventés ou sans importance. Le CCIF et Baraka city qui tonnent sur les plateaux de télévision et accusent constamment la France d’atteintes à la religion islamique n’ont pas un mot pour les chrétiens iraniens. La liberté de religion pourtant ne découpe pas en tranches ni ne s’arrête à un pays. La dénonciation du CCIF des petits problèmes rencontrés par un ou deux musulmans en France gagnerait pourtant du poids si elle s’accompagnait d’une protestation générale contre toutes les persécutions religieuses quelles qu’elles soient, où qu’elles soient. En réalité, beaucoup de ceux qui dénoncent une prétendue islamophobie sont des partisans purs et durs de la Charia, qui quand elle est strictement appliquée viole allègrement les droits de l’Homme. Halte aux hypocrites ! Il est dommage qu’on ne demande pas systématiquement sur les plateaux des médias aux imprécateurs anti-islamophobie, leur position sur la liberté religieuse en Iran : ils deviendraient alors inaudibles.
Christian de Moliner.
Illustration : wikipedia
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