En cette période qui porte en elle des relents de génocide identitaire à venir visant les Blancs sur toute la planète, nous vous proposons de découvrir ou de redécouvrir un texte de Dominique Venner, qui doit inspirer tous ceux qui se sentent concernés par le destin de leur peuple.
La grande aventure a commencé en avril 1524. Cherchant la route des Indes pour le compte de François ler, Jean de Verrazano aborde le site de la future New York et l’appelle Angoulême, nom du roi avant son accession au trône. Dix années passent. Investi d’une mission identique, le capitaine malouin Jacques Cartier découvre plus au nord un estuaire qu’il baptise Saint-Laurent. Le nom s’est maintenu ainsi que celui du Canada, par lequel les « sauvages » désignaient leurs huttes de branchages.
Les Français sont en avance d’un siècle sur leurs adversaires anglais. Mais l’avantage n’est pas mis à profit. Il faut attendre 1604, l’arrivée de Pierre de Gast et de Samuel Champlain pour que soient fondés des établissements durables, en Acadie d’abord, puis à Québec quatre ans plus tard.
Fuyant l’Angleterre de Jacques ler à bord du Mayflower, les premiers colons anglais débarquent par hasard sur la côte froide du cap Cod en 1620. Ces Pilgrims Fathers sont des puritains fanatiques. Bible au poing, ils viennent établir en ces lieux une théocratie intolérante tirée de leur interprétation rigoriste des Écritures. D’autres les rejoindront sans idée de retour, fondant les premières colonies de la Nouvelle Angleterre. Ils sont déjà 20 000 en 1642, sans compter les colons anglais de Virginie. Cette même année, les Français de la Nouvelle-France sont tout au plus 300.
L’échec futur de la France en Amérique s’inscrit dans ces chiffres. Alors que l’Angleterre, deux fois moins peuplée que le royaume de Louis XIV, expédie de gré ou de force des émigrants par pleins bateaux vers ses colonies d’Amérique, la France n’envoie les siens qu’avec avarice.
Quand prendra fin la souveraineté française, en 1760, les Français sont tout au plus 85 000, dont 4 000 dans l’immense Louisiane. En face, les colonies américaines ont déjà 1300000 habitants, sans compter 325 000 Noirs.
C’est au moment où la France officielle se retire, que la véritable épopée commence.
Une épopée silencieuse, celle d’un peuple français qui refuse de mourir et qui ne mourra pas alors que tout se ligue pour le condamner. Pendant plus d’un siècle, abandonné par la France et par l’État, ce peuple se referme sur lui-même pour survivre. Les Anglais lui interdisent toute communication avec une France qui s’en moque. Il faut attendre le 13 juillet 1853, l’entrée dans le port de Québec de la corvette La Capricieuse, pour qu’on voie pour la première fois un drapeau français depuis la capitulation de 1759.
Entre-temps, les Français du Canada et de Louisiane ont pris la seule revanche qui soit, celle des berceaux. En 1900, ils ont déjà dépassé le million. Chiffre multiplié par six aujourd’hui pour le seul Québec.
L’exploit des Acadiens est encore plus étonnant. En 1979, la France amnésique a découvert ces Français oubliés à l’occasion du prix Goncourt attribué à Antonine Maillet pour son roman Pélagie la charrette (Grasset). Fière de son accent de vieille France qui fait ricaner les snobs, elle révéla le secret de son peuple : « J’écris de la langue parlée parce que mon français je le tiens de tradition orale. Mon seul contact avec ma langue c’était l’oreille. Pour nous, Rabelais n’est pas loin, vous savez. On a mis le français au congélateur ; trois siècles plus tard, il ressort, le même. »
L’Acadie avait été la plus ancienne colonie française d’Amérique du Nord,peuplée de paysans du Poitou, de Charente et de Touraine.
Les ancêtres d’ Antonine Maillet venaient de La Rochelle. En 1713, au traité d’Utrecht, Louis XIV céda l’Acadie à l’Angleterre. Mais les Acadiens refusèrent de se plier aux volontés des nouveaux maîtres. Alors, en 1755, les Anglais procédèrent au « Grand Dérangement », déportant et dispersant ces réfractaires dans leurs colonies protestantes, allant jusqu’à séparer maris et feimmes, parents et enfants.
Soumis aux pires avanies, ceux qui n’avaient pas péri trouvèrent refuge en Louisiane. Ils y firent souche, donnant naissance aux Cajuns (déformation phonétique d’Acadiens). D’autres rentrèrent clandestinement en Acadie, devenue la Nouvelle-Écosse. Pendant un siècle, oui, un siècle, ceux-là se réfugièrent dans la forêt, sans existence légale, pourchassés par les soldats et les miliciens anglais. En 1890, ils purent enfin sortir des bois, rachetant leurs terres, et se faisant reconnaître comme une communauté particulière, avec son drapeau et son Église.
Comment ont-ils tenu ? En cultivant la mémoire du clan et des dieux lares. « En France, à Paris, explique Antonine Maillet, on ne sait pas de qui on vient au-delà de son arrière-grand-père… Moi, le père de ma mère et celui de mon père, et le père du père de leur père, des deux côtés, je peux vous les citer, de tête, sans reprendre ma respiration, jusqu’à La Rochelle ! »
Qu’est-ce qu’un peuple ? Qu’est-ce qu’une nationalité ? L’odyssée des Acadiens nous l’enseigne. Transplanté sur un autre sol, sans État, face à la pire adversité, ce petit peuple s’est maintenu. Il était fidèle à lui-même et refusait de disparaître. Il n’y a pas d’autre recette.
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