Depuis la fin du confinement et le début de la campagne pour le second tour, l’ambiance des municipales à la Baule est particulièrement délétère. Page Facebook anonyme « d’information » qui déglingue un des candidats, piratage de page Wikipédia, noyautage des publications locales, vidéos et mails diffamatoires… confidences sur une campagne décidément pas comme les autres.
A trois jours des municipales, bien malin est celui qui peut dire qui, de Franck Louvrier ou de l’alliance entre Jean Yves Gontier et le général de Zuchowicz, peut gagner la ville, laissée en très bonne santé financière par l’actuel maire Yves Métaireau qui se retire après un quart de siècle de mandats.
Techniquement, Franck Louvrier était en tête du premier tour (37%) mais n’a plus vraiment de réserves de voix, alors que Jean-Yves Gontier (27%) s’est allié avec le général de Zuchowicz (14%) et a bénéficié depuis du soutien d’Yves Métaireau, mais aussi du Premier ministre Edouard Philippe, de l’ex-sénateur André Trillard, ou encore de la députée LREM Sandrine Josso (4% au premier tour).
Franck Louvrier, lui, n’a eu que le soutien de la présidente de région Christelle Morançais – inconnue à la Baule – ainsi que du maire de Pornichet Jean-Claude Pelleteur, pourtant élu avec les voix de LREM, et qui serait pourtant bien plus inspiré de s’occuper de sa propre commune – ou de la personne qui dort depuis un mois sous le porche d’une des églises.
Une page Facebook « d’informations » fausses anti-Gontier dont les premiers suiveurs sont proches de Franck Louvrier
Début juin apparaît dans le microcosme baulois une page intitulée « La Baule, votez vrai ». Cette page qui se présente comme un « service de rédaction » donne des « informations » qui valorisent toujours le même candidat – Franck Louvrier, et dézinguent son opposant Jean-Yves Gontier. Tour à tour, les publications insistent sur l’âge des candidats, ressortent les petits mots de la campagne ou encore insinuent que Jean-Yves Gontier avait quitté la Baule lors du confinement – ce qui est faux.
Une des premières publications, le 2 juin, affirme – ce qui est encore faux – que le général de Zuchowicz aurait négocié tout seul son ralliement à Jean-Yves Gontier et tente de faire porter la responsabilité de la page à trois exclus de la fusion des listes, Gabriel Dahan, Marie-Yvonne Halpern et Philippe Langlois ; cependant, le premier et le troisième ont voulu être de la liste fusionnée, mais ont été écartés. De même, le maintien de Xavier de Zuchowicz à la présidence d’Atlantia est démenti par les proches de Jean-Yves Gontier : « aucune place n’est acquise, et nous donnerons d’autres domaines d’actions aux élus sortants ».
La première publication, du 18 mai, est aimée par trois personnes : un certain Dandy British, Paul Bornat et Pascal Bance. Le dernier, qui est aussi le seul à partager activement sur son profil Facebook les contenus de « La Baule, votez vrai » est en 29e position sur la liste de Franck Louvrier, voici sa présentation sur son site de campagne.
Paul Bornat quant à lui travaille chez Fleurs de Toscane, l’ensemble de boutiques de Xavier Lequerré – autre colistier de Franck Louvrier, en cinquième position sur la liste. Homme lige de Franck Louvrier à Escoublac, celui qui est aussi meilleur ouvrier de France et artisan fleuriste de père en fils depuis 1947, Xavier Lequerré a beaucoup œuvré pour faire d’Escoublac – là où tout la Baule a commencé – un fief de Franck Louvrier. « Si le bourg d’Escoublac était seul à voter, Louvrier passerait 60-40 dès le premier tour », estime un habitant du village.
Le jour du 1er tour à midi : un SMS viral pour appeler à voter Louvrier
Plus embêtant pour Franck Louvrier : un de ses militants a partagé, le 15 mars à 12h29, un SMS pour appeler à voter Louvrier – strictement interdit par le code électoral. Le contenu du SMS, reçu par des dizaines de baulois, est : « on ne cède pas à la paranoïa ambiante et à Macron, on pense à La Baule : pour notre ville on se mobilise et on va voter pour Franck Louvrier et « une énergie nouvelle pour la Baule Escoublac ».
Les articles 47, 49 et 49-1 du code électoral interdisent, le jour du scrutin et la veille (donc samedi et dimanche 14 et 15 mars, en l’occurrence) « toute propagande officielle, notamment audiovisuelle, toute réunion électorale ; toute distribution de tracts, circulaires et autres documents ; tout envoi au public, par voie électronique, d’un message ayant le caractère de propagande électorale ; tout appel téléphonique en série des électeurs afin de les inciter à voter pour un candidat ; toute publication d’un entretien d’un candidat par un quotidien, toute actualisation ou modification d’un site internet d’un candidat ».
Pas moins de quatre plaintes dans la campagne
Le 23 mars 2020, le général de Zuchowicz a déposé plainte en son nom et celui de son association suite à la diffusion, le jour du premier tour, d’éléments mensongers par des proches et des colistiers de la liste de Franck Louvrier ; selon nos informations, ceux-ci auraient trait à la composition du bulletin du général de Zuchowicz, différents de ceux déposés en Préfecture. Sur ces mêmes éléments, Franck Louvrier a déposé un recours le jour du vote, classé sans suite après rectification d’une erreur matérielle.
Le 22 avril, une enquête était diligentée et le commissariat de Saint-Nazaire saisi. Une seconde plainte a été déposée par le général, cette fois portant sur l’augmentation de 10% ( !) du nombre d’électeurs baulois en huit mois, de juin 2019 à début février 2020 : 1934 de plus sur actuellement 16.500 habitants.
Entre temps, des proches de Franck Louvrier – jusqu’à son directeur de campagne, le vieux routier de droite Gatien Meunier – ont été jusqu’à mettre au service de leur cause l’un des frères de Jean-Yves Gontier, en rogne après avoir été assigné par les autres membres de la famille, dont le candidat aux municipales, suite à un partage successoral inégal. Auprès de journalistes qui ont été assez sains pour ne pas tomber dans le caniveau en reproduisant ses propos, il a divulgué diverses rumeurs qui se sont avérés fausses – notamment que Jean-Yves Gontier aurait été interdit bancaire, ce qui s’avère faux. Suite à ces confidences, Jean-Yves Gontier a porté plainte pour diffamation.
La page Wikipédia du général de Zuchowicz piratée
Last but not least, le 21 juin 2020 à 11h47, la page Wikipédia du général de Zuchowicz est piratée par un obscur inconnu, qui ajoute « comme le Maréchal Pétain avant lui, il a collaborer [sic] avec l’ennemi pour avoir un siège au conseil municipal de la Baule ».
Pétain élu à la Baule ? Voilà une page d’Histoire de France injustement ignorée… Il va sans dire que le général a porté plainte pour injure et diffamation publique ; Wikipédia conservant les IP des contributeurs, ce dernier ne va pas être très difficile à retrouver, d’autant que c’est sa seule contribution sur l’encyclopédie collaborative.
Cette modification sauvage de la page Wikipédia n’est qu’un avatar des multiples diffamations qui circulent sur internet, alimentées pour l’essentiel par une triplette de colistiers ou de militants de Franck Louvrier que nous avons identifiés, mais dont nous aurons la charité de ne pas rendre public les identités : mails avec des informations diffamatoires sur Jean-Yves Gontier envoyés aux personnes âgées de la Baule, vidéos et publications Facebook injurieuses, etc.
Un proche de Franck Louvrier a racheté La Baule Privilège, mais n’y apparaît pas
Il existe à la Baule un ramasse-pub de luxe qui se nomme La Baule privilège : des photos magnifiques, une image très « derby, polo, jumping ». Eclat de l’ancien royaume publicitaire d’Hervé Louboutin fondé il y a 32 ans et qui se dit édité à 20.000 exemplaires – mais qui est curieusement introuvable dès sa parution, La Baule Privilège a été racheté en juillet 2019 par Nicolas Appert.
Ce proche de Franck Louvrier, présent sur sa liste et ex-militant LREM exclu du mouvement est actif dans le conseil (Inexbee, Baker Consulting, BPL Group, Blue Day consulting), comme Franck Louvrier d’ailleurs. Sa société Baker Consulting édite La Baule Privilège… mais il n’apparaît nulle part. Le directeur de publication est l’écrivain Stéphane Hoffmann, qui collabore par ailleurs à la revue municipale les Rendez-vous de la Baule.
Cependant, la loi oblige le gérant de la société éditrice à apparaître comme directeur de publication. D’après l’article 93-2 de la loi du 29 juillet 1982, « Lorsque le service est fourni par une personne morale, le directeur de la publication est le président du directoire ou du conseil d’administration, le gérant ou le représentant légal, suivant la forme de la personne morale ». Mais si Nicolas Appert apparaissait sur l’ours, son journal aurait-il obtenu des publicités de la mairie de la Baule ?
D’autant que le journal semble manquer d’annonceurs, et propose des tarifs cassés – double-page de publi-rédactionnel dans le supplément gourmand à paraître en juin 2021 à 1500 €, et même 3 pages entre la Baule privilège et le HS gourmand à 2500 €.
Emilie Lambert
Illustration : DR
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