Au Pouliguen, avec 51% de participation, le premier tour a vu virer en tête Norbert Samama (centre), 42.45%), devant les deux listes de droite – le maire Yves Lainé ne se représente pas, celle de l’ex-baulois et anti-éolien Alain Doré (30.6%) et celle de Valérie Ganthier (27%).
Après s’être déchirées dans l’entre-deux tours, ces deux listes n’ont pas fusionné, même si Alain Doré a reçu le soutien de l’actuel maire Yves Lainé et de son meilleur ennemi Christian Cannone, laissant Norbert Samama en position de prendre la ville et de trancher le débat entre rattachement à la Baule et identité pouliguennaise. Interview.
Breizh Info : Vos adversaires n’ont su s’unir, qu’en pensez-vous ?
Norbert Samama : Ils sont mieux placés que moi pour en parler ! Alain Doré et Valérie Ganthier sont deux candidats aux antipodes, avec une incompatibilité de fond : Mme Ganthier défend l’indépendance du Pouliguen, alors qu’Alain Doré a une attirance très forte vers son ancienne commune [où il est directeur des services techniques depuis 2000 et du port depuis 2003] Nous, on a le souhait de créer des liens avec le Croisic et Batz, pas de les isoler en se rattachant à la Baule.
Breizh Info : Que pensez-vous de la gestion de la plage, et iriez vous vers une gestion commune avec la Baule, voire Pornichet ?
Norbert Samama : Nous ne sommes pas sur une gestion commune avec la Baule, on peut évidemment trouver des synergies, mais c’est à nous de gérer notre plage. Evidemment, Alain Doré rêverait d’une gestion déléguée au Pouliguen pour éviter les contentieux entre exploitants et mairie, nous on pense être pertinents pour gérer ce domaine communal à notre manière. La gestion déléguée n’est pas si efficace : lorsque la gestion des cabines a été confiée à la SAUR, la première année, les coûts ont grimpé de 36% ! quant aux économies d’échelle qu’on est censés réaliser avec Cap Atlantique [l’intercommunalité], elles ne sont pas évidentes non plus. Depuis quelques années on redécouvre l’importance d’enrichir l’échelon communal, il faut revenir au fondamental que constituent la commune et le maire, qui ont la réelle proximité avec le citoyen.
Breizh Info : Adaptez-vous votre programme à la crise sanitaire du Covid ?
Norbert Samama : Bien sûr, mais on ne considère pas que toutes les réflexions d’après-crise sanitaire aient remis à plat notre projet. Nous voulons en accélérer les évolutions telles que le développement du télétravail, l’implantation d’un pôle cancer sur la commune…
Breizh Info : Avez-vous des mesures spécifiques post-crise du Covid ?
Norbert Samama : Oui, notamment accompagner les commerces, mettre en place un plan sanitaire communal, un réseau d’entraide basé sur la réserve civique – il a été créé en un mois au Pouliguen avec 60 bénévoles et on a vu dans cette crise que si nous nous étions appuyés sur notre réseau de bénévoles associatifs, nous n’aurions pas pu le créer car la plupart ont plus de 70 ans. Nous prévoyons aussi d’exonérer les droits de terrasse, encadrer par une charte les terrasses et leurs extensions, et reverser les loyers commerciaux que touche la commune dans un fonds de soutien aux commerces locaux dénués de terrasse, afin de créer une péréquation communale.
Breizh Info : Allez-vous comme à Tours, où a été mis en place le plan Etincelle à destination des commerces locaux, avec 30.000 bons d’achats solidaires de 50 €, mettre en place un système semblable au Pouliguen ?
Norbert Samama : Une partie de ce fonds de solidarité communal ira aux commerces de la commune. Les artisans seront autorisés à travailler l’été avec plus de souplesse et nous allons mettre en place un système de réservation de places avec des vignettes pour les artisans locaux, sans étendre en revanche la piétonnisation par rapport à l’existant.
Breizh Info : Beaucoup d’animations estivales ont été annulées sur la côte, au grand dam des commerçants et hôteliers qui essaient de sauver une saison touristique qui s’annonce bien incertaine. Comment voyez-vous la saison estivale et allez-vous remettre des animations ?
Norbert Samama : On va s’adapter aux contraintes sanitaires, dans l’objectif de relancer les choses, d’autant qu’on aura une clientèle plutôt à longue durée – les propriétaires de résidences secondaires et des locations de longue durée, deux à trois semaines. On a intérêt à essayer de capter ce nouveau tourisme, mais il faut des animations, et on en fera dans la mesure du possible. La mairie actuelle n’a pas souhaité mettre en place une cellule pour y réfléchir, c’est clair qu’il y a eu une certaine démobilisation de l’exécutif municipal sur ce sujet, mais on va y remédier.
Breizh Info : Certains s’intéressent déjà au troisième tour que constitue l’élection du président de l’intercommunalité Cap Atlantique, avec le départ d’Yves Métaireau, l’inévitable bataille entre les ambitions des maires de la Baule et de Guérande, le souhait des petites communes que la présidence échappe à ces deux grandes villes… qu’en pensez-vous ?
Norbert Samama : C’est un peu comme la question de la fusion entre la Baule et le Pouliguen : je pense qu’il vaut mieux avoir des petites communes qui aiguillonnent que des grandes communes qui s’endorment. Pour l’intercommunalité, il faut d’abord et avant tout un projet, ce n’est pas une élection politique.
Propos recueillis par Louis-Benoît Greffe
Illustration : DR
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