Ce qui frappe dans toute cette agitation autour de la mort de George Floyd, c’est la rapidité avec laquelle une indispensable et légitime dénonciation de violences policières s’est muée en une vaste opération d’inculpation de l’homme blanc, dont on condamne le passé, dans son intégralité. Le monde d’avant ne serait qu’obscurité, tortures, abominations en tout genre. Et le mâle blanc en serait le seul et unique responsable. Le caractère profondément raciste, assumé et revendiqué par les manifestants, et la réécriture mensongère de l’Histoire qu’ils opèrent, soutenue par les médias, ont de quoi laisser pantois.
Les communautaristes noirs : « Nous sommes des éternelles victimes, vous, des éternels privilégiés »
Fini les revendications d’égalité et la glorification des afro-américains qui comptent, place à la vengeance et à la vindicte. Fini la fierté, place à la hargne. « Nous sommes des éternelles victimes, vous, des éternels privilégiés ». Le Blanc doit payer pour son passé esclavagiste et colonisateur. Cette démarche, pour ahurissante qu’elle soit, pourrait, à la limite, paraître justifiée… si elle ne reposait pas sur une vaste arnaque historique. Car elle occulte que l’esclavage et la conquête furent des constantes de l’Histoire de l’humanité dans son ensemble, et qu’elles ne sont en rien une exclusivité du monde blanc. Des Mayas aux Chinois, des Vikings aux tribus africaines, des Indiens aux peaux-rouges, des Maoris aux Japonais, quasiment toutes les sociétés traditionnelles détenaient des esclaves : à la suite de conflits externes ou inter-tribaux, les vainqueurs réduisaient en esclavage les vaincus, c’est une réalité née avec l’homme. Déplorable, atroce, certes, mais universelle.
Pareillement, faire des capitalistes européens les seuls à avoir pratiqué la traite négrière est tout aussi faux que partisan puisqu’au moins deux grandes autres traites – aux chiffres comparables, si ce n’est supérieurs – furent opérées par les Arabes et les Africains eux-mêmes. L’anthropologue sénégalais, Tidiane N’Diaye, est clair à ce sujet : « bien qu’il n’existe pas de degré dans l’horreur ni de monopole de la cruauté, on peut soutenir sans risque de se tromper que le commerce négrier et les expéditions guerrières provoquées par les Arabo-Musulmans furent, pour l’Afrique noire et tout au long des siècles, bien plus dévastateurs que la traite atlantique.« (Cité dans Mythes et manipulations de l’histoire africaine, Bernard Lugan, Bernard Lugan éditeur, 2013.).
Ce business, qui fut accompagné d’horreurs comme la castration des esclaves mâles, commença au VIIIe siècle et ne prit fin que grâce à la colonisation européenne.
Quant à la traite interafricaine, si l’on a déjà rappelé que quasiment toutes les sociétés traditionnelles étaient esclavagistes, n’oublions pas que des royaumes africains se sont enrichis d’une manière considérable en vendant leurs « frères », car jamais les Européens ne pénétrèrent à l’intérieur du continent Noir pour s’emparer du butin humain.
Dès lors, si l’on considère naturel que les fils d’esclaves africains protestent pour leur passé ô combien douloureux, il faudra être cohérent et demander réparation aux descendants des Africains, des Arabes et des Turcs qui les ont jadis vendus ; et remercier les héritiers de ceux qui, parmi les Européens, ont mis fin à l’esclavage (notant au passage que seuls ces derniers en ont décrété l’abolition).
Derrière la repentance, le racisme anti-blanc ?
Or, ce que ces lignes mettent en évidence, c’est le côté irréalisable de la chose, George Floyd n’ayant pas plus subi l’esclavage que je ne l’ai moi-même pratiqué ! Il est complètement malsain de demander que « des gens s’excusent de méfaits qu’ils n’ont pas commis pour complaire à d’autres qui ne les ont pas subis » (Alain de Benoist, Entretien réalisé par Nicolas Gauthier, boulevard Voltaire.fr, juin 2015). On voudrait l’homme blanc à genoux, mais c’est toute l’humanité qui devrait l’être ! Insultes à la dignité humaine, la repentance et la concurrence victimaire mènent inexorablement au chaos social, à la guerre de tous contre tous.
Toute cette agitation n’est qu’une vaste fumisterie, dont le caractère malhonnête est patent : les têtes pensantes de mouvements à la Black Lives Matter ne peuvent pas ne pas savoir. Ils s’attribuent une exclusivité de l’esclavage, passant sous silence les millions d’esclaves européens razziés sur les littoraux de la Grèce à l’Islande, ou enlevés en Europe orientale pour enrichir la très lucrative traite des Blancs, qui dura, quant à elle, plus d’un millénaire !
Non, les responsables d’associations antiracistes, les intellos médiatiques, les universitaires et autres activistes des lobbies de la bien-pensance ne peuvent pas, non plus, ignorer que le mot « esclave » dérive de « slave », les membres de ce peuple étant longtemps considérés comme « les meilleurs des esclaves ». Ils ne peuvent pas méconnaître que les premiers travailleurs forcés aux États-Unis étaient d’origine européenne, ni que les Noirs et les Indiens libres possédaient, eux aussi des esclaves. Ni que les Afro-américains qui fondèrent le Liberia réduisirent en esclavage les indigènes dès leur arrivée en Afrique. Ni qu’il y avait plus de soldats Noirs dans les rangs de l’armée sudiste que dans celle du Nord, car des milliers d’entre eux vivaient somme toute assez bien au sein des familles qui les possédaient… La liste de ces omertas est longue, trop longue, pour ne pas mettre en lumière une volonté frauduleuse de réécrire l’Histoire, à sens unique.
On peut, certes, invoquer la bêtise, l’ignorance ou l’inculture de la majorité des militants qui abîment les statues de Cervantès (qui fut lui-même un esclave !), du Général Lee (qui n’était pas un farouche esclavagiste !) ou de Christophe Colomb (qui n’a jamais mis un pied sur l’actuel territoire des USA !) mais les leaders activistes ne peuvent pas ignorer l’Histoire. À moins de faire volontairement dans le racisme antiblanc.
Audrey D’Aguanno
Illustration : DR
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