Au moment où le confinement devenait à peine généralisé, des avocats d’affaires prévoyaient déjà une hausse des contentieux liés au reprises d’entreprises après la reprise de l’activité. On y est, avec des perspectives particulièrement moroses qui vont de 900.000 emplois détruits en 2020 (Unedic) à un emploi salarié sur cinq rayé de la carte. Au premier semestre 497.400 emplois salariés ont été détruits en France, l’intérim s’étant effondré de 40%.
Les bases de données des défaillances d’entreprises relatent un accroissement de celles-ci depuis le début du confinement : 20 en avril (dont 4 de construction, 1 de nettoyage et 1 centre équestre), 29 en mai (dont 2 en événementiel, 1 usine d’outillage – Atoutforme SAS à Nantes – et 4 dans le bâtiment). En juin, ce sont encore 25 entreprises touchées, jusqu’au 18 juin, dont 3 dans le secteur de la restauration et 4 dans le bâtiment.
Sur Repreneurs.com il y a plus de liquidations recensées, jusqu’au 24 juin – ce sont ainsi 139 entreprises qui y sont recensées, dont une vingtaine de jugements en juin. Depuis mi-mai, on recense ainsi dans les entreprises en défaillance 5 entreprises agricoles (dont 3 exploitations), 18 cafés et restaurants, 2 entreprises de nettoyage et autant dans le marketing, 3 dans l’événementiel (dont une qui concevait et montait des stands), 25 dans le bâtiment, 5 PME industrielles, 5 dans l’automobile (dont une auto-école), 6 commerces de bouche, 2 entreprises de gardiennage et d’installations d’alarmes, 4 dans l’immobilier et même une supérette.
Des centaines de commerces à vendre
Dans la restauration, seules 2 affaires en liquidation judiciaire sont actuellement à vendre, toutes proches de la Baule, dont une avec une salle de 80 places ; elles devraient être plus nombreuses dans les mois à venir. Par exemple toujours à la Baule, la maison Pavie, dirigée par l’ex-tenancier du Nossy Be, Stephane Malhaire, est en redressement depuis mars 2019.
Sur l’ensemble du département, ce sont pas moins de 3811 entreprises à vendre, dont 854 commerces (349 à Nantes) . « Ceux qui ont réussi à vendre avant le début du confinement ont eu beaucoup de chance – leurs repreneurs, moins, surtout s’ils ont fait les investissements en espérant rouvrir mi-mars ou début avril ; le confinement et la crise ont stoppé beaucoup de ventes qui étaient en cours », relève un cafetier chevronné à Nantes.
Pour tenter de limiter les dégâts, les collectivités mettent de l’argent sur la table – par exemple 21 millions d’euros pour le conseil général de Loire-Atlantique sur deux ans, dont un tiers pour rénover les routes. Mais ces flots d’argent public – y compris de la part de collectivités dont l’économie ne rentre pas dans les compétences – ne suffiront probablement pas.
« Trop peu, trop tard », commente un chef d’entreprise nantais. « Ça aidera surtout les gros, qui vivent de la commande publique et font une grosse partie de leur chiffre hors du pays. Les petits couleront car c’est une cascade. Même les entreprises en bonne santé finiront par être touchées, on rentre dans une période de 6 à 9 mois qui va être très dure, d’autant que tous les pays autour de nous sont touchés aussi, et que tous les secteurs trinquent ».
Louis Moulin
Illustration : Anthony Quintano (Flickr cc)
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