Municipales en Loire-Atlantique. Ces communes où il va y avoir du sport

Le 28 juin prochain, 27 communes du département connaîtront un second tour. Dans quatre d’entre elles, Guérande, Donges, Blain et Nantes, le match apparaît plié en faveur du maire sortant, largement en tête au premier tour et où il n’y a pas eu de fusion des opposants. Dans une demi-douzaine d’autres, il y aura du sport. Revue concise des enjeux, commune par commune.

Le Croisic ou le duel des Deux Dames.

L’élection se résume à un duel entre la sortante Michelle Quellard (45.03%) et sa poursuivante Françoise Thobie (42.81%), que 44 voix séparent. Ex-adjointe de la première, Françoise Thobie avait déjà échoué à 69 voix près en 2014. L’entre-deux tours a été difficile, avec des passes d’armes entre le maire et sa poursuivante sur diverses histoires locales, dont l’école de musique. Malgré sa candidature novatrice, le marcheur Jean-François Chanteur (12.15% le 15 mars) semble condamné à faire de la figuration.

Clisson rebasculera-t-elle à gauche ?

Au soir du 15 mars, le maire sortant Xavier Bonnet (41.83%) avait 115 voix de retard sur son challenger de gauche Franck Nicolon ; le candidat du mouvement Agir (ex-LR qui ont rejoint Macron) Richard Bellier ne fait que 12.15% des voix, contre 21% au premier tour en 2014 ; il se maintient. Xavier Bonnet espère capitaliser sur sa gestion de la crise et bénéficier de la prime au sortant ; en 2014, il n’avait été élu qu’avec 31 voix d’avance sur l’ex-maire de gauche Jean-Pierre Coudrais. Cette fois, le résultat risque d’être serré aussi.

Villeneuve-en-Retz, quadrangulaire pour une fusion ratée.

Issue de la fusion de Bourgneuf (qui comprend Saint-Cyr) et de Fresnay en Retz, Villeneuve ne va pas bien. Assez pour avoir suscité pas moins de quatre candidatures au premier tour, dominé par le maire sortant de Fresnay en Retz, Jean-Bernard Ferrer (34.2%), qui s’est présenté en dénonçant la fusion et le changement d’intercommunalité, et le maire sortant de la commune nouvelle (et de Bourgneuf) Alain Durrens (DVG, 25.8%). Artificielle, la fusion n’attire pas les électeurs : au premier tour, ils ont voté pour celui qui incarne le mieux leur ancien bourg.

Basse-Indre, être à droite, ça ne se fait pas.

A (Basse-)Indre, on votera à gauche, ou… à gauche, ou à gauche. Au premier tour, avec 56.5% de participation, le candidat divers gauche Anthony Berthelot a viré en tête (48.07%%), talonné par le maire sortant Serge David (38.87%) et loin derrière, Thierry Diquelou (13.06%), qui se maintient tout de même.

« Leur programme, c’est de déboulonner Serge David », estime le maire sortant, qui a redressé une commune au bord de la faillite et espère capitaliser sur sa gestion de la crise sanitaire. Le confinement a été marqué par une passe d’armes entre le maire sortant et Anthony Berthelot – qui a déposé plainte pour diffamation – après des tags d’extrême-gauche fin mars dernier dont l’autrice, identifiée, aurait été proche de la liste Berthelot.

Saint-Herblain, division à gauche, espoir à droite.

A l’ouest de Nantes, le marcheur Matthieu Annereau (26.16% le 15 mars) espère réaliser ce qui a raté en 2014 du fait de la division de la droite – outre Annereau (35.55%) pour l’UMP, alors il y avait Myriam Gandolphe pour l’UDI. Autrement dit faire basculer la commune à droite car la gauche se présente divisée, l’ex-adjoint de la municipalité sortante Jean-François Tallio (EELV) s’étant allié avec LFI (30.29%) et le maire socialiste sortant virant en tête seul (43.55%). Il reste amplement favori.

Bouguenais se réveillera-t-elle à droite ou communiste ?

L’avenir ou le passé, c’est le choix de Bouguenais, l’ex-commune de l’élue anti-NDDL Françoise Verchère, qui n’avait cessé de dénoncer avec courage magouilles et compromissions du projet de l’ex-futur aéroport nantais. Après une quadrangulaire au premier tour et une participation désastreuse (36.7%%), la chef de file de droite Sandra Impériale avait viré nettement en tête (41.78%). Néanmoins les forces de gauche sont désormais rassemblées derrière le communiste Gauthier Lorthiois, adjoint sortant aux Finances de Bouguenais. Encarté depuis 2008, originaire d’Arthon-en-Retz, il a été candidat aux cantonales à Pornic en 2011 (2.22%), aux législatives pour le Front de Gauche en 2012 (4.03%) et suppléant aux législatives sur la 4e circonscription en 2017 (1.14%).

Orvault, centre déchiré, écolos bien placés.

A Orvault, il est permis pour les écolos menés par Jean-Sébastien Guitton d’espérer. Les élus sortants centristes Monique Maisonneuve (32.64%) et Sébastien Arrouët (32.13%) se sont déchirés pendant la campagne et n’ont su s’unir ; le dernier est par ailleurs au cœur d’un conflit d’intérêt, tandis que la gestion de l’urbanisme communal de la première est décriée. Ce qui fait l’affaire de la gauche (35.23%) en tête du premier tour marqué par une participation bien en-deçà des habitudes (41.12%). Face à la gauche, l’ancien maire André Louisy soutient Arrouët, tandis que Parpaillon, mis sous pression, soutient Maisonneuve envers et contre tous – sauf de LREM qui y a placé sa militante Stéphanie Delcroix. Jean-Sébastien Guitton, qui veut faire d’Orvault une ville pilote de la transition énergétique, peut aussi compter sur l’évolution de la sociologie locale.

Rezé : tous contre Allard ?

Des 7 listes au premier tour, il n’en reste que trois. Le maire sortant socialiste Gérard Allard, plombé après la suspension jugée tardive d’un animateur périscolaire pour attouchements, puis la fronde des parents et des profs de la même école, a évité l’effondrement qu’on lui prédisait (20.18% le 15 mars) mais a été largement distancé par le divers gauche Hervé Neau (33,71%).

Depuis, Rezé à Gauche toute (9.6%) a rejoint le second, tandis que les écolos de François Nicolas (11.5%) le premier – comme à Nantes et Orvault, mais à rebours des alliances passées dans d’autres bastions socialistes (Sant-Herblain, Saint-Nazaire…). Le marcheur et entrepreneur Yannick Louarn, novice en politique, se maintient et peut améliorer son score du premier tour (11.5%). Sa conversion à la cause animale ne l’a pas sauvé : Philippe Seiller, héraut de la droite historique, est balayé avec 9.87%.

Sainte-Luce : un Misler vous manque et rien n’est assuré.

Particulièrement indécis, le premier tour a vu le candidat de gauche Anthony Descloziers virer en tête à 17 voix près (40.84%) sur le maire sortant Jean-Guy Alix (40.47%), élu dès le premier tour en 2014 contre le précédent, PS officiel (25.56%) et surtout l’ex-maire ex-PS Bernard Aunette (23.82%) ; ce dernier avait ensuite rompu et avec le PS et avec sa commune en s’installant à Nantes, refuge des élephants, mécaniques ou non.

Le troisième homme, Jean-Paul Misler (18.69%), ex-président de l’union des commerçants, puis ex-adjoint au commerce démissionnaire en 2018 s’est retiré sans donner de consignes ; sur sa liste, il y avait le marcheur Clément Menanteau. Les deux adversaires ont fait des appels du pied à sa liste, sans succès.

Ancenis basculera-t-elle à gauche pour éviter le fils Landrain ?

Les municipales d’Ancenis(-Saint-Géréon) fleurent bon l’ancien temps : le candidat de droite n’est autre que Pierre Landrain, fils de l’inamovible Edouard Landrain, maire (1977-2001) puis député d’Ancenis. Ce dernier est aussi à l’origine d’un « aéropole d’affaires international » qui a englouti 54 millions de francs à l’époque, en 1996 jouxtant une zone d’entraînement à basse altitude de l’armée qui restreint nettement son exploitation.

Résultat, la gauche de Rémy Orhon vire de peu en tête le 15 mars (41.36% et 48 voix d’avance sur le fils Landrain). Comme d’habitude, Nathalie Poirier se retire et soutient le candidat de droite – cette fois Landrain, mais cinq de ses colistiers soutiennent Orhon, contre la « coloration LREM importante et pas forcément affichée » de la liste Landrain. Si le fils passe, les anceniens pourront toujours ressortir les fils de la Chaussette, le journal satyrique local fondé en 1996 contre Landrain (père)… et tous les autres.

Saint-Nazaire : quand droite et centre soutiennent l’extrême-gauche contre Samzun

C’est rare, mais très éclairant sur l’âme de la « droite » à Saint-Nazaire : leurs leaders Jean-Michel Texier (centriste) et Stéphane Gaschignard (droite) vont voter… pour la liste de Pascale Hameau (17.67% au premier tour, alliée avec Pascale Benizet-Thual, 13.53%) qui comprend des colistiers EELV, mais aussi NPA et PCF. Marquée par l’affaire Da Silva, qui a vu la première adjointe PS Laurianne Deniaud tenter de déboulonner le maire Samzun avec l’aide de ses alliés de gauche et des réseaux féministes parisiens, la mandature se finit sur une alliance du bestiaire politique local dans le TSS, tout sauf Samzun (39.26% le 15 mars).

Le premier tour aura vu pas moins de 9 listes concurrentes, avec un éclatement total de la droite, entre Saint-Nazaire la mer de Denis Lambert (3,57%), les marcheurs sans investiture LREM de Julien Goussot (5.04%), les centristes lâchés par LREM de Texier (5.55%), la droite officielle de Gaschignard (6,13%) et le RN de Gauthier Bouchet coulé par une campagne cahoteuse et errante (7.05%, il perd ses élus). Quel gâchis !

Saint-Brévin, imbroglio au sud de la Loire.

Avec cinq listes au premier tour et quatre au second, les municipales de Saint-Brévin restent un sac de nœuds. Comme expliquer les alliances et les coups bas entre candidats – trois du centre et une de gauche – nécessiterait de distribuer de la vodka à nos lecteurs, nous renvoyons à nos confrères d’Ouest-France qui ont tenté courageusement d’y voir plus clair (ça reste compliqué).

Pour faire simple, le maire sortant Yannick Morez (24.42%) est en retard de 24 voix sur son ex-adjoint Benoît Guérin investi par LREM (24.92%) mais espère y arriver du fait de la division des concurrents et de sa gestion de la crise sanitaire. Le candidat de droite Bernard Revel (15.19%) a fusionné avec la centriste Nathalie le Berre (14.35%%), ce qui donne en théorie l’avantage à l’alliance, mais une partie de ses colistiers ne le suivent pas et crient à « la magouille et à la trahison ». Rideau le 28 au soir.

Le Pellerin. Écolo ou centriste ? Pas Morival en tout cas.

Avec ses 42.53% pour une participation de 42.5% au premier tour, l’adjoint sortant François Brillaud de Laujardière, centriste, semble à l’avantage. Il est néanmoins talonné par une liste écolo qui traduit l’évolution de la sociologie locale (Sandrine Falot, 37.69%%) et la liste de gauche de Françoise Paquet (19.78%). Le Pellerin semble avoir cependant tourné les pages de Benjamin Morival, débarqué en cours de route par une fronde de sa propre majorité – il a échoué à être candidat en 2020 et cinq de ses ex-adjoints ont porté plainte contre lui en février 2020 après un tract qu’ils estiment « diffamant » – et de l’ex-maire Valérie Demangeau (PS) sèchement battue en 2014.

Machecoul-Saint-Même : un second tour très indécis dans une autre commune nouvelle.

Le 15 mars a laissé les électeurs sur leur faim : Hervé de Villepin, maire sortant de Saint-Même le Tenu, et le machecoulais Laurent Robin ont obtenu exactement le même nombre de voix (39.26%, 1036 voix). Ce sont les « petits » candidats qui semblent faire l’élection : Christian Brethes (8.41%) apporte ses 222 voix au moulin d’Hervé de Villepin ; contre toute attente, Dominique Pilet (13.07%) s‘est retiré sans donner de consigne de vote, tout en indiquant qu’il ne votera pas personnellement pour Hervé de Villepin. Le duel reste donc ouvert…

Louis-Benoît Greffe

Illustration : DR
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