Distancé au premier tour de 10% et 143 voix par l’ex-adjoint de l’ancien maire le Drenn Anthony Berthelot, le maire sortant de (Basse-)Indre Serge David doit cravacher dur pour espérer se faire réélire, bien qu’il n’ait pas démérité depuis 2014 – il a notamment redressé une commune au bord de la faillite et où les investissements pour entretenir le patrimoine communal n’étaient plus à la hauteur depuis des années. Interview.
Breizh Info : Serge David, avez-vous adapté votre programme au Covid ?
Serge David : Bien sûr, mais le Covid montre aussi que la réflexion au cœur de notre projet était bonne ; par exemple, il va falloir revoir les opérations d’urbanisation à venir pour que les gens aient un peu de verdure – donc revenir aux lotissements – ou au moins un grand balcon où ils peuvent sortir, manger etc. s’ils ont un appartement ; les gens veulent de l’air, de la verdure et de la lumière. Il faudra aussi certainement adapter les équipements sportifs, comme les douches.
Breizh Info : les villes se mettent aussi massivement à aménager des pistes cyclables, même temporaires…
Serge David : Là, on est prêts ! Dans le cadre du plan climat, le pôle Loire-Chézine (Couëron, St Herblain, Indre) a été défini prioritaire au sein de la métropole pour définir des axes de déplacements doux dans le cadre de la démocratie participative ; il est aussi prévu de faire un axe cyclable le long de la Loire, pour se raccorder via le bac à la piste sur le côté sud, du Pellerin à Nantes, seul reste à aménager le tronçon du Tougas au bac du Pellerin.
Breizh Info : Des communes ont déjà commencé à réduire les investissements, comme Batz sur Mer, où la nouvelle équipe a enterré l’extension de la mairie 35 grande rue (1.2 millions d’euros), anticipant la crise financière. Allez vous, si vous êtes réélus, réduire aussi la voilure.
Serge David : Non, car on l’a déjà fait : depuis 2014, on a perdu 350.000 € de dotation globale de fonctionnement par an et on reverse même 80.000 € à l’Etat. En plus, du fait d’un contentieux entre Naval Group et l’Etat – qui s’est réservé des bâtiments de l’arsenal d’Indret pour l’armée et pour lesquels Naval Group refuse de payer le foncier – on perd encore 400.000 € par an.
Breizh Info : alors comment avez-vous fait ?
Serge David : On a mis en stand-by certains projets, comme la cuisine centrale, et on a du augmenter les impôts [et les tarifs communaux en général] à deux reprises, ce qui a évidemment provoqué un tollé ; mais le problème, c’est qu’on a des valeurs locatives très basses, comme au Pellerin, alors que tout autour c’est au moins le double. Donc on n’a fait que revenir à la moyenne, ce qui a permis d’assainir les comptes de la commune – je termine mon mandat sur un excédent d’1.6 millions d’euros et d’investir 1 million d’euros par an pour remettre à niveau le patrimoine communal vieillissant, laissé à l’abandon par mes prédécesseurs.
Breizh Info : Alors qu’on parle d’une seconde vague du Covid en septembre, allez vous constituer un stock sanitaire communal, comme le proposent certains candidats ou certains maires à peine élus ?
Serge David : C’est fait. Contrairement à d’autres, on avait fait des achats de masques pour anticiper les pénuries et on en avait pour nos services pendant le Covid. On a aussi commandé 4000 masques pour nos 4000 habitants – il nous en reste encore 1500 après distribution, et le département nous en a donnés pour le CCAS.
Breizh Info : La campagne, y compris pendant le confinement, a été dure, avec plusieurs passes d’armes entre vos opposants et vous. Votre avis ?
Serge David : Moi, j’ai un bilan et je les ai battus [dès le 1er tour], ils étaient [Berthelot et Diquelou] tous deux adjoints sortants de le Drenn, sur la même liste. Ils n’avaient rien donné aux associations, nous on a investi dans des équipements à leur demande, on a créé les mercredis d’Indre pour donner des activités culturelles, musicales, pour les enfants, à ceux qui l’été ne partent pas en vacances, on a créé un petit marché du mercredi en plus de celui du dimanche qui attire beaucoup de monde, on a un projet de skate park avec les jeunes, mais évidemment, ils ne m’attaquent pas sur le bilan !
Breizh Info : sur quoi alors ?
Serge David : Ils réclament de la démocratie locale, mais où était Berthelot de 2014 à novembre 2019, quand il a quitté la commune ? Et où était Diquelou lors des débats sur le PLUM [plan d’urbanisme métropolitain], lors des débats sur la Loire – nous sommes la seule commune de Basse-Loire à l’ouest de Nantes à avoir une rive nord et une rive sud avec Indret, et je me suis attaché à valoriser nos quais, avec des façades colorées, des bancs ? Ils étaient absents de toutes les concertations, invisibles…
Propos recueillis par Louis-Benoît Greffe
Illustration : DR
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