Samedi 13 juin, neuf personnes manifestant pacifiquement en faveur du frexit devant le siège de la Commission européenne à Paris ont vu arriver 40 policiers qui les ont contrôlées et verbalisées, juste le jour où le Conseil d’Etat suspendait l’interdiction de manifester et que 15 000 personnes battaient le pavé sans autorisation pour Adama Traoré. Outre cette injustice flagrante, il serait bon de remarquer que la police aurait peut-être pu s’épargner un tel déploiement de moyens pour si peu et rediriger ses effectifs vers d’autre problèmes, par exemple les émeutes qui éclataient au centre de Dijon.
En effet ce jour-là commençaient, pour trois jours, des affrontements entre bandes locales de jeunes « racisés » et des Tchétchènes venant de tout le pays suite à l’agression de l’un des leurs… et ce sans que la police n’intervienne. Trois jours pendant lesquels, n’en déplaise à François Rebsamen -maire socialiste de la ville- en plein déni de réalité, Dijon a vu apparaitre kalashnikovs, revolvers et armes blanches et des voitures incendiées ou utilisées comme béliers dans ce qu’il faut bien appeler une guerre tribale, une première en France métropolitaine depuis quelques 1 500 ans. Une petite guerre tribale certes, mais qui a pu se dérouler et s’étendre tranquillement pendant trois jours avant que le RAID n’intervienne lundi. Tout cela aura fait onze blessés (dont un par balles) et il y aurait quatre interpellés sur au moins cent cinquante participants coté tchétchène (trois seront relâchés et un autre condamné à une amende -Mort De Rire-).
Le pire étant que ce qui a fait cesser les hostilités n’est pas cette intervention des forces de l’ordre, mais bien celle de deux imams sunnites qui ont scellé la réconciliation entre les parties dans une mosquée, d’après les journalistes de Marianne invités pour l’occasion. Le tout sans que cela ne choque ni les politiques ni les médias.
Personne en effet n’a noté ce détail : entre Jean Luc Mélenchon qui réclame subitement l’expulsion des fauteurs de troubles (il faudra le lui rappeler opportunément), Jean François Rebsamen qui s’oppose à la venue de Marine Le Pen à Dijon mais pas à celle de tchétchènes armés et les ministres qui font semblant de ne rien voir, toute cette affaire met en lumière les délicieuses contradictions et la coupure avec le réel qui minent notre monde politique.
C’est pourtant là le plus problématique : il est effarant de voir que l’Etat qui est censé nous défendre (et pour lequel on paye des impôts) n’a pas été capable d’arrêter des scènes de violence dignes du Tiers monde en plein milieu des citoyens, son administration n’ayant pas l’autorité, ni la police la force, pour le faire.
Ou bien alors, serait-ce que le gouvernement n’avait aucune envie d’intervenir dans ce conflit, par peur de bavures ou au nom de la paix sociale? Mais on n’oserait croire que? par calcul politique, il ait décidé de renoncer à ses devoirs, alors que les choses auraient pu dégénérer gravement et coûter la vie à des passants innocents. On les a connus plus réactifs avec les Gilets jaunes.
Ce contraste, entre le manque de réaction envers ces bandes armées ne respectant plus les lois de la République, qui se sont battues en plein cœur de Dijon, et le traitement autoritaire qu’ont reçu ses différents opposants politiques, montre, outre la tiers-mondisation de la France, que le gouvernement a choisi ses ennemis, et ce ne sont pas ceux qui mettent en danger la population française.
Richard Roudier
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