L’obsession d’arrêter des extrémistes de droite en Grande-Bretagne détourne la police, les agents du MI5 et des moyens publics de l’arrestation de jihadistes autrement plus dangereux, a averti aujourd’hui un éminent expert du renseignement. Les langues se délient après les évènements de Reading notamment.
Le colonel Richard Kemp a déclaré à MailOnline qu’il pense que la lutte contre le terrorisme s’est trop focalisée sur l’extrême droite et qu’il s’agissait d’une « imposture » pour « apaiser le genre de personnes qui veulent nuire au Royaume-Uni, comme les terroristes islamiques et la gauche dure ».
Le suspect libyen Khairi Saadallah aurait été sur le radar du MI5 en raison d’un tuyau l’informant qu’il voulait rejoindre l’État islamique et qu’il aurait commis les trois meurtres dans les jardins de Forbury à Reading samedi soir, 16 jours seulement après avoir été libéré de prison.
Saadallah ferait partie des 43 000 personnes au Royaume-Uni dont le MI5 a connaissance et qui représentent une menace terroriste potentielle pour le Royaume-Uni, dont environ 4 000 seraient liées à l’extrémisme de droite par rapport à des dizaines de milliers de jihadistes potentiels.
Neil Basu [photo], le plus haut responsable britannique de la lutte contre le terrorisme, a déclaré à plusieurs reprises que l’extrémisme de droite représente la menace terroriste qui croît le plus rapidement au Royaume-Uni, tandis que la ministre de l’intérieur Priti Patel a déclaré aux Communes cet après-midi que depuis 2017, ils ont déjoué 25 complots terroristes – dont huit seulement sont motivés par des idéologies de droite.
Le colonel Kemp a déclaré que cette focalisation sur l’extrême droite est une « fausse emphase » de la part de la police et des services de sécurité.
Il a déclaré : « Les autorités savent très bien que l’extrémisme d’extrême droite ne constitue pas une menace majeure au Royaume-Uni. La raison pour laquelle on en parle et en discute souvent est qu’il s’agit d’un moyen d’apaiser le genre de personnes qui veulent nuire au Royaume-Uni, comme les terroristes islamistes et, dans une moindre mesure, la gauche dure.
Il est évident que nous avons vu des gens d’extrême droite faire des choses terribles, mais ce n’est pas du tout comparable au djihad islamique ou similaire.
« C’est un faux-semblant. Les autorités savent que ce n’est pas le cas et je crains qu’à cause de ce narratif du gouvernement comme quoi l’extrémisme de droite est un danger, des ressources ne soient détournées alors qu’elles ne devraient pas l’être.
Il est évident qu’on doit les surveiller, mais cela ne doit pas entraîner le détournement de ressources allouées à des priorités plus importantes.
Il va y avoir beaucoup de tension sur les ressources et cela est aggravé par ce focus bidon sur l’extrême droite. Je ne dis pas que l’extrême droite n’est pas une menace et il faut bien sûr fournir des ressources pour y faire face, mais cela ne doit pas se faire au détriment d’autres extrémismes ».
Nigel Farage a déclaré à MailOnline que l’accent mis sur l’extrémisme de droite peut être considéré comme une « diversion » par rapport aux milliers de dangereux extrémistes dans les rues de Grande-Bretagne.
Il a déclaré : « Je déteste la violence sous toutes ses formes – mais nous avons un problème de djihadisme dans le pays et je rejette la faute sur le gouvernement. Nous avons une politique d’immigration et sommes limités par le human rights act qui nous laisse impuissants. Boris Johnson rabâche à propos de tirer les leçons et j’en ai ras le bol ».
Avant l’atrocité de samedi, les jihadistes avaient assassiné 64 personnes et en avaient blessé 212 autres lors d’attaques à l’aide de voitures, de couteaux et de bombes à Westminster, à la Manchester Arena et deux fois sur le pont de Londres.
Au cours de la même période, deux meurtres ont été perpétrés par des terroristes d’extrême droite au Royaume-Uni : le meurtre de la député travailliste Jo Cox par le néo-nazi Thomas Mair en 2016 et le meurtre d’un musulman par Darren Osborne devant la mosquée de Finsbury Park en 2017.
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Pourtant, le ministère de l’intérieur a affirmé en décembre que le nombre de renvois de terroristes potentiels d’extrême droite dépasse désormais le nombre de djihadistes potentiels – ce malgré la violence des extrémistes islamistes qui continuent de tuer et de mutiler un nombre beaucoup plus important de personnes sur le sol britannique.
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Source : Daily Mail
Illustration : DR
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