« Le syndrôme du Pangolin ». Contre les attaques visant la chasse et la pêche, une centaine d’élus s’engagent

Plus de 100 parlementaires viennent de signer une tribune intitulée « Le syndrome du Pangolin ! » rédigée par Eddie Puyjalon et Yves d’Amécourt respectivement élus président et porte-parole du Mouvement de la Ruralité (LMR) en réaction à celle des des 62 parlementaires, conduite par Loïc Dombreval et qui appelle à « mettre un terme aux chasses traditionnelles ».

« Cette tribune est une ode à ces savoir-faire, ces arts naturels fruits de nos us et coutumes et de nos traditions. Plus largement elle est un soutien aux usages, aux coutumes locales et à la vie rurale » expliquent les instigateurs.

Nous vous proposons de retrouver les deux tribunes ci-dessous, à vous de vous faire un avis ensuite.

Tribune 1 : La “France d’après” doit mettre un terme aux chasses traditionnelles

Les Français manifestent des attentes de plus en plus fortes en matière de protection de la biodiversité comme de prise en compte du bien-être animal. Les conditions sont-elles aujourd’hui propices à l’émergence d’une chasse modernisée, en phase avec les enjeux de conservation des habitats naturels et de lutte contre l’érosion de la biodiversité ordinaire ? La diminution constante du nombre de pratiquants (2,5 millions dans les années 1970, moins de la moitié aujourd’hui), l’évolution de la connaissance scientifique et des mentalités, une certaine évolution des pratiques cynégétiques est de fait engagée. Mais elle est loin d’être visible par l’opinion publique à ce jour notamment à cause de la défense de pratiques dépassées qui desservent la chasse dans son ensemble. Ces pratiques archaïques persistantes sont devenues politiquement indéfendables. Les chasses traditionnelles ont une forte connotation négative qui pèse lourdement sur la réputation des chasseurs et la perception de la chasse en général.

Parmi celles-ci citons :

  • Le déterrage des blaireaux et des renards, ou vénerie souterraine, qui consiste à extraire l’animal de son terrier grâce à une pince métallique puis à l’achever à la dague ou au fusil.
  • La chasse à la glu, qui consiste à piéger des oiseaux avec de la colle.
  • La chasse à la matole, qui piège l’oiseau dans une cage.
  • La chasse à la tenderie, seulement autorisée dans une soixantaine de communes qui consiste à piéger les grives à l’aide de collets suspendus.
  • La chasse à la tendelle qui est un dispositif qui écrase l’oiseau avec une pierre dite assommoir.

Ces modes de capture n’échappent à la qualification de braconnage qu’à titre dérogatoire sur une portion limitée du territoire français ou pour une espèce donnée » Concertation. Toutes ces chasses se caractérisent par un stress majeur, une mise à mort souvent indigne et/ou une dimension non sélective qui frappe des espèces non cibles, parfois protégées. Ces pratiques sont insoutenables du point de vue du respect des êtres sensibles que sont les animaux, et à l’opposé d’une chasse qui se voudrait moderne et éthique. D’ailleurs, ces modes de capture n’échappent à la qualification de braconnage qu’à titre dérogatoire, sur une portion limitée du territoire français ou pour une espèce donnée. Ils sont sanctionnés sévèrement en toute autre circonstance. Ainsi, la chasse à la glu est illégale et donc interdite partout en France, à l’exception de cinq départements, dont les Bouches-duRhône, département qui au passage accueillera en janvier 2021 le… congrès mondial de la nature de l’Union internationale pour la conservation de la nature. Il nous semble donc urgent d’acter l’abandon définitif de ces chasses traditionnelles, pratiques incompatibles avec la reconnaissance du bien-être animal et avec l’exigence éthique que la chasse du XXIe siècle appelle de ses vœux. Les chasseurs pourraient ainsi démontrer leur volonté et capacité de modernisation en se délestant volontairement de certains modes de chasse et de pratiques objectivement cruelles. Pour ce dossier et plus que jamais, l’heure est à l’écoute et au débat. L’arrêt des chasses traditionnelles pourrait se faire progressivement, sur un nombre d’années à définir en concertation avec le monde de la chasse, en mettant par exemple en œuvre un dispositif de quotas dégressifs de prélèvements.

Loïc Dombreval, député des Alpes-Maritimes, président du groupe d’études « condition animale » et 62 députés et sénateurs.

Les signataires : Eric Alauzet, député du Doubs ; Arnaud Bazin, sénateur du Val-d’Oise ; Aurore Bergé, députée des Yvelines ; Bertrand Bouyx, député du Calvados ; Pascale Boyer, députée des Hautes-Alpes ; Guy Bricout, député du Nord ; Anne-France Brunet, députée de la Loire-Atlantique ; Carole Bureau-Bonnard, députée de l’Oise ; Philippe Chassaing, député de la Dordogne ; Jean-Charles Colas-Roy, député de l’Isère ; Ronan Dantec, sénateur de Loire-Atlantique ; Yolaine de Courson, députée de la Côte-d’Or ; Typhanie Degois, députée de la Savoie ; Jennifer De Temmerman, députée du Nord ; Elisabeth Doineau, sénatrice de la Mayenne ; Catherine Dumas, sénatrice de Paris ; Laurent Garcia, député de Meurthe-et-Moselle ; Florence Granjus, députée des Yvelines ; Emilie Guerel, députée du Var ; Yannick Haury, député de la Loire-Atlantique ; Dimitri Houbron, député du Nord ; Hubert Julien-Laferrière, député du Rhône ; Claudine Kaufmann, sénatrice du Var ; Stéphanie Kerbarh, députée de Seine-Maritime ; Anissa Khedher, députée du Rhône ; Yannick Kerlogot, député des Côtes-d’Armor ; Fiona Lazaar, députée du Val-d’Oise ; Michel Lauzzana, député du Lot-et-Garonne ; Vincent Ledoux, député du Nord ; Patricia Lemoine, députée de Seine-et-Marne ; Marion Lenne, députée de la Haute-Savoie ; Brigitte Lherbier, sénatrice du Nord ; Jacques Marilossian, député des Hauts-de-Seine ; Didier Martin, député de la Côte-d’Or ; Marjolaine Meynier-Millefert, députée de l’Isère ; Jean-Michel Mis, député de la Loire ; Claire O’Petit, députée de l’Eure ; Matthieu Orphelin, député du Maine-et-Loire ; Anne-Laurence Petel, députée des Bouches-du-Rhône ; Maud Petit, députée du Val-de-Marne ; Valérie Petit, députée du Nord ; Florence Provendier, députée des Hauts-de-Seine ; Didier Rambaud, sénateur de l’Isère ; Hugues Renson, député de Paris ; Cécile Rilhac, députée du Val-d’Oise ; Laëtitia Romeiro Dias, députée de l’Essonne ; Lauriane Rossi, députée des Hauts-de-Seine ; Alice Thourot, députée de la Drôme ; Jean-Louis Touraine, député du Rhône ; Elisabeth Toutut-Picard, députée de la Haute-Garonne ; Nicole Trisse, députée de la Moselle ; Frédérique Tuffnell, députée de la Charente-Maritime ; Alexandra Valetta-Ardisson, députée des Alpes-Maritimes ; André Vallini, sénateur de l’Isère ; Laurence Vanceunebrock, députée de l’Allier ; Sylvie Vermeuillet, sénatrice du Jura ; Corinne Vignon, députée de la Haute-Garonne ; Cédric Villani, député de l’Essonne ; Stéphane Viry, député des Vosges ; Michèle Vullien, sénatrice du Rhône ; Hélène Zannier, députée de la Moselle ; Jean-Marc Zulesi, député des Bouches-du-Rhône.

Tribune 2 : Le Syndrome du pangolin !

Depuis quelques mois l’agriculture, la forêt et la chasse sont victimes d’attaques de la part de certains médias et de certains élus.

Il y a quelques jours, le député LREM Loic Dombreval a publié une tribune avec 62 parlementaires pour demander “la fin des chasses traditionnelles” (lire le texte). Rien que ça !

En pleine crise du coronavirus, l’abandon des chasses traditionnelles serait, selon les signataires, devenu “urgent”, au nom de “la reconnaissance du bien-être animal” et avec “l’exigence éthique que la chasse du XXIe siècle appelle de ses vœux”.

« Le monde d’après » par-ci, « le monde d’après » par-là, ils sont tous atteints du « syndrome du pangolin » !

Autant dire que ce groupe de parlementaires ne doit pas bien connaître les « chasses traditionnelles » dont il parle. S’il y a bien un endroit où l’éthique et l’honneur ont un sens, sont mis en valeur, tant pour les animaux que pour les hommes, c’est dans l’organisation des chasses traditionnelles ! S’y ajoutent la convivialité et la mixité sociale qui sont le ciment de la vie rurale que nous souhaitons défendre.

Pour défendre les chasses traditionnelles, il faut reconnaître le principe de subsidiarité. Un député des Alpes ne peut pas juger des traditions locales en Gironde. Un député de Gironde ne peut pas juger des usages dans le Nord. Un habitant des villes ne peut pas, sans les connaître, juger des coutumes d’un habitant des champs. Il en va de la chasse comme de la culture : l’exception doit être la règle ! La nation est une et indivisible, mais elle est diverse et chaque territoire mérite le respect de son histoire, de son patrimoine matériel et immatériel et de son altérité.

Avant de juger, il faut comprendre. Et lorsqu’on a compris, on finit par embrasser des causes que l’on pensait combattre … C’est le processus que décrit Marcel Pagnol dans “La gloire de mon père”. Trouvons donc des passerelles pour faire connaissance plutôt que de diviser le pays en instrumentalisant des caricatures. Informons pour réduire les fractures qui minent le pays. Au lieu de bâtir des murs d’incompréhension, construisons des ponts du savoir. A l’heure où la société française se délite, trouvons de nouveaux ciments pour bâtir la cohésion sociale dont nous avons tant besoin.

Les chasses traditionnelles, ancrées dans les usages locaux, les paysages et les traditions de nos territoires de métropole et d’outre-mer, portent nos valeurs : le respect et la connaissance de la nature, le rôle de l’homme comme acteur de la biodiversité, l’écologie au sens 1er du terme, comme “la science de l’habitat”. Nous n’imaginons pas, comme d’autres, la terre sans les hommes ; des hommes, qui, comme les chasseurs, sont acteurs de la préservation du climat, de la biodiversité et de l’environnement, bien plus qu’observateurs ou commentateurs.

Eddie PUYJALON, Président du Mouvement de la ruralité et Yves D’AMECOURT Porte-parole du Mouvement de la ruralité

Sénateur-trice-s : BAS Philippe (LR-50), BONFANTI-DOSSAT Christine (LR-47), BOUCHET Gilbert (LR-26), BOULOUX Yves (LR-86), BOYER Jean-Marc (LR-63), BRISSON Max (LR-64), BRUGUIÈRE Marie-Thérèse (LR-34), CANAYER Agnès (LR-76), CARDOUX Jean-Noël (LR-45), CHAIN-LARCHÉ Anne (LR-77), CHAUVIN Marie-Christine (LR-39), CHEVROLLIER Guillaume (LR-53), CONSTANT Agnès (LREM-34), COURTIAL Édouard (LR-60), CUYPERS Pierre (LR-77), DE CIDRAC Marta (LR-78), DE LEGGE Dominique (LR-35), DE MONTGOLFIER Albéric (LR-28), DE NICOLAY Louis-Jean (LR-72), DELATTRE Nathalie (UDI-33), DESEYNE Chantal (LR-28), DUFAUT Alain (LR-84), DUPLOMB Laurent (LR-43), DURANTON Nicole (LR-27), ESTROSI SASSONE Dominique (LR-06), EUSTACHE-BRINIO Jacqueline (LR-95), FOURNIER Bernard (LR-42), FRASSA Christophe-André (LR-HF), GINESTA Jordi (LR-83), GRUNY Pascale (LR-02), GUENÉ Charles (LR-52), HUGONET Jean-Raymond (LR-91), IMBERT Corinne (LR-17), LAMURE Élisabeth (LR-69), LANFRANCHI DORGAL Christine (LR-83), LASSARADE Florence (LR-33), LAURENT Daniel (LR-17), LEFÈVRE Antoine (LR-02), LEROY Henri (LR-06), LONGUET Gérard (LR-55), LOPEZ Vivette (LR-30), LUCHE Jean-Claude (UC-12), MANDELLI Didier (LR-,85), MEURANT Sébastien (LR-95), MOGA Jean-Pierre (UC-47), MORHET-RICHAUD Patricia (LR-05), MOUILLER Philippe (LR-79), PANUNZI Jean-Jacques (LR-2A), PRIOU Christophe (LR-44), PUISSAT Frédérique (LR-38), RAPIN Jean-François (LR-62), RETAILLEAU Bruno (LR-85)

Député-es : ABAD Damien (LR-01), AUBERT Julien (LR-84), BATUT Xavier (LREM-76), BAZIN Thibault (LR-54), BONY Jean-Yves (LR-15), BRETON Xavier (LR-01), BRINDEAU Pascal (UDI-41), BRUN Fabrice (LR-07), CATTIN Jacques (LR-68), CINIERI Dino (LR-42), CORDIER Pierre (LR-08), DASSAULT Olivier (LR-60), DE COURSON Charles  (LT-51), DE GANAY Claude (LR-45), De LA VERPILLIERE Charles (LR-01), DEFLESSELLES Bernard (LR-13), DESCOEUR Vincent (LR-15), DI FILIPPO Fabien (LR-57), DOOR Jean-Pierre (LR-45), FERRARA Jean-Jacques (LR-2A), FURST Laurent (LR-67), GENEVARD Annie (LR-25), GOSSELIN Philippe (LR-50), HUYGHE Sébastien (LR-50), JACOB Christian (LR-77), LACROUTE Valérie (LR-77), LAGARDE Jean-Christophe (UDI-93), LASSALLE Jean (L&T-64), LEVY Geneviève (LR-83), LORHO Marie-France (NI-84), MAQUET Emmanuel (LR-80), MARLEIX  Olivier (LR-28), MENUEL Gérard (LR-10), MOREL-A-L’HUISSIER Pierre (UDI-48), PELTIER Guillaume (LR-41), QUENTIN Didier (LR-17), RAMOS Richard (MDA-45), REISS Frédéric (LR-67), REITZER Jean-Luc (LR-68), SERMIER Jean-Marie (LR-39), SERRE Nathalie (LR-69), TAUGOURDEAU Jean-Charles (LR-49), TEISSIER Guy (LR-13), VALENTIN Isabelle (LR-43), VIALA Arnaud (LR-12), VIGIER Jean-Pierre (LR-43), WOERTH Eric (LR-60)

Député-es européen-ne-s : BELLAMY François-Xavier (LR), HORTEFEUX Brice (LR), SANDER Anne (LR)

Personnalité : DE VILLIERS Philippe

Illustration : DR
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