La division Handschar, le Bourgeois, Fêtes bretonnes et celtiques, Les Enclos paroissiaux de Bretagne, Y’a-t-il une erreur qu’ils nous pas commise ? Voici la sélection littéraire de la semaine.
La division Handschar
La 13e division SS Handschar, créée en 1943, est une troupe musulmane originaire de Bosnie-Herzégovine. Recrutée par les Allemands, elle regroupe des Bosniaques chargés de lutter contre les partisans yougoslaves. Une fois entraînés sur le territoire français, ces combattants sont déployés dans les campagnes de Bosnie et contribuent aux plus grandes violences et exactions perpétrées contres les populations civiles durant la Seconde Guerre mondiale.
Pour la première fois, un ouvrage va au-delà des clichés qui président à l’histoire de cette division. Xavier Bougarel, grand connaisseur des archives locales, s’intéresse aux motifs réels de la création de cette division SS, au profil et aux motivations de ses combattants, à la vie religieuse en son sein, aux formes de son engagement contre les partisans de Tito, et aux raisons de sa dislocation finale. Ce faisant, il propose aussi une nouvelle lecture de la Seconde Guerre mondiale dans les Balkans, marquée par l’importance des enjeux matériels, la multiplicité des stratégies individuelles de survie, et les changements incessants d’alliance et d’allégeance politiques et militaires.
La division Handschar – Xavier Bougarel – Passés composés – 24€
Le bourgeois
La figure du Bourgeois est celle qui représente le mieux l’esprit de notre époque, dont la genèse commence avec les premiers siècles du Moyen Âge, lorsque la mentalité économique pré-capitaliste s’est transformée de façon radicale sous l’influence des peuples germano-slavo-celtiques en esprit capitaliste. Cet esprit capitaliste, qui a renversé l’Ancien Monde, n’a cessé d’enfler, s’engouffrant petit à petit dans tous les interstices de la vie : « C’est l’esprit de nos jours, l’esprit qui anime aussi bien l’homme aux dollars que le marchand ambulant, l’esprit qui préside à toutes nos pensées et à tous nos actes et exerce une influence irrésistible sur les destinées du monde. » Dans la genèse de cet esprit se trouvent « l’esprit d’entreprise et l’esprit bourgeois, sans la réunion desquels l’esprit capitaliste ne serait jamais né ». Mais qu’est-ce que l’esprit d’entreprise ? C’est « une synthèse constituée par la passion de l’argent, par l’amour des aventures, par l’esprit d’invention ». Et qu’est-ce que l’esprit bourgeois ? Il se compose de « qualités telles que la prudence réfléchie, la circonspection qui calcule, la pondération raisonnable, l’esprit d’ordre et d’économie ». C’est ainsi, par la fusion de deux esprits apparemment antinomiques, qu’a pu naître « le tissu multicolore de l’esprit capitaliste », l’esprit bourgeois formant « le fil de laine mobile, tandis que l’esprit d’entreprise en est la chaîne de soie ».
Mais pour que le capitalisme puisse s’épanouir pleinement, pour que du bourgeois « vieux style », travailleur et entreprenant, naisse le bourgeois « moderne » devenu décadent et rentier, « l’homme naturel, l’homme impulsif devait disparaître et la vie, dans ce qu’elle a de spontané et d’original, céder la place à un mécanisme psychique spécifiquement rationnel : bref, l’épanouissement du capitalisme avait pour condition un renversement, une transmutation de toutes les valeurs ».
Werner Sombart (1863-1941) est un sociologue et économiste, figure de la Révolution conservatrice allemande. Considéré comme d’extrême gauche car « marxien » il se vit refuser plusieurs postes de professeur, avant d’être nommé en 1917 à l’université de Berlin. Il publia de nombreux ouvrages, dont Le Capitalisme moderne, Le Socialisme allemand et Les Juifs et la vie économique, également réédité par Kontre Kulture.
Le bourgeois – Werner Sombart – Kontre Kulture – 23,5€ (à commander ici)
Fêtes bretonnes et celtiques
Qui dit fête dit peuple. Il y a fêtes quand il y a une vie communautaire, un esprit festif certes mais aussi un esprit associatif et une solidarité dans l’organisation, telle une grande chaîne humaine de fest-noz. Aujourd’hui les fêtes continuent grâce au bénévolat et au plaisir de se retrouver pour danser, chanter, perpétuer les traditions et les faire aussi évoluer…
Si l’on remonte à la nuit des temps, les Celtes ont toujours aimer les fêtes. Manger, chanter, danser et boire jusqu’à l’ivresse. Dès l’Antiquité, les fêtes se succédaient au rythme des saisons : Samain, Imbolc, les feux de Beltaine, Lugnasad …
Aujourd’hui les fêtes continuent grâce au bénévolat et au plaisir de se retrouver pour danser, chanter, perpétuer les traditions et les faire aussi évoluer : les Gras de Douarnenez, les Vieilles Charrues, le festival de Cornouaille, le Bout du Monde, le festival Interceltique, le Hellfest à Clisson, Bobital, le festival du chant de marins de Paimpol, les Filets bleus, les tombées de la nuit et les Transmusicales de Rennes, les Rendez-vous de l’Erdre à Nantes etc, sans compter les petites fêtes tout au long de l’année : pardons et festoù-noz. C’est aussi celà qui fait de la Bretagne un pays où il fait bon vivre.
Un magnifique livre très documenté et richement illustré, signé Thierry Jigourel infatigable militant et éveilleur du peuple breton dont il faut souligner ici la régularité et la capacité à toujours produire d’excellents ouvrages malgré cette régularité justement !
Fêtes bretonnes et celtiques – Thierry Jigourel – Yoran Embanner – 29,9€ (à commander ici)
Vendetta
C’est l’histoire de trois garçons. Trois fils. Trois orphelins. Leurs pères ont été tués à quelques mois d’écart, en Corse, à la fin des années 2000. Chacun a décidé de venger le sien et de ressusciter la Brise de Mer, clan criminel mythique vieux d’un demi-siècle, fondé une génération plus tôt.
Flics, juges, avocats, ils pensaient avoir tout vu. Ils restent sidérés par les ressorts de cette vendetta corse mûrie dans la tête d’orphelins fous de haine. On voyage de bar en palace parisien, du Bastia des années 1980, berceau de la Brise et de ses fondateurs, à Ajaccio et Marseille en passant par le Paris chic. On croise sur le chemin une matonne amoureuse et fan de polars, un espoir du football, un repenti vivant désormais sous une nouvelle identité, l’un des voyous les plus craints de l’île, alias » le Mat » (le fou), des veuves inconsolables. » Honorer nos pères « , disent-ils. La détermination des fils est totale.
Entre témoignages inédits, archives historiques, écoutes effarantes, Vendetta offre une plongée dans la vérité de la criminalité corse et de ses dérives mafieuses où rien ne s’oublie, rien ne se pardonne. Et c’est plus haletant que n’importe quel roman noir.
Violette Lazard est journaliste à L’Obs au service Enquête.
Marion Galland est journaliste-reporter pour France Bleu en Corse.
Elles signent toutes les deux un livre-enquête absolument passionnant.
Vendetta – Lazard/Galland – Plon – 20€
Y’a-t-il une erreur qu’ils n’ont pas commise ?
Vous croyez savoir ce qui s’est passé ?
Un médecin réputé raconte à quel point la crise du Covid-19 a été un désastre sanitaire.
Le président ? Le premier ministre ? Les ministres de la santé ? Les experts ? Ils n’ont rien vu venir.
Plus grave : certains savaient.
Un témoignage féroce, incontestable, inquiétant.
Un livre nécessaire sur tout ce qui n’a pas été dit.
Le Professeur Christian Perronne est aujourd’hui chef du service des maladies infectieuses de l’hôpital de Garches. Pendant quinze ans, il a été l’un des principaux conseillers en matière de santé publique de plusieurs gouvernements. Il est l’auteur de La vérité sur la maladie de Lyme.
Y’a-t-il une erreur qu’ils n’ont pas commise ? – Christian Perronne – Albin Michel – 11,99€
Illustration : DR
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