« Le peuple breton (rires) je vous laisse la responsabilité de ce propos, moi je ne connais qu’un peuple français ». Cette phrase, signée Marine Le Pen, en direct à la télévision dans le cadre d’une conférence de presse donnée le17 juin 2020 en Bretagne, à Audierne, me permet de me rappeler pourquoi, depuis que je suis en âge de voter, je n’ai jamais glisser le moindre bulletin de vote en faveur de la présidente du RN ou de son parti (écouter à 9min30).
Marine Le Pen : Une fieffée Jacobine
Premièrement, un rappel historique : « Les Bretons sont un peuple originaire de Bretagne, une région située dans le nord-ouest de la France métropolitaine, sous l’autorité de ducs jusqu’au xvie siècle. Ils doivent leur nom à des groupes brittophones qui émigrèrent du Sud-Ouest de la Grande-Bretagne en vagues successives à partir du iiie siècle jusqu’au vie siècle dans l’Ouest de la péninsule Armoricaine, renommée par la suite Bretagne d’après leur nom »
Une fois ce rappel effectué, la suite.
Il ne peut pas y avoir, y compris de « vote contestataire » pour quelqu’un qui cherche à me nier dans ce que je suis au plus profond de moi, alors que ma famille, alors que mes ancêtres se sont battus pour la Bretagne et pour leur peuple, breton lui aussi, tandis que d’autres ont été envoyés de force crever dans les tranchées pour des intérêts qui n’étaient pas les leurs, par et pour cette sacro-sainte République française que défend aujourd’hui Madame Le Pen.
En prononçant cette phrase, « je ne connais que le peuple français », Marine Le Pen, outre le fait de se mettre les Bretons à nouveau à dos pour pas cher, s’affirme pour ce qu’elle est – et il serait bien que ceux qui trouvent encore toutes les excuses pour mettre quelque espoir en elle ouvrent les yeux : une fieffée jacobine.
Une jacobine qui actuellement, alors que les Autochtones de France et d’Europe sont attaqués de partout, n’a que le mot « République » à la bouche, oubliant que notre histoire, ce sont des siècles et des siècles hors du cadre républicain et, pour la Bretagne, des siècles d’indépendance et d’autonomie vécus par, quoi qu’elle en dise, le peuple breton.
Marine Le Pen à l’île de Sein, c’est l’histoire d’un naufrage, et d’un renoncement. Pour quelqu’un qui prétend gouverner un pays aussi grand que la France, vous conviendrez tout de même que venir en catimini la veille de commémorations, alors que l’on a annoncé venir le 18 juin, cela s’apparente à une belle reculade. L’excuse de « l’apaisement » est un peu facile. Là où politiquement, elle aurait dû obliger l’Etat à prendre ses responsabilités et appeler massivement ses soutiens à se mobiliser eux aussi pour occuper le terrain, elle a préféré la jouer petits bras. N’est pas Poutine, Orban ou Trump qui veut…
On peut d’ailleurs s’interroger sur l’intérêt de faire « comme tout le monde » et de vouloir rendre hommage à De Gaulle, comme si il constituait encore l’alpha et l’oméga de la vie politique, presque un siècle plus tard…ce sont des hommes et femmes politiques que les citoyens veulent, pas des mauvais historiens…
Un autre Paquebot à construire
Cela résume parfaitement l’attitude de Marine Le Pen et d’un parti qui, de jour en jour, s’apparente plus à un puissant frein empêchant l’émergence d’une vraie structure populaire et identitaire permettant la défense des Autochtones de l’hexagone, qu’à une véritable organisation politique souhaitant réformer le pays en profondeur, de manière radicale.
Car que peut-on attendre d’un parti qui prétend incarner l’ordre et dont les cadres et notamment la présidente ne cessent de se victimiser sur les réseaux sociaux ? Oui, il y a des « antifas » et des « extrémistes » qui attaquent les permanences, les militants, les meetings et qui devraient être neutralisés. Oui, il y a des élus qui se comportent comme des pourris vis à vis du premier parti d’opposition en terme de voix. Oui il y a des personnels administratifs censés être neutre, notamment des Préfets, qui se comportent comme des commissaires politiques et qui devraient être mis à pied et même évincés de la fonction publique pour leurs attitudes.
Mais doit-on pour autant se victimiser sans jamais frapper du poing sur la table quand on se veut leader de l’opposition au sein d’une puissance mondiale ? Pourquoi vouloir toujours « se dédiaboliser » vis à vis de gens qui, même à genoux, vous cracheront quand même toujours dessus ? Le père de Marine Le Pen avait au moins le mérite de ne jamais courber l’échine devant qui que ce soit. « On en a marre » hurla-t-il en secouant une élue qui se la jouait militante antifasciste et voulait l’empêcher de s’exprimer…
Peut-on prétendre à diriger un pays au bord du chaos en exprimant son inquiétude pour ses chatons en direct de l’Assemblée nationale ? Peut-on réellement prétendre incarner le peuple en colère en le laissant se faire récupérer et manipuler par l’extrême gauche comme ce fût le cas au moment des Gilets jaunes ? Peut-on vraiment prétendre rassembler « le peuple de droite » en n’exprimant jamais que ponctuellement et timidement un soutien aux jeunes militants identitaires qui sacrifient leur jeunesse (et souvent leurs carrières) pour éveiller une population endormie, ou en refusant de soutenir publiquement les causes sociétales qui ont mis il y a quelques années des centaines de milliers de Français dans la rue ?
Et quid du bilan politique depuis toutes ces années ? Où sont les grandes joutes oratoires dans les Assemblées pour défendre la liberté d’expression ? Où sont les stratégies d’influence et de blocage pour faire échouer les votes de lois scélérates empêchant tout débat politique sérieux, et faisant de l’histoire une discipline sous le contrôle des juges ? Où sont les députés et les élus qui s’enchainent, qui manifestent, qui paralysent un système qu’ils prétendent combattre ? Où sont les dossiers croustillants, les révélations sur le fonctionnement de certaines régions, sur les attributions de subventions, sur les appels d’offre ? Qu’attendre d’une présidente qui prétend combattre l’immigration tout en refusant les statistiques ethniques et en adoubant Mayotte comme étant un territoire français ?
« Je ne connais qu’un peuple français ». Ces mots raisonnent encore dans ma tête. Jamais Marine Le Pen n’aurait osé dire cela en Corse par exemple. Jamais. Il est vrai qu’en Bretagne, la seule opposition politique qu’elle rencontre, ce sont des élus plus soumis que jamais au pouvoir en place et prêts à tout pour que rien ne change (la tradition conservatrice bretonne sans doute…), des militants d’extrême gauche illuminés et/ou manipulés, et des « régionalistes » idiots utiles qui se font un honneur et un devoir d’aller défendre comme tout le monde le général De Gaulle qui, comme chacun sait…était un nationaliste breton pur jus…
Le navire RN s’est échoué sur l’île de Sein. Mais dans l’hexagone, il y a des peuples qui attendent toujours d’être amenés à bon port eu égard de l’urgence vitale qu’il y a à fonder un autre système. Cela tombe bien, le peuple breton a les chantiers de St Nazaire pour se construire un paquebot digne de ce nom ! Au boulot !
Yann V
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