Les algues vertes empoisonnent le Morbihan. Ces dernières ont proliféré en raison des fortes chaleurs du printemps, tandis qu’elles sont moins présentes dans les Côtes-d’Armor ou dans le Finistère cette saison.
En Bretagne en effet, huit baies font l’objet d’un Plan de lutte contre les algues vertes (Saint-Brieuc, Fresnaye, Grève de Saint-Michel, Locquirec, L’Horn-Guillec, Guisseny, Douarnenez, Concarneau). Et il est observé sur ces baies un niveau de quantité d’algues vertes exceptionnellement bas.
Mais un développement d’algues vertes en état de putréfaction a été observé en Ria d’Etel et dans le Golfe du Morbihan précise l’association Eau et Rivières de Bretagne. D’après des témoignages de riverains, des odeurs nauséabondes s’en dégagent. Pour Eau et rivières de Bretagne « la problématique des nitrates et le phénomène de prolifération des algues vertes concernent toute la Bretagne ». Soit 141 sites dans la région.
https://www.youtube.com/watch?v=WNA6PDiGvKQ
Alain Bonnec, président d’Eau et Rivières de Bretagne, tient à tirer la sonnette d’alarme auprès de France 3 : « On sait que l’accumulation de ces algues peut potentiellement être dangereuse, à cause de l’hydrogène sulfurée, alors il faudrait peut-être signaler aux promeneurs et aux pêcheurs à pied les risques à se promener sur ces endroits. Il y a des panneaux en place pour la signalisation des espèces, il doit être possible d’en mettre pour alerter les promeneurs sur les risques. On sait que le monde agricole fait des efforts pour limiter les rejets dans les cours d’eau, mais la qualité de l’eau, c’est de la responsabilité de l’État et de la Région ».
Les algues vertes, c’est quoi ?
Voici ce qu’en dit le site France Nature environnement :
L’algue verte Ulva armoricana est présente naturellement sur les côtes françaises. Elle se développe sans support dans une frange de l’eau de mer de certaines plages et s’échoue en partie à marée descendante. C’est à partir des années 1960 que sa croissance explose sur certaines plages de Bretagne : on commence alors à parler de « marées vertes », phénomène qui atteindra son apogée au début des années 2000.
Si la Normandie et les Pays de la Loire sont également concernés (via d’autres espèces d’algues vertes), c’est la Bretagne qui est la plus fortement touchée. En effet, la côte y cumule les trois caractéristiques nécessaires à la prolifération des algues vertes : 1) des eaux peu profondes et claires permettant une photosynthèse efficace, 2) un faible courant ne permettant pas le transport des algues au large et 3) une forte concentration dans l’eau des nutriments dont les algues se nourrissent, à savoir le phosphore issu du sédiment marin d’une part et l’azote issu des nitrates d’autre part.
L’azote est un composé essentiel à la croissance des végétaux. Il est très présent dans les engrais utilisés pour fertiliser les cultures, ainsi que dans les déjections animales issues de l’élevage. Si ces quantités d’azote deviennent trop importantes par rapport aux besoins des plantes cultivées et à la capacité d’absorption des écosystèmes, son excédent, transformé en nitrate, contamine l’eau des nappes, des rivières et du bord de mer. Il y provoque alors une surproduction d’algues à croissance rapide et par là une accumulation excessive de matière végétale dans l’eau, pouvant aboutir à son asphyxie : c’est ce qu’on appelle « l’eutrophisation ».
En zone littorale, sur les sites aux caractéristiques propices à ce phénomène, les algues finissent par échouer sur la plage et former ces marées vertes visibles essentiellement au printemps et en été, quand les conditions de lumière et de température sont optimales. Si l’on ne peut modifier les caractéristiques des côtes bretonnes et du sédiment marin, on peut, en remontant le cours de certaines rivières, s’intéresser à l’origine de la surconcentration en nitrates qui alimente les marées vertes.
https://www.youtube.com/watch?v=FU9Iihkwe9c
L’élevage intensif, l’agriculture intensive, sont montrés du doigt comme étant une des causes principales de ces proliférations. À ce sujet, lisez Algues vertes, l’histoire interdite, de la journaliste Inès Leraud.
Crédit photo : DR (photo d’illustration)
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