Du 17 au 23 août 2020 se tiendra en Normandie une nouvelle université d’été du mouvement catholique et identitaire baptisé Academia Christiana. Le thème de cette année ? Bâtir quand tout s’effondre. Un programme sous forme de promesse faite aux générations futures de ne pas les abandonner alors que nos sociétés occidentales sont confrontées à ce qui constitue sans doute le plus grand défi de leur histoire.
Pour évoquer cette université, mais aussi l’actualité de ce mouvement qui parvient à séduire un nombre croissant de jeunes militants – le livre de Julien Langella, Catholiques et Identitaires, n’y étant sans doute pas pour rien – nous avons interrogé Victor Aubert.
Breizh-info.com : Quel bilan tirez-vous de votre mouvement pour l’année 2020 ?
Victor Aubert (Academia Christiana) : Nous sommes passés de 200 à 300 participants lors de notre université d’été, nous avons édité un nouveau livre, et lancé une formation pour les adolescents. En octobre a eu lieu notre premier colloque qui fut un vrai succès. Nous avons vu naître un peu partout en France des initiatives militantes lancées par les participants de nos universités d’été (Auctorum, Adephos, Nemesis, Cercle Georges Bernanos…). Nous avons intensifié notre collaboration avec des mouvements comme l’Alvarium dont les actions militantes permettent de donner une certaine crédibilité et une illustration concrète à ce que nous proposons au cours de nos universités d’été.
Academia Christiana devient une communauté militante et un rendez-vous annuel pour beaucoup de militants français quels que soient leur mouvement ou leur sensibilité. Grâce à ces liens, nous avons pu lancer dès la fin du confinement des mobilisations dans différentes villes de France pour sensibiliser les Français à la crise économique qui vient et à la dérive sécuritaire.
Ce maillage territorial nous permet de faire rayonner davantage nos idées, ce qui est le but initial d’Academia Christiana : reconquérir les esprits et les cœurs.
Pour que ce bilan soit complet il faut garder à l’esprit que notre mouvement s’est construit sans jamais recevoir le soutien d’aucune institution ni d’aucun mécène. Nous avançons lentement mais sûrement, chaque année étant l’occasion de gravir une nouvelle marche. Ce travail réalisé sans aucun appui financier est souvent bien supérieur à celui d’associations gavées de subventions publiques.
Breizh-info.com : Quel va être le programme de votre université d’été ? Et son thème ?
Victor Aubert (Academia Christiana) : Le thème de l’université d’été est « Bâtir quand tout s’effondre ». Plus qu’un intitulé théorique, il s’agit d’un mot d’ordre. Plutôt que de critiquer et de nous lamenter, nous voulons inciter les jeunes à construire. Mais nous voulons aussi les éloigner des illusions qui anesthésient les volontés et réorientent les individus vers la recherche de leur confort personnel. En une semaine nous voulons donner un aperçu synthétique et relativement complet des différentes problématiques qui structurent la situation politique et sociale propre à notre pays et notre époque. Du côté des problèmes nous évoquerons le déracinement, le conflit multiculturel, la société du spectacle, l’industrie publicitaire, le système technicien, le libéralisme, la crise de la modernité, la crise de l’Église, le capitalisme, l’esprit bourgeois, la sécession des élites et la sécession du peuple… Du côté des orientations, nous voulons faire redécouvrir des penseurs classiques comme saint Thomas d’Aquin et Aristote, la préférence civilisationnelle, les valeurs de la communauté, l’importance de la transmission de notre identité et de notre civilisation aux plus jeunes par le biais des écoles libres, le corporatisme, le localisme et les alternatives au capitalisme, le courage chrétien et la simplicité volontaire.
Notre université est conçue pour être le lieu de formation de la jeune génération. Nous nous adressons d’abord aux lycéens et aux étudiants, il faut donc surtout faire des efforts de pédagogie plus que d’originalité dans les contenus abordés.
Breizh-info.com : Comment analysez-vous la crise sanitaire traversée et la formidable expérience d’ingénierie sociale qui en a découlé ?
Victor Aubert (Academia Christiana) : Sans disposer d’informations secrètes, nous pouvons tous constater que le scénario qui s’est déroulé sous nos yeux est totalement ubuesque. Qu’il y ait un virus qui tue des personnes, nous ne le remettons pas en cause, mais stopper la vie économique, sociale de la moitié de la planète pour une épidémie qui n’a rien d’absolument extraordinaire, par rapport à d’autres qui ont été gérées de façon beaucoup plus simple et efficace, est le signe révélateur d’une situation extraordinaire. Il y a la liquidation des hôpitaux publics par les derniers gouvernements français, il y a l’impact des médias et des réseaux sociaux, le manque d’anticipation de la crise… mais il y a aussi le déploiement de mesures qui dépassent les pires scénarios d’anticipation de science-fiction.
Breizh-info.com : En tant que catholiques et identitaires, comment jugez-vous l’attitude des autorités ? Des politiques, et notamment de « l’opposition politique » officielle ?
Victor Aubert (Academia Christiana) : Les failles sont béantes : manque d’anticipation, consignes contradictoires, mensonges… Après avoir constamment amputé le système de santé français on se retrouve démuni pour gérer cette crise. On autorise le premier tour des élections municipales tout en fermant les restaurants, on laisse ouvert les hyper-marchés tout en interdisant le culte. On parle de solutions comme les vaccins ou les applications de surveillance mais on interdit la chloroquinine…
Au niveau de la classe politique, tout fonctionne comme d’habitude, soit on obéit servilement aux consignes des lobbies, soit on applique des stratégies de communication et on navigue à l’aveugle en suivant bêtement les études d’opinion qui se contredisent à longueur de temps. À force de vouloir échapper aux critiques des médias, l’opposition officielle est devenue aussi aseptisée que le parti auquel elle prétend s’opposer. Parce que toute véritable alternative impliquerait une certaine radicalité qui les effraie, les partis d’opposition préfèrent se cantonner à faire la critique systématique du parti majoritaire.
Breizh-info.com : Comment rester critique vis-à-vis du système sans basculer dans le complotisme ?
Victor Aubert (Academia Christiana) : Il n’est pas nécessaire de chercher des « informations secrètes » pour jeter un œil critique sur ce qui se passe, car tout se déroule sous nos yeux. En revanche, il faut constamment analyser le discours politique, médiatique et commercial, en ayant en tête qu’il existe des procédés d’ingénierie sociale, constamment mis en œuvre par tous ces acteurs (je vous renverrai aux travaux de Lucien Cerise qui décrypte cela à merveille). En fait, il faut prêter attention à cette sorte de narration permanente qui est appliquée par-dessus les événements (le fameux « storry telling » des publicitaires). Pour que les gens acceptent ce que vous voulez leur vendre, il faut leur raconter une histoire (celle du pangolin ou celle de Georges Floyd par exemple). À notre échelle, nous sommes bien incapables de saisir les décisions secrètes prises par les acteurs d’un État profond ou de je ne sais quel service secret.
En revanche lorsqu’on regarde ce qui se passe en bas de chez soi et qu’on fait un peu attention à la manière dont les scénarios sont écrits par les médias, on s’aperçoit que les faits sont systématiquement utilisés ou manipulés à des fins politiques ou économiques. Le COVID-19 aurait pu être géré de mille manières différentes et perçu tout aussi différemment si les réactions politiques et le discours médiatique avaient été différents. Pendant deux mois, ce sont les mêmes médecins qui ont défilé sur les plateaux de télévision pour expliquer aux Français que cette crise ne se reproduirait plus grâce à des bracelets connectés, des puces électroniques ou une nouvelle génération de vaccins. L’effondrement économique consécutif à cette crise sanitaire profitera sûrement à la grande distribution et aux multinationales que sont Amazon, Netflix, Uber…
Breizh-info.com : Quel message voulez-vous faire passer à un jeune qui voudrait rejoindre Academia Christiana ?
Victor Aubert (Academia Christiana) : Nous avons tous une dette vis-à-vis de ceux qui nous ont précédés. Cette civilisation que nous regardons mourir est le fruit des sacrifices de tant d’hommes à qui nous devons notre langue, notre architecture et ces édifices immatériels qui donnent un sens à une vie. Si tu ne veux pas rester les bras croisés, à commenter l’effondrement, rejoins notre armée de bâtisseurs. Ce que nous faisons est humble et il y a de la place pour tout le monde, chaque talent est nécessaire pour rebâtir quelques îlots de civilisation. Même si nous ne verrons pas le fruit de nos efforts, au moins cet engagement militant aura donné du sens à nos vies. Alors que tu sois une jeune lycéenne timide ou un grand gaillard costaud, rejoins-nous ! Ça ne peut-être qu’un plan sûr, ou encore l’aventure !
Propos recueillis par YV
Les inscriptions pour cette UDT se font ici.
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Une réponse à “« Bâtir quand tout s’effondre ». Une promesse au cœur de l’université d’été d’Academia Christiana [Interview]”
[…] « Bâtir quand tout s’effondre ». L’engagement qui est au coeur de l’université d’été d’Academia Christiana, qui chaque année réunit pas moins 300 jeunes gens et jeunes filles. Interview de Victor Aubert l’un des animateurs. On suivra par ailleurs l’une des conférences de l’édition de 2019 donnée par Arnaud de Robert sur le thème « effondrement du système, mythe incapacitant ou réalité dynamique » auquel il répond par ce qu’il appelle un stoïcisme joyeux : Lien […]