12 députés bretons ont rédigé une lettre ouverte à destination de Jean-Michel Blanquer, ministre de l’Éducation nationale, pour dénoncer les risques que fait courir une circulaire sur l’initiation au breton dans les écoles primaires publiques du Finistère.
Cette circulaire qui fait du breton une « langue étrangère »
La circulaire n° 2017-072 du 12 avril 2017 commence à faire couler de l’encre en Bretagne. Ce texte, dont nous soulignions récemment les menaces qu’il fait peser sur la langue bretonne récemment, est censé entrer en vigueur à la rentrée 2020. Avec pour conséquence le risque de voir l’heure d’initiation au breton dispensée à quelques 8 000 élèves répartis dans 110 écoles publiques du Finistère tout simplement disparaître.
La situation s’explique par le fait que le texte en question notifie que, dans les écoles élémentaires, « une langue régionale peut être enseignée sur l’horaire dévolu aux langues vivantes, étrangères ou régionales ». Cependant, l’Inspection d’académie du Finistère a décidé d’interpréter la circulaire d’une manière un peu différente, en transformant cette possibilité en obligation. Et en mettant donc ainsi le breton en concurrence directe avec l’anglais.
12 députés bretons écrivent une lettre ouverte à Jean-Michel Blanquer
Tandis que cette initiation au breton n’était déjà offerte qu’à seulement 15 % des élèves des écoles non-bilingues du département, c’en était encore probablement trop pour l’Inspection d’académie. Après que les quatre associations (An Oaled, KLT, Sked et Mervent) assurant cette heure de breton hebdomadaire aient manifesté leur mécontentement, ce sont cette fois 12 députés des cinq départements bretons qui ont rédigé une lettre ouverte à destination du ministre de l’Éducation nationale Jean-Michel Blanquer.
Parmi ces derniers, figurent Erwan Balanant, Jean-Charles Larsonneur et Sandrine Le Feur, députés du Finistère, Yves Daniel, Yannick Haury et Sandrine Josso, députés de Loire-Atlantique, Yannick Kerlogot et Marc Le Fur, députés des Côtes-d’Armor, Thierry Benoit, député d’Ille-et-Vilaine, Nicole Le Peih, Paul Molac et Hervé Pellois, députés du Morbihan.
« Interprétation prise sans concertation »
Les parlementaires relèvent eux aussi que la circulaire évoque la possibilité et non l’obligation pour une langue régionale d’être enseignée sur l’horaire dévolu aux langues vivantes, étrangères ou régionales. Ils rappellent par ailleurs au ministre que, selon les termes de de l’article 75-1 de la Constitution, « les langues régionales appartiennent au patrimoine de la France ». On est en droit d’en douter quand on voit le résultat des politiques successives menées par l’Éducation nationale…
Pour l’heure, si rien ne change, les parents d’élèves du Finistère concernés vont être tentés d’opter pour l’initiation à l’anglais au détriment du breton. Ce risque, que Breizh Info soulevait déjà dans son précédent article, est également dénoncé par les députés : « Cette décision met notamment en péril l’enseignement de la langue bretonne dès lors qu’un choix doit être réalisé entre l’apprentissage du breton ou de l’anglais. On peut aisément déduire quel sera le choix des parents en cas de concurrence. »
Dans leur missive, les douze parlementaires ajoutent à juste titre que « cette interprétation prise sans concertation avec les collectivités locales et les acteurs de terrain, remet en cause le travail engagé depuis plusieurs années notamment par le département du Finistère, la Région Bretagne et les associations d’initiation au breton, pour la mise en place d’un véritable schéma linguistique ».
AK
Crédit photo : DR (photo d’illustration)
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