Cette lecture est extraite du roman Skinheads de John King, paru en 2012 aux éditions du Diable Vauvert. Retrouvez la critique de ce livre dans le n°146 de la revue Éléments ou sur le site www.davidlepee.com.
Trois générations d’une même famille, trois hommes issus du milieu prolétaire britannique. Terry English, skinhead propriétaire d’une petite société de taxis, n’est pas sûr d’être encore vivant pour ses cinquante ans, mais garde malgré tout sa joie de vivre grâce au ska et à sa jolie assistante Angie. Il décide de s’investir corps et âme dans la réouverture de l’Union Jack Club. Nutty Ray, punk, employé par Terry, lutte pour contrôler sa haine de la société et n’a qu’un seul plaisir : passer son temps libre à provoquer les flics de Chelsea. Et enfin Lol, quinze ans, skater punk adolescent à la recherche de lui-même…
À travers ces trois personnages, John King va revenir sur l’apparition de la culture skin, une culture prolétaire qui s’enracine d’abord dans la musique, comme toujours en Angleterre, et une musique de pauvres, le reggae qui va s’épanouir dans le ska des années 70, en rupture avec l’époque, alors hippie. Mais qui s’accomplit aussi dans l’amour de la sape, de la bière, et du pays. Il rend un remarquable hommage au mouvement culturel britannique des années 1960, mouvement complexe, souvent caricaturé et finalement incompris, qui a déchaîné une peur sociale et symbolique encore plus forte que le punk, décuplée par son essence radicalement et ostensiblement prolétaire.
Né en 1960 en Angleterre, John King a connu un succès immédiat avec son roman Football Factory (éd. Points), adapté au cinéma par Nick Love en 2004 et premier tome d’une trilogie composée de La Meute et Aux Couleurs de l’Angleterre (L’Olivier), une fresque remarquable de la culture prolétaire britannique aujourd’hui.
Dans ses trois autres romans, Human Punk (L’Olivier), White Trash et The Prison House (à paraître), il continue, dans le style naturaliste qui lui est propre, à s’inspirer et à explorer le peuple anglais, sa culture et les racines sociales de la violence : punk, hooligans et autres joyeux damnés.
Photo : DR
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