Avec 46 recours pour 205 communes, la Loire-Atlantique ne détient pas le record des recours contre le 1er tour des municipales, mais il y en a un certain nombre, qui retracent parfois des ambiances de campagne délétères. Pour le second tour, 27 communes, dont Nantes, Ancenis, Clisson, Saint-Nazaire et La Baule, sont concernées.
Des recours ont été déposés à La Baule, Herbignac, Marsac-sur-Don, Le Pallet, Mauves-sur-Loire, Maisdon-sur-Sèvre, Monnières, Mouzillon, Pont-Saint-Martin, Pontchateau, Préfailles, Louisfert, Moisdon, Le Temple, Quilly, Remouillé, Sainte-Lumine de Clisson, Saint-Nicolas de Redon, la Turballe, Sévérac, Soudan, la Planche, Trans-sur-Erdre, la Plaine sur Mer, la Bernerie en Retz, Joué-sur-Erdre, Guéméné-Penfao, Grandchamp des Fontaines, Dréfféac, Chauvé, Brains, Bouaye, Besné, Avessac, Sainte-Pazanne, Fay-de-Bretagne, Paimboeuf, Vair-sur-Loire [fusion d’Anetz et de Saint-Herblon].
Pas de recours au Croisic, où il devrait cependant cependant y avoir une triangulaire, puisque le marcheur Jean-François Chanteur (12.15%) se maintient. « Je me maintiens au second tour, il y a des gens qui nous ont fait confiance, d’autant qu’avec le Covid, notre programme s’est montré adapté. J’ai notamment dit qu’il fallait vivre d’autre chose que du tourisme, qui occupe actuellement un actif sur deux sans compter les emplois indirects – j’avais raison. J’avais aussi plaidé pour un espace de télétravail et le recentrage du Croisic sur l’aide aux gens, et là encore, l’actualité m’a donné raison ».
Cependant, Jean-François Chanteur se prépare à « être une opposition constructive », car comme au 1er tour, l’élection va se jouer sur l’opposition entre la mairesse sortante, Michelle Quellard (45% au 1er tour) et l’opposante Françoise Thobie (42.8% le 15 mars). Elles se sont déjà illustrées par une empoignade autour de l’exemption des commerces des droits de terrasse et de place, chacune affirmant dans la presse avoir été à l’origine de l’idée. Juste à côté, à Batz, l’opposition a boycotté le dernier conseil municipal où la même décision – qui prive Bagtz de 46.000 € de recettes cette année – a été prise.
A Vallet, le conseiller municipal d’abord de la majorité, puis d’opposition depuis 2019 Luc Buzonie, élu dans l’opposition au premier tour (11.5%), a fait un recours au tribunal administratif de Nantes en annulation des élections. « Ce n’est pas le score du maire [Jérome Marchais, 64.2% des voix] qu’on vise, mais la participation (48.11%), moins d’un habitant sur deux s’est déplacé. Il y a aussi eu des recours au Pallet et à Mouzillon ; nous avons déposé notre recours fin mars », nous explique l’intéressé.
Peur et diffamations à Herbignac
Dossier autrement plus grave à Herbignac où Pierre-Luc Philippe, le candidat de droite battu à 80 voix près, a déposé un recours : « déjà, il y a le contexte national, la veille de l’élection le Premier Ministre a fait un discours anxiogène pour annoncer la fermeture des bars et restaurants à minuit, tout en appelant les gens à voter. Beaucoup de nos électeurs, notamment des anciens, ont eu peur et nous ont manqué ». Résultat, un effondrement de la participation : de 77% en 2008 et 74% en 2014 à 50.05% le 15 mars, soit 24 points en moins.
« On a déposé notre recours dès le 17 mars : il y a aussi eu des diffamations contre mon équipe : un élu proche de la maire élue a affirmé qu’un de mes colistiers avait perdu son permis de conduire, ce qui était évidemment faux, le 12 mars ils ont perturbé ma réunion en m’accusant de ne pas payer mes contraventions et d’utiliser à tort et à travers la voiture de la mairie – ils ont été contredits par le premier adjoint qui était présent, , on m’a traité de voleur. J’ai constitué un dossier en béton ».
En attendant, Pierre-Luc Philippe et ses colistiers vont boycotter l’installation de la maire : « elle a été élue par un électeur sur quatre. On boycotte pour ne pas avaliser cette installation. Ici, le gâteau est bon, la gauche en a croqué pendant 31 ans, ça suffit ».
Attaques personnelles au Pallet et à Marsac-sur-Don
Au Pallet, Xavier Rineau qui était soutenu par le maire sortant mais a été battu de 41 voix, a déposé un recours suite à « des attaques personnelles mettant en cause [sa] probité et [son] intégrité », explique-t-il à la presse locale. Il vise particulièrement le collectif Le Pallet demain, dont plusieurs membres étaient sur la liste gagnante.
Même situation à Marsac-sur-Don, où Bérengère Gellé, battue par son ex-collègue de la majorité sortante Hervé de Trogoff (54 contre 45%) a déposé un recours. Elle explique à l’Eclaireur mi-mars dernier que son recours vise une « campagne délétère » avec de nombreuses « diffamations » contre la tête de liste, dont des « fausses nouvelles calomnieuses, diffamations, injures, propos homophobes […] envoi de courriers électroniques diffamatoires le jour du scrutin ».
Des recours qui ne devraient pas prospérer dans le Vignoble et à La Baule
Mais tous les recours n’engendreront pas une nouvelle élection, loin de là. L’Hebdo du Sèvre et Maine a fait le tri dans les recours du Vignoble, ceux de Sainte-Lumine de Clisson, Clisson, Mouzillon, Maisdon-sur-Sèvre, La Planche, Remouillé et Monnières ne devraient donner lieu qu’à une rectification du procès-verbal après la reconnaissance d’une erreur matérielle.
Même chose à La Baule où un recours a été déposé le jour même du scrutin contre la liste du général de Zuchowicz par des proches de la liste de Franck Louvrier. Un proche du dossier s’explique : « le jour du scrutin, nous avons constaté que l’ordre des noms sur les bulletins de vote et celui de la commission de propagande – enregistré en Préfecture – n’était pas le même et nous avons fait un recours. Nous ignorions alors les résultats du vote [37.7% pour Franck Louvrier, 27% pour le candidat En Marche Jean-Yves Gontier, 14.5% pour le général de Zuchowicz] Cependant depuis la Préfecture a reconnu ne pas avoir pris en compte les modifications faites par la liste de Zuchowicz, ils ont rectifié et notre recours ne devrait pas aller loin ».
A La Baule, les prévisions donnaient alors Louvrier, Gontier et le général de Zuchowicz dans un mouchoir de poche, à 25% chacun. Le second tour s’annonce incertain – Louvrier est donné comme favori avec dix points d’avance cependant, d’autant que la candidate de gauche Anne Boyé se maintient (11.5% des voix le 15 mars).
Ce qui est sûr en revanche, c’est que Sandrine Josso, la députée de la 7e circonscription, connue pour ses casseroles, est définitivement hors du jeu local – elle n’a fait que 4.17% (286 voix), un échec cinglant qui la prive de tout espoir de fusion. Mais cela l’oblige tout de même à passer sous les fourches caudines du contrôle des comptes de campagne, puisqu’elle a fait plus de 1.5% des voix.
Louis-Benoît Greffe
Illustration : DR
[cc] Breizh-info.com, 2020, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine