La fondation Jean Jaurès est selon Wikipédia proche du parti socialiste et sert officiellement à promouvoir la démocratie et le rayonnement (sic) de l’expérience socialiste française. Elle serait toujours selon Wikipédia en excellents termes avec LREM. Elle a été, en 1992, déclarée d’utilité publique par un décret de Mme Édith Cresson alors Première Ministre.
Elle vient de ressortir une vieille lune, le revenu universel, qui a été le fer de lance de la campagne de Benoît Hamon et a sombré avec lui. Clarifions d’abord le débat. Le revenu universel en principe est un revenu versé à tous les Français sans aucune condition de ressources. Mais ses laudateurs devant le coût faramineux de cette utopie ont tendance à introduire des conditions et à viser des versements dégressifs suivant les revenus, ce qui, de ce fait, transforme le revenu universel en RSA amélioré.
Le RSA est, je pense utile et tous les pays qui le peuvent doivent l’introduire. Il vise deux publics différents, les accidentés de la vie, de loin les plus nombreux, trop éloignés, du marché du travail pour y revenir et qu’on doit bien entendu secourir afin qu’ils puissent se nourrir et se loger. La deuxième catégorie à qui le RSA est destiné est plus ambiguë : elle est constituée de « fainéants » qui ne veulent pas travailler alors qu’ils le pourraient. Les secourir ou pas est un vaste débat, mais pour ma part je suis partisan de leur verser un minimum vital, du moment qu’ils touchent moins et de loin que ceux qui font l’effort de prendre un emploi. Le montant actuel de RSA est de 500 €, il peut difficilement être augmenté, si on veut que le travail paie et qu’il soit préférable de prendre un emploi plutôt que de rester chez soi à regarder la télévision.
Le RSA est amendable ; on pourrait, entre autres, l’étendre progressivement aux jeunes entre 18 et 25 ans, pour les soutenir dans leurs études. Le coût de cette dernière mesure serait de 33 milliards d’euros, une somme importante certes, mais qu’il faut comparer à comparer aux 23 milliards dépensés annuellement pour accueillir de nouveaux réfugiés qui s’installent chez nous sans y avoir été invité et en dépit des lois sur l’immigration. N’oublions jamais qu’au moins 30 % des immigrés régularisés ne travaillent jamais, vivent de charité publique et sont jusqu’à leurs morts aux minima sociaux. Venir au secours d’une catégorie sociale dont les membres sont pour la plupart nés en France, aider les étudiants, serait une question de justice. Outre cette extension bienvenue du RSA, on pourrait également transformer en partie le RSA en droit au travail : les mairies et les collectivités locales recevraient des fonds pour financer des heures supplémentaires payées au taux du smig (et non à 1 € comme en Allemagne) sans aucune charge. Les titulaires du RSA auraient, par exemple, le droit impératif d’obtenir 12 heures de travail par semaine auprès des collectivités. Ils seraient chargés de tâches les plus valorisantes possible tout en étant au service de leurs concitoyens. Les besoins sont immenses. Le RSA bien entendu resterait sous sa forme actuelle pour la grande majorité des titulaires actuels qui seraient bien incapables d’occuper les postes proposés par ce nouveau système.
La fondation Jean Jaurès propose sans rire d’instaurer le revenu universel, puisque paraît-il le monde d’après ne doit pas ressembler à l’ancien monde, tautologie ridicule fredonnée sous toutes ses formes par les innombrables « penseurs » que compte notre pays. La fondation avance un chiffre entre 750 euros et 1000 euros par mois. Il parle de revenu universel, mais ajoute « montant dégressif » ce qui cela ne concernera sans doute que la moitié des Français de plus de 18 ans. Le coût annuel serait donc de 7500×12×25 000 000 soit 225 milliards d’euros. On pourrait sans doute récupérer 50 à 100 milliards sur le RSA, l’allocation handicapé, les bourses d’étudiants et le revenu d’activité. Il resterait au minimum 125 milliards à financer (5,5 % du PIB), alors que le budget de la France est de 400 milliards, que l’impôt sur le revenu rapporte 59 milliards, la CSG 115,5 milliards et la flax tax sur les revenus mobiliers 3,5 milliards. Les auteurs du projet voient bien la montagne devant eux. Il propose d’utiliser une partie des 500 milliards qu’on va déverser sur la France en 2020 et 2021. C’est une suggestion inepte. D’abord, cette manne est provisoire, elle prendra fin en principe en 2022. Ensuite, il faudra la rembourser, car on parle d’emprunts. Enfin, les pays du Nord (Pays Bas, Autriche, Allemagne) refuseront avec véhémence de mettre l’euro en péril, leur monnaie, pour financer le « farniente » des Français. La fondation Jean Jaurès n’a probablement évoqué cette piste que pour rendre crédible son projet, 125 milliards paraissant raisonnable par rapport à 500 milliards.
Le vrai financement est avoué plus loin : il faudrait jouer sur la CSG ! Bien entendu, on parle de justice sociale, pour culpabiliser les « riches » en fait les classes moyennes qui ont le malheur de gagner plus de 2300 euros par mois. Les auteurs du rapport avancent hypocritement qu’on s’attaquera surtout au capital et non au travail, affirmation grotesque et ridicule puisque taxer à 100 % les dividendes rapporterait au grand maximum 10 milliards d’euros. On pourrait aussi réinstaurer l’ISF avec un taux jamais atteint et donc confiscatoire. Les vrais riches voteront avec leurs pieds, le nouvel impôt ne rapportera plus rien et pèsera surtout sur les classes moyennes.
Reste la CSG : il faudrait si on suit la fondation Jean Jaurès la doubler sur les revenus du travail et sur les retraites, une catastrophe épouvantable qui spoliera les malheureux gagnant 2300 euros par mois (dont 30% des retraités) qui ne recevront aucune aide du revenu universel, mais devront le financer et se priver dans ce but. Ils perdront au minimum 230 euros par mois.
Gênés aux entournures, se rendant compte de l’ineptie de leur projet, les rédacteurs du projet proposent une expérimentation dans quelques départements pilotes : cela ne servira à rien. Bien entendu ceux qui recevront 750 euros de plus par mois dormiront mieux, pourront se projeter. Ils n’arrêteront pas de travailler pour la plupart. Le revenu universel serait une excellente mesure à prendre d’urgence si elle était finançable. Elle le sera sans doute, en 2070, si le PIB continue à croître. Mais d’ici là il faut arrêter de gâcher du papier et de l’encre pour le vanter.
Christian de Moliner
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