Déconfinement : l’heure du minimalisme digital ?

Le télétravail n’a pas trop réussi à Frédéric(1). Confiné sur les bords de l’Aff, il expédie les affaires commerciales courantes de son employeur, une PME rennaise. Ce matin, il travaille depuis une petite heure. Une notification Facebook arrive dans sa boîte à lettres : marieaubepine56 vient de publier une mise à jour.

Voyons-ça. En gros caractères jaunes sur fond rouge, elle a exprimé sa dernière pensée philosophique : « À chaque jour suffit sa flemme ». « Lol », répond Frédéric avec un émoji réjoui. « Super-lol » réagit marieaubepine56. Un petit tour par l’accueil de Facebook. Deux ou trois nouvelles des amis ; Maurice est sorti de l’hôpital, ça mérite un J’aime. Un coup d’œil distrait à une vidéo de chatons maladroits. Tant que Frédéric y est, un petit tour au site https://www.ouest-france.fr/ pour voir si les nouvelles ont changé depuis tout à l’heure. Une consultation de son compte à labanquepostale.fr, qui n’a pas bougé. Et puis… allez, une courte visite à Meetic, on ne sait jamais ; pas de nouveau message de Cecille-et-pas-Vilaine, tant mieux car la pendule tourne. Résultat des courses : 25 minutes arrachées au temps de travail, quand même. Et le cycle recommencera, toujours dans le même ordre, cinq ou six fois dans la journée.

En Bretagne et ailleurs, l’épidémie de coronavirus a provoqué une épidémie secondaire d’addictions numériques. Confinés seuls chez eux, maints télétravailleurs ont pris de mauvaises habitudes en ligne. L’addiction numérique ne tue pas, certes. Mais elle peut devenir une maladie chronique, frustrante, épuisante et chronophage.

Détox numérique

Le déconfinement est un moment idéal pour une cure de détox numérique. Mais par où commencer ? Réussir (sa vie grâce au minimalisme digital – moins de technologie, plus de concentration arrive à point nommé. On jurerait que son auteur, Cal Newport, avait prévu l’épidémie. (Selon la mode langagière du moment, « digital » figure ici pour « numérique », le « minimalisme digital » n’est pas un éloge du petit doigt.) Cal Newport, avait déjà publié un livre à succès sur le deep work où il proposait des moyens pour retrouver la concentration dans un monde de distraction. Cette fois, il propose une méthode pour échapper à la tyrannie du numérique.

Le minimalisme digital repose, dit-il, sur trois principes :

  1. L’encombrement coûte cher : « encombrer son temps et son attention avec des appareils, applis et services trop nombreux a un coût global négatif.
  2. L’optimisation est importante : pour tirer tous les bénéfices d’une technologie, il faut bien réfléchir à son optimisation.
  3. L’intentionnalité est satisfaisante : maîtriser son usage des technologies s’avère riche de sens.

Le minimalisme digital fait appel à des règles de vie élémentaires : les solutions sont en nous. Le livre s’inspire même du mode de vie des Amish, dont on s’aperçoit au passage qu’ils sont bien moins arriérés qu’on ne le croit généralement.

Le grand ménage numérique préconisé par Cal Newport n’est pas sans douleur. Il passe par une période d’abstinence de trente jours. Elle permet de redécouvrir des activités et comportements épanouissants et riches de sens. Mais ce n’est qu’une parenthèse : le moment capital est celui ou vous « réintroduisez les technologies facultatives dans votre vie, en partant d’une ardoise vierge ».

Des moyens simples

Pour se débarrasser de notre fardeau numérique, Cal Newport préconise de réapprendre à passer du temps seul, de respecter des horaires d’activité numérique ou de « rejoindre la Résistance de l’attention » en s’épargnant certaines séductions du smartphone.

Cal Newport, professeur d’informatique à l’université de Georgetown, n’est pas du tout hostile à la technologie. Il cherche juste à montrer qu’elle doit être au service de la vie, pas l’inverse. Dans cette recherche d’équilibre, les moyens à employer sont en général simples, naturels, à la portée de tous, presque évidents parfois : faire de longues marches, bricoler, peindre ses murs en rose Pepto-Bismol… Avec la démarche simple proposée par ce livre, il ne s’agit pas seulement de se débarrasser de mauvaises habitudes mais, si possible, d’apprendre à mener une vie meilleure.

E.F.

(1) Les noms ont été modifiés.

Crédit photo : BI, droits réservés
[cc] Breizh-info.com, 2020, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine

Cal Newport, Réussir (sa vie grâce au minimalisme digital – moins de technologie, plus de concentration, Paris, Alisio, 2020. 256 pages, 21 €. Version numérique, 16,99 €.

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