Covid-19, vers un monde sans argent [L’Agora]

La crise sanitaire du coronavirus aura été un révélateur des fragilités de notre système néolibéral sur lequel les économies de nos sociétés se sont fondées. Il serait aisé autant que trompeur de penser que cette pandémie soit la cause de notre fragilité économique. Mais elle a au moins le mérite de poser la question de la pérennité d’un système dont les maîtres mots sont le profit et la rentabilité. Elle rebat les cartes et repose la question des priorités.

Ce constat étant établi, comment imaginer un système qui aurait pour priorité l’humain et le bien-être de tous ? En reconsidérant la question de l’argent par exemple.

Cette idée qui peut paraître idéaliste pour certains, aberrante pour d’autres, ne resterait pas moins une piste fondamentale à creuser. Avec pragmatisme et sans idéologie.

Comment alors inciter la population à travailler pour autrui, créer des richesses sans rémunération en contrepartie ? En considérant que chacun d’entre nous pourrait consommer des biens et services gratuitement.

La population dans son écrasante majorité verra d’un très bon œil de consommer sans rien demander en retour. Mais comment motiver cette même population à travailler sans… rémunération ?

Tout d’abord, grâce à la technologie, il serait nécessaire de robotiser au maximum les tâches les plus pénibles. Le travail de l’humain dans ces activités spécifiques se résumerait alors, dans ses grandes lignes, à la bonne marche des systèmes informatisés de production mis en place.

La main-d’œuvre deviendrait abondante et se dirigerait vers les activités qui plaisent à chacun d’entre nous, avec, toujours, la possibilité de changer d’activité, de poste, de métier en respectant des procédures et organisations établies par chaque entreprise. Le chômage n’étant plus une variable d’ajustement, les entreprises auront une main d’œuvre importante et pourraient mettre en place des contrats adaptés avec chacun de ses collaborateurs (temps de travail, activités à réaliser, etc.). Il n’y aurait plus de rapport de force entre employeurs et employés.

Pour motiver les gens à donner de leur temps, le volontariat, le bien-être au travail et la reconnaissance personnelle seraient les moteurs prioritaires et peut-être, à terme, plus efficaces qu’une rémunération. Le sentiment d’appartenance ainsi que la notion de se rendre utile à la société seraient des leviers de motivation naturels et durables.

Il en résulterait une diminution importante des troubles physiques et psychologiques liés à notre système actuel basé sur une hiérarchie lourde, la concurrence, la frustration et les inégalités. Le système de soin s’en retrouverait soulagé.

La compétition entre individus ne trouverait plus matière à être alimentée. Chacun irait au travail en tenant compte de considérations plus personnelles : goût pour le travail manuel ou intellectuel, attirance pour les activités créatives, financières, artisanales, etc.

La bonne personne à la bonne place ! En tout cas, étant donné que la pression de « gagner sa vie » ne serait plus, chacun s’orienterait selon ses propres considérations, envies et sensibilités et comme tous les goûts sont dans la nature, chaque poste serait pourvu. L’amour du travail prendrait alors tout son sens.

La qualité serait privilégiée à la quantité et bénéficierait à l’environnement en garantissant des produits plus durables dans le temps et un recyclage plus ciblé et efficient. Le développement pourrait être réellement durable en ce sens qu’il ne serait plus mesuré à l’aune du PIB, lui-même mesuré selon des critères économiques quantifiables en devises.

L’occupation serait choisie, volontaire et réalisée avec un certain enthousiasme, ce qui apporterait une réduction du stress, des envies, des rancœurs et par là de toutes les sortes de rivalités qui mettent à mal le relationnel.

En outre, une consommation débridée ou encore cette volonté de posséder plus que son prochain perdraient beaucoup de leur intérêt notamment en ce qui concerne le besoin d’exposer les signes extérieurs de richesse, signes qui ont comme finalité de distinguer les humains selon des classes sociales dont l’argent est le critère premier de distinction. Le clivage entre riches et pauvres deviendrait obsolète.

La surconsommation n’aurait plus de sens puisque, dans un monde non lié aux bulles financières, la pénurie ne serait plus à craindre.

Il serait toutefois judicieux, en tout cas dans un premier temps, de mettre en place des garde-fous afin de limiter toutes consommations abusives. Pour ce faire, le gouvernement pourrait nationaliser les structures en place, ou réfléchir à de nouvelles directives à imposer aux propriétaires et entrepreneurs. Il serait donc important de dépoussiérer en profondeur la législation actuelle.

Sans appât du gain, quelles raisons feraient maintenir les trafics en tous genres, le vol, la surexploitation de la nature ou encore la prostitution ? Aucune a priori !

Les prisons s’en retrouveraient moins peuplées. Les services d’ordre seraient moins sollicités et pourraient ainsi concentrer leurs efforts sur d’éventuelles incivilités, car la criminalité n’aurait pas disparu pour autant.

La liste des bienfaits de ce nouveau système est loin d’être exhaustive. Le souci de la rentabilité n’existant plus, les gouvernements pourraient se pencher avec plus de volonté sur la résolution des nombreuses menaces qui pèsent sur nos sociétés comme le changement climatique, la chute de la biodiversité ou les pollutions de toutes sortes.

Réflexion faite, on peut se poser la question fondamentale de l’argent en tant que cause de beaucoup de nos problèmes !

Cependant, pour mettre en place un système sans argent, il est inconcevable de l’imposer de manière directe et abrupte. Seul l’effondrement de l’économie mondiale pourrait l’y contraindre à la condition d’une prise de conscience généralisée. Mais rappelons-le, les luttes de classes n’auraient plus de sens, les revendications et manifestations de toutes sortes seraient pour beaucoup tuées dans l’œuf puisque l’essence même de leurs causes, à savoir l’argent et ses conséquences, n’existerait plus.

En cas d’effondrement économique, la crise se mondialiserait et sans un effort de reconsidération d’un système plus pérenne et humain, c’est une longue période de chaos qui nous guetterait. À moins de repenser les fondements de notre société. Et l’argent en est un, sinon le plus important. Tous les pays devraient alors œuvrer de concert dans ce sens.

Il est réconfortant de penser qu’en cas d’effondrement une porte de sortie pacifique existe. En voici une piste. En espérant qu’elle soit prise en considération.

René Streit

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