Dans le cadre de la réouverture progressive des écoles, le ministère de l’Éducation nationale a mis en ligne lundi 4 mai une fiche Eduscol à destination des enseignants. Dans cette dernière, est notamment indiqué que si « des enfants tiennent des propos manifestement inacceptables, la situation [sera] rapportée aux autorités de l’école ».
« Des recommandations pédagogiques »
C’est une fiche qui a déclenché un véritable tollé, aussi bien auprès des enseignants que des politiques. Le 4 mai dernier, dans le cadre de la réouverture progressive des écoles, le ministère de l’Éducation nationale a publié sur son site une fiche Eduscol regroupant plusieurs « documents de référence et des recommandations pédagogiques qui ont pour objectif d’accompagner les professionnels dans le processus de reprise des cours ».
« Conduites à tenir », « gestion de l’émotion », « propositions d’activité »… la fiche Eduscol du ministère se veut un véritable petit guide pratique de l’enseignant. Mais au sein de cette fiche, quelques lignes, écrasées par deux paragraphes, ont fait particulièrement grincer des dents. En cause, un paragraphe incitant les enseignants à faire remonter aux autorités de l’école « des propos manifestement inacceptables ».
Éducation : les syndicats montent au front
« Des enfants peuvent tenir des propos manifestement inacceptables. La référence à l’autorité de l’État pour permettre la protection de chaque citoyen doit alors être évoquée, sans entrer en discussion polémique. Les parents seront alertés et reçus par l’enseignant, le cas échéant accompagné d’un collègue, et la situation rapportée aux autorités de l’école », peut-on ainsi lire dans cette fiche pédagogique.
Circulaire reçue par ma mère, enseignante, quant à la reprise des cours. Je traduis : « Si l’un de vos élèves critique la gestion gouvernementale, rappelez-lui à coups de punitions à quel point nous avons été formidables. » pic.twitter.com/tT23F3jnbg
— Sacha Mokritzky (@sacha_mok) May 10, 2020
Si cette fiche n’a pas de valeur réglementaire en tant que tel, n’en reste pas moins qu’elle a provoqué un véritable tollé, notamment auprès des syndicats d’enseignants. « On nous demande de ne pas remettre en cause la gestion de la crise », a ainsi estimé Francette Popineau, secrétaire générale du Snuipp-FSU, premier syndicat du primaire, dans les colonnes de France Info.
Et Frédérique Rolet, secrétaire nationale et porte-parole du Snes-FSU, syndicat national des enseignements de second degré, de rajouter : « certaines [fiches] posent problème idéologiquement […] On a l’impression que toute forme de critique est interdite ».
Après la Loi Avia et les médecins délateurs, voici la circulaire Eduscol concernant le Covid qui consiste à la mise en œuvre progressive par l’Etat, au sein de l’éducation nationale. d’un processus de flicage des enfants avec convocation des parents.https://t.co/Gz2QE8lQoi pic.twitter.com/OxHqjBSv2B
— Guillaume Fiché 5837 ♦️ (@GuillaumeDeKas) May 16, 2020
« Une police de la pensée »
Du côté des politiques, Nicolas Dupont-Aignan a dénoncé une fiche « ahurissante », des mots « extrêmement graves » d’un ministère de l’Éducation nationale « qui demande aux enseignants de commencer une police de la Pensée ».
Étonnamment, depuis le samedi 16 mai, plus aucune trace de ces lignes n’apparaît dans la fiche Eduscol. Ces dernières ont disparu, purement et simplement, sans aucune explication ou mise à jour explicite. Preuve que le ministère de l’Éducation nationale a senti le vent tourner. Reste que consigne a bien été passée auprès des enseignants de surveiller la parole des enfants, comme cela avait déjà été le cas lors des attentats islamistes de 2015.
Non mais attendez j’hallucine. Je jure d’avoir déjà lu ce même paragraphe quelque part.
Ne me dîtes pas qu’ils l’ont fait. Ne me dîtes pas qu’ils ont écrit mot pour mot la même chose pour le coronavirus et pour les attentats…
Vérification : si si Ils l’ont fait https://t.co/ZbI6oeMnIF pic.twitter.com/N9wZNEtV6b
— Rachid l’instit (@rachidowsky13) May 10, 2020
AK
Crédit photo : DR (photo d’illustration)
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