Le 717ème pardon, qui devait avoir lieu dimanche 17 mai à Tréguier, est compromis par le coronavirus. La messe dans la cathédrale se fera sans fidèles et sera retransmise par vidéo. La traditionnelle procession, qui relie le centre-ville à la chapelle bâtie près de la maison natale de saint Yves, est annulée. Les reliques du saint seront néanmoins accessibles dans la cathédrale.
Ces restrictions encouragent l’écoute des deux chants de prière les plus connus du pardon, avec les paroles en breton et leur traduction littérale en français. Une occasion aussi de revoir le vocabulaire et la prononciation pour les non-bretonnants.
Pardon Sant Erwan (Pan eo hirie ho pardon)
Paroles en breton, traduction littérale en français. Reprend un air traditionnel en usage au pardon de Notre-Dame de Quelven, à Guern, dans le Vannetais.
Pan eo hírie ho pardon, sant Erwan venniget,
Pedit evít ho proiz, evit ar Vretoned
Hirie an holl Vretoned ho ped a galon vat
Roit dezhe, aotrou sant Erwan, roit dezhe holl ho mennad
Comme (c’) est aujourd’hui votre pardon, saint Yves béni,
Priez pour vos compatriotes, (priez) pour les Bretons
Aujourd’hui tous les Bretons vous prient de bon cœur
Donnez-leur, monsieur saint Yves, donnez-leur tous leur vœu
Pa deu miz mae da vleuniañ e liorzhoù ar Vro,
Miz mae, miz ma Mamm Santel, pa deu miz mae en-dro,
Me ‘glev war-zu Landreger ar pemp kloc’h bras o son,
Kleier Erwan ha Tual o c’hervel d’ar pardon
Quand le mois de mai fleurit dans les jardins du Pays,
Mois de mai, mois de ma Mère Sainte, quand le mois de mai (est) de retour,
J’entends du côté de Tréguier les cinq grandes cloches sonner,
(Les) cloches d’Yves et de Tugdual appeler au pardon.
Gwechall ‘oa e Landreger ur bez eus ar c’haerañ,
Bez sant Erwan Haelouri, graet gant dug ar vro-mañ
Eno an holl Vretoned a deue da bediñ
Eno ‘roe sant Erwan mennad da bep hini
Autrefois il y avait à Tréguier un tombeau parmi les plus augustes,
(Le) tombeau de saint Yves Hélory, fait par le duc du pays
Là tous les Bretons venaient prier,
Là donnait saint Yves son vœu à chacun
Eno zo bet burzhudoù, ‘vel ne oa ket gwelet
Nag en Breizh, nag en Bro-C’hall, testoù ‘zo da lâret
Eno rouaned ar vro a deue diarc’hen
Da glask ivez ho mennad digant tad ar beoríen
Là il y eut des miracles, comme (ce) ne fut (jamais) vu,
Ni en Bretagne, ni en France, (des) témoins sont (là) pour (le) dire
Là les rois du pays venaient pieds-nus
Quémander aussi leur vœu auprès du père des pauvres
Na pegen kaer eo gwelet, en devezh ar pardon
Parrouzoù koant Bro-Dreger gant ho frosesion !
Roit dezhe pezh a c’houlennont, ô ma sant benniget
N’eus ket d’ho karet gwelloc’h e-touez ar Vretoned
Comme beau (c’) est de voir, au jour du pardon
(Les) paroisses jolies du pays de Tréguier, avec leur procession !
Donnez-leur ce qu’ils demandent, ô mon saint béni,
Il n’y en a pas pour vous aimer mieux parmi les Bretons
Pan eo hírie ho pardon, sant Erwan venniget,
Pedit evít ho proiz, evit ar Vretoned
Hirie an holl Vretoned ho ped a galon vat
Roit dezhe, aotrou sant Erwan, rolt dezhe holl ho mennad
Comme c’est aujourd’hui votre pardon, saint Yves béni,
Priez pour vos compatriotes, pour les Bretons
Aujourd’hui tous les Bretons vous prient de bon cœur
Donnez-leur, monsieur saint Yves, donnez-leur tous leur vœu
Kantik Sant Erwan (Nan n’eus ket e Breizh)
Paroles en breton et traduction en français sur la vidéo.
Écrit dans une langue très accessible pour le pardon de 1883, ce cantique reprend l’air de Lez-Breizh, un chant laïc traditionnel du Barzaz Breizh.
Il fait l’éloge du saint : le cantique est une prière chantée, une prière d’action de grâce, le but est de remercier le saint pour son intervention, en énumérant ses « points forts ».
Saint Yves est d’abord présenté le protecteur des « gens de mer » (« dud ar vor ») : dès le XIVe siècle, il est réputé avoir accompli des miracles lors de naufrages. Associée à la mer, la noyade : plusieurs enfants ou adultes sauvés sur les plages, les rivières, les étangs, les puits, les réservoirs de moulin, et même un cheval tombé à l’eau, qui viendra avec ses maîtres en pèlerinage pour hennir son remerciement !
Il est également le protecteur des gens de terre (« al labourer »), notamment comme guérisseur des troupeaux (miracle du troupeau de vaches de Plounevez, sauvé d’une épidémie vers 1330). Guérisseur également des hommes, qui affluaient sur son tombeau comme aujourd’hui à Lourdes (paralysies, maladies des yeux, maladies mentales…).
Enfin et c’est plus connu, il est présenté comme le modèle des « gens de loi » (avocats, juges…) et des curés de terrain, conformément à sa vie.
Pour en savoir plus, cette biographie de saint Yves, que sa charité conduisit au tombeau, d’après les sources d’époque.
Bonne Saint-Yves à tous !
A.T.
Crédit photo : DR
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