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Avner Cohen : « La question nucléaire est toujours le plus grand tabou national en Israël » [Interview]

Bien qu’Israël ait franchi le Rubicon nucléaire à l’aube de la guerre des Six Jours, en 1967, il entretient toujours l’ambiguïté au sujet de ses capacités en ce domaine. Comment cette attitude d’« opacité » est-elle possible, et comment a-t-elle évolué ?
Jusqu’à ce jour, il n’existait pas de compte-rendu détaillé de l’histoire du nucléaire israélien. Les différentes publications sur le sujet se basaient surtout sur des rumeurs, des fuites, et des spéculations journalistiques. Dans son livre, Avner Cohen en reconstitue méticuleusement l’histoire politique à travers des milliers de documents officiels, américains et israéliens, et plus de 150 entretiens avec quelques-uns des principaux protagonistes de cette aventure.

Cohen se concentre sur la période durant laquelle se réalisa le rêve de David Ben Gourion : faire d’Israël une puissance nucléaire. Il retrace la genèse du programme nucléaire israélien, depuis la création de la Commission israélienne à l’énergie atomique en 1952, jusqu’aux négociations entre le Président Nixon et la Première ministre Golda Meir – qui aboutirent à l’actuelle stratégie du secret –, en passant par le partenariat avec la France, qui donna à Israël la technologie sophistiquée dont il avait besoin, et par l’échec des renseignements américains à identifier le projet Dimona pour ce qu’il était. L’auteur analyse également les raisons complexes pour lesquelles Israël dissimule son programme nucléaire : de la crainte des réactions du monde arabe et d’un débat en Israël même, au respect de l’engagement américain en matière de non-prolifération.

Le professeur Cohen met en évidence les questions essentielles et les nombreuses zones d’ombre qui entourent le nucléaire israélien. Cet ouvrage constituera une révélation pour nombre de lecteurs, spécialement en France, de même qu’une inestimable source d’informations pour quiconque s’intéresse aux questions de la prolifération nucléaire, de la politique au Moyen-Orient, de l’histoire d’Israël, ainsi qu’aux relations de ce pays avec la France ou les États-Unis.

Livre de référence sur le sujet, universellement salué par la critique, et qui a valu à son auteur quelques déboires avec la censure militaire, Israël et la Bombe est enfin disponible en français. Il nous permet également de mieux comprendre les peurs que suscite le programme nucléaire iranien, aussi bien en Israël que dans la classe politique française.

Israël et la Bombe – Avner Cohen – Editions demi lune – 29€

Chercheur universitaire de renom, Avner Cohen a travaillé aux Archives de la Sécurité nationale de l’Université George Washington. Il a enseigné et mené des recherches dans de prestigieuses universités américaines et israéliennes, et publié de nombreux articles sur des sujets aussi divers que la théorie politique, la prolifération et l’éthique nucléaires, ou l’histoire d’Israël. Considéré comme l’un des meilleurs spécialistes des questions de prolifération nucléaire, il enseigne actuellement au Middlebury Institute of International Studies (MIIS, en Californie), et est directeur du programme éducatif au James Martin Center for Nonproliferation Studies.

Nous l’avons interrogé sur son ouvrage.

Breizh-info.com : Pourriez vous vous présenter à nos lecteurs ?

Avner Cohen : Je suis un universitaire américain né en Israël, âgé de 68 ans, qui a commencé son parcours universitaire comme philosophe puis est devenu historien du nucléaire.

J’étudie et je fais des recherches sur l’ère nucléaire depuis près de quarante ans, peu après avoir obtenu mon doctorat avec la commission de l’histoire de la culture de l’université de Chicago en 1981.  Je suis professeur d’études sur la non-prolifération au Middlebury Institute of International Studies à Monterey depuis 2011.  Une grande partie de mon travail a consisté à découvrir l’histoire nucléaire d’Israël, une question qui a été un sujet tabou en Israël et ailleurs.

Breizh-info.com :  Pourquoi avez-vous décidé de publier un livre sur le sujet de la bombe atomique, si sensible en Israël ? Diriez-vous que c’est toujours le plus grand tabou en Israël ou que les choses ont changé, et si oui, quand ont-elles changé ? 

Avner Cohen : J’ai été intéressé très tôt par cette question.

Enfant, mon père, qui était journaliste, était à la fois fasciné et préoccupé par l’émergence de la bombe.

Rétrospectivement, une partie de sa propre anxiété nucléaire s’est installée en moi. J’ai terminé mes études supérieures à Chicago au plus fort de la protestation nucléaire mondiale du début des années 1980.

Un matin de 1982, pendant ma première année d’enseignement, un collègue m’a appelé et m’a demandé : « Avner, seriez-vous intéressé pour publier avec moi une série d’essais contemporains sur la situation actuelle du nucléaire, d’un point de vue philosophique ? »

Sans aucune hésitation, j’ai dit : « OUI, faisons-le« .  D’une certaine manière, ce coup de téléphone de Steven Lee a changé ma vie.

Pendant les années qui ont suivi, j’ai commencé à lire tout ce que je pouvais trouver sur le nucléaire.

C’est ainsi que j’ai commencé à « découvrir » progressivement le caractère unique et l’étrangeté de la situation nucléaire israélienne. Comme tout Israélien, j’avais « intériorisé » le fait que la question nucléaire est une sorte de tabou national, dont nous, Israéliens, ne parlons pas, sur lequel nous ne voulons pas vraiment en savoir trop.

Mais le fait d’entrer dans le « jardin interdit », d’abord dans une perspective morale et civilisationnelle large, a commencé à soulever chez moi des questions sur la situation nucléaire israélienne unique. Plus je m’interrogeais, plus je me rendais compte de la profondeur et du caractère multidimensionnel de ce tabou israélien.

Le livre lui-même est né de mon travail de rédaction d’un grand article universitaire sur l’histoire du programme nucléaire israélien.

Ce travail a conduit à un conflit de deux ans avec la censure militaire israélienne (1993-1995), incluant une pétition contre le Premier ministre Rabin et le chef de la CMI à la Cour suprême.  Au terme de ce conflit, j’ai décidé de ne pas publier l’article interdit et de rédiger un livre complet, sans devoir subir la censure.  Ce livre fut « Israël et la bombe » qui est sortie aux États-Unis en 1998.

Pour revenir à votre question, je pense que la question nucléaire est toujours le plus grand tabou national en Israël.

Même si le tabou s’est officiellement relâché ces dernières années, certains disent que c’est la dernière raison d’être de la censure israélienne.

Breizh-info.com : Pourriez-vous nous rappeler les dates fondamentales concernant l’armement d’Israël dans cette direction

Avner Cohen : Voici ma liste des dates marquantes des événements connus (je souligne connus, car pour l’essentiel, les étapes ou jalons militaires, organisationnels et techniques ne sont pas accessibles).

– Fin 1948 : Le chimiste nucléaire Israël Dostrovsky fonde le HEMED GIMMEL, une unité de recherche scientifique au sein du HEMED, (le corps scientifique des Forces de défense israéliennes), qui est à la base du programme nucléaire national.

– 13 juin 1952 : Ben Gourion fonde secrètement la Commission israélienne à l’énergie atomique (CIEA) et nomme Ernst Bergmann à la tête de cette organisation.

– Février 1955 : Ben Gourion revient dans le gouvernement en tant que ministre de la Défense ; en novembre, il redevient aussi Premier ministre, et inscrit dans le secret ses ambitions nucléaires comme priorité nationale. Il choisit Shimon Pérès, alors jeune directeur général adjoint du ministère de la Défense, pour mener à bien ce projet.

– 22-24 octobre 1956 : Lors d’une conférence secrète à Sèvres, la France, la Grande-Bretagne et Israël préparent la campagne de Suez. L’accord nucléaire franco-israélien, d’une portée encore très limitée, est approuvé au plus haut niveau politique.

– 3 octobre 1957 : À la suite d’un an d’intenses négociations menées par Pérès, Israël et la France conviennent d’un ensemble d’accords à la fois techniques et politiques au sujet de Dimona. Ces accords prévoient notamment la livraison d’un gros réacteur, construit sur le modèle du G-1 de 40 MW installé à Marcoule, et capable de produire du plutonium, au lieu du plus modeste EL-102 initialement prévu. Les accords comprennent également la construction d’une usine chimique pour l’extraction du plutonium. Le lendemain du jour où chute son gouvernement, le 1er octobre, Bourgès-Maunoury signe une lettre approuvant la coopération franco-israélienne ; le document sera cependant antidaté au 30 septembre.

– 1er semestre 1958 : Début des travaux d’excavation sur le site de Dimona. Pérès confie la gestion du projet Dimona au colonel Manes Pratt.

– 13 mai 1960 : Maurice Couve de Murville, ministre français des Affaires étrangères, informe Israël de l’arrêt de la coopération nucléaire entre les deux pays, et exige du gouvernement israélien qu’il rende publique l’existence du réacteur de Dimona, se porte garant de la nature pacifique du projet, et accepte le principe d’inspections internationales. Des négociations s’ensuivent.

– 8 décembre 1960 : La CIA produit une nouvelle Estimation spéciale des services de renseignement (SNIE) concernant Dimona, soulignant les énormes conséquences potentielles du programme nucléaire israélien. Washington demande une réponse formelle à Israël.

– 21 décembre 1960 : Devant la Knesset, Ben Gourion évoque la construction en cours d’un réacteur à Dimona, et réaffirme la nature pacifique du programme nucléaire israélien. Ce discours constituera la première et unique déclaration publique israélienne au sujet de Dimona.

– 26 avril 1963 : Israël conclut avec la société Dassault un accord formel portant sur la conception d’un missile de type MD 620.

– Aux alentours du 26 décembre 1963 : Le réacteur de Dimona entre en activité.

– 1965-66 : Israël commence à produire du plutonium de qualité militaire sur le site de Dimona.

– Fin mai 1967 : À mesure que la perspective d’une guerre se précise, des rumeurs font état de la mise au point par Israël d’un engin explosif nucléaire expérimental. Un plan de contingence militaire, destiné à démontrer la capacité nucléaire israélienne, est à l’étude.

– 12 juillet 1969 : Les Américains effectuent une dernière « visite » à Dimona. Cette fois encore, les scientifiques ne trouvent aucun indice de la présence d’une usine de retraitement du plutonium. Depuis 1964, les États-Unis ont effectué des « inspections » régulières de Dimona, au rythme d’environ une par an.

– 26 septembre 1969 : Richard Nixon reçoit Golda Meir à la Maison-Blanche. À cette occasion, un nouvel accord secret est conclu entre les deux pays. Israël s’engage à ne pas tester ni faire valoir sa capacité d’armement nucléaire ; en échange, les États-Unis renoncent aux inspections de Dimona, et cessent de faire pression sur les Israéliens pour qu’ils signent le TNP. L’esprit de cet accord est respecté par tous les Présidents américains et Premiers ministres israéliens successifs.

– 6-25 octobre 1973 : La guerre du Kippour. L’Égypte et la Syrie lancent une attaque surprise sur deux fronts. Dans un premier temps, les Israéliens subissent de lourdes pertes. Le 7 octobre, lors d’une rencontre au sommet avec Golda Meir, le ministre de la Défense Moshe Dayan suggère l’élaboration d’un plan d’urgence prévoyant le recours à la force nucléaire. Meir écarte finalement la proposition de Dayan.

– Dans la seconde moitié des années 1970, Israël s’engage dans l’agrandissement du complexe de Dimona et accroit ses capacités en recherche et développement dans le domaine nucléaire.

– 22 septembre 1979 : Un satellite Vela américain détecte un double flash lumineux à quelques centaines de kilomètres au large de la côte est de l’Afrique du Sud. Selon une estimation du Conseil de sécurité nationale états-unien, il pourrait s’agir du test d’une bombe thermonucléaire effectué par les Israéliens.

– 5 octobre 1986 : Le Sunday Times publie le témoignage de Mordechaï Vanunu, ancien technicien à la centrale de Dimona, lequel confirme l’existence d’une usine de retraitement de l’uranium, et fournit des informations critiques sur les installations et le réacteur nucléaires. En s’appuyant sur ces révélations, certains experts estiment que l’arsenal israélien compte entre 100 et 200 engins nucléaires.

– Septembre 1989 : Israël effectue (probablement pour la 3e fois) de nouveaux tests du missile balistique Jéricho-II, dont la portée est cette fois estimée à 1 300 km.

– Fin 1989 : Le gouvernement allemand donne son accord à un chantier naval pour la construction de deux sous-marins de la classe Dolphin à destination d’Israël.

–  16 janvier 1991 – 28 février 1991 : Durant la guerre du Golfe, Israël place ses forces nucléaires en état d’alerte, en réaction à des tirs de missiles Scud irakiens, et à des inquiétudes quant à une hypothétique utilisation par l’Irak d’armes chimiques contre Israël. Le Premier ministre Yitzhak Shamir tient des propos menaçant envers l’Irak, et sous-entend le recours possible à l’arme nucléaire.

– 30 janvier 1991 : Le gouvernement allemand propose de financer l’achat par Israël de deux sous-marins de la classe Dolphin ce qu’Israël accepte. Les coûts d’un troisième appareil seront partagés entre l’Allemagne et Israël. Les analystes voient les sous-marins comme la base possible d’une force de dissuasion nucléaire en mer.

– 8 mars 1995 : Le ministre de la Défense israélien annonce l’acquisition d’un 3e sous-marin de classe Dolphin dont les coûts seront partagés avec le gouvernement allemand.

– 29 mars et 1er juillet 1999 : Israël prend possession de ses 2 premiers sous-marins de classe Dolphin lors de 2 cérémonies différentes à Kiel, en Allemagne. Grâce à ses commandes de trois sous-marins de classe Dolphin à l’Allemagne, Israël a acquis ce qui est perçu comme étant le troisième volet d’une « triade nucléaire ».

– 1er juin 2000 : Selon le Sunday Times, Israël lance avec succès un missile de croisière d’une portée de 1 500 km capable de transporter une ogive nucléaire. L’essai effectué depuis un sous-marin aurait eu lieu au large du Sri Lanka.

– 22 octobre 2000: Le dernier des 3 sous-marins allemands de classe Dolphin arrive en Israël.

– 23 août 2006 : Des rapports font surface selon lesquels Israël a signé un contrat portant sur l’achat de 2 sous-marins de classe Dolphin supplémentaires, achat en partie financé par le gouvernement allemand. Un troisième suit en 2011.

– 17 janvier 2008 : Israël effectue le premier test de tir du missile balistique Jéricho III, dont la portée est estimée entre 4 800 et 6 500 km.

Breizh-info.com : La survie d’Israël passait-elle, dès sa création comme le pensait Ben Gourion, obligatoirement par cette arme de dissuasion ? Pourquoi dès lors avoir refusé toute vérification, tout contrôle comme s’y sont pourtant livrés d’autres pays qui possèdent cette arme ?

Avner Cohen : Cette question est historiquement biaisée.

L’Israël de Ben Gourion est radicalement différent de l’Israël de 2020.  Ben Gourion a envisagé la bombe comme la garantie ultime d’un Etat d’Israël minuscule qui était assiégé depuis sa création. Ben Gourion a présidé un État à peine né des cendres de l’Holocauste.

Dans sa première décennie, dans les années 1950, les dirigeants israéliens ont commencé à débattre de la signification historique de l’Holocauste. Israël comptait moins de deux millions d’habitants, une minuscule enclave dans une région arabe hostile vouée à sa destruction.

La bombe était considérée comme un « bouclier de verre » (pour reprendre la métaphore de l’auteur israélien Ari Shavit) nécessaire pour permettre à ce minuscule pays de se développer dans un espace protégé.

Cette bombe a été pensée pour empêcher un autre Auschwitz. Israël devait se donner les moyens d’infliger Hiroshima et Nagasaki.

Dans le fond, Ben Gourion a cherché la bombe par peur et par anxiété existentielle.

Israël aujourd’hui est un pays radicalement différent de celui de Ben Gourion dans les années 1950.

L’Israël d’aujourd’hui est sans doute la plus grande puissance militaire, technologique et économique du Moyen-Orient.

Grâce à la « menace » de sa bombe non déclarée, Israël a signé une paix officielle avec deux États arabes, l’Égypte et la Jordanie, et entretient de facto des relations amicales avec de nombreux autres États arabes.

La légitimité de l’existence d’Israël n’est plus remise en question par aucun de ses voisins immédiats ; Israël n’est plus confronté à une menace existentielle.

Cette transformation aurait-elle pu se produire sans la bombe invisible israélienne ?  Dans quelle mesure la bombe opaque israélienne a-t-elle contribué à cette extraordinaire transformation géopolitique ?  Eh bien, nous pouvons spéculer sur ces questions mais nous ne le savons pas vraiment car la question de la bombe israélienne est toujours un tabou pour les Juifs et les Arabes au Moyen-Orient.

Si Ben Gourion a envisagé la bombe comme une garantie pour la survie à long terme de son petit Israël (en l’absence de toute alliance avec une puissance occidentale telle que les États-Unis), il n’aurait pas pu envisager la victoire militaire de 1967.

Aujourd’hui, la bombe joue un rôle très différent et semble malheureusement aider Israël surtout à légitimer sa politique de colonisation.

Breizh-info.com : Pouvez-vous expliquer ce qu’est la politique d’ambiguïté (nucléaire) délibérée ? Si la survie d’Israël dépendait uniquement de la possession d’armes nucléaires, pourquoi fallait-il la garder secrète (sur les 9 pays possédant la bombe, Israël est le seul à prendre cette voie).    

Avner Cohen : La politique d’ambiguïté délibérée – ou, en termes simples, de non-reconnaissance du nucléaire – est désormais multidimensionnelle.

Elle a été mise en place pour protéger le jeune programme nucléaire des pressions politiques américaines, principalement pour éviter une confrontation avec les États-Unis pendant les années de formation du programme nucléaire (la décennie des années 1960). En s’engageant à « ne pas être le premier à introduire des armes nucléaires au Moyen-Orient », Israël a créé un espace politique qui lui a permis de développer le programme, sans confrontation avec les États-Unis et les Arabes.

Plus tard, une fois qu’Israël a possédé la bombe, cette « ambiguïté » ou « opacité » a permis aux États-Unis et au régime de non-prolifération, et même aux Arabes eux-mêmes, de tolérer et de fermer les yeux sur la situation nucléaire d’Israël.

Sur le plan intérieur, cela a permis de dégager un consensus au sein de l’opinion publique israélienne pour que la question nucléaire ne soit pas abordée dans le discours public. Elle a fourni aux bureaucrates et aux décideurs politiques un environnement commercial stérile, une caution bureaucratique.

Breizh-info.com : Quel rôle a joué la France dans l’acquisition par Israël de l’arme atomique ?

Avner Cohen : La France a joué un rôle fondamental, essentiel dans les débuts du programme nucléaire israélien.  La France était le premier fournisseur nucléaire étranger.

Sans la France comme fournisseur étranger, Israël n’aurait pas pu lancer son programme d’armes nucléaires à base de plutonium. Certains scientifiques israéliens ont proposé très tôt qu’Israël développe un programme secret d’enrichissement nucléaire indigène qui serait indétectable par les services de renseignement étrangers.

A la fin des années 1950, il était impossible pour Israël de développer seul un programme d’enrichissement indépendant.

Breizh-info.com : Quel rôle ont joué les USA dans le maintien de ce secret de polichinelle ?

Avner Cohen : Un rôle crucial. Il ne fait aucun doute dans mon esprit que sans le soutien tacite des États-Unis, apporté par le « pacte » secret conclu entre le Président Nixon et le Premier ministre Meir en 1969, Israël n’aurait pas pu créer à lui seul un régime d’opacité ou de non-acceptation nucléaire qui aurait été toléré et accepté par le reste du monde.

Il est clair que les États-Unis et Israël sont en symbiose à ce sujet.

Breizh-info.com : Il semblerait qu’aujourd’hui encore, en Israël même, la possession de cette puissance nucléaire fasse toujours débat, est-ce le cas ?

Avner Cohen : Pas du tout. L’opinion publique israélienne continue de traiter la question nucléaire comme un sujet tabou. La censure israélienne est tout aussi rigide et radicale en empêchant la publication de toute information d’origine israélienne sur le sujet.

Les Israéliens n’ont aucune connaissance autorisée sur le sujet, et ils ne cherchent pas à en avoir. À cet égard, Israël est un cas unique parmi tous les États dotés d’armes nucléaires.

Propos recueillis (et traduits de l’anglais) par YV

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