Dans un contexte économique difficile, la compagnie Brittany Ferries a tenu son assemblée générale il y a quelques jours. Entre Brexit et confinement, quelles perspectives pour 2020 ?
Brittany Ferries : baisse de la fréquentation en 2019
L’armateur breton Brittany Ferries a connu une baisse de son trafic lors de l’exercice 2019 en réalisant un chiffre d’affaires de 469 millions d’euros. Si l’activité passagers a diminué avec 2,49 millions de voyageurs transportés (-4,9 % par rapport à 2018) et 866 000 véhicules de tourisme (-5 % par rapport à 2018), il en va de même pour le fret, accusant une légère baisse de 1,9 % avec 202 000 véhicules transportés.
Par ailleurs, en raison du confinement, Brittany Ferries estimait déjà à la fin du mois de mars dernier que la perte de chiffre d’affaires engendrée sur les mois de mars et avril 2020 serait de plus de 25 millions d’euros. Car, depuis le 19 mars, seuls cinq des douze navires de l’armement, ne transportant que du fret, assurent encore des rotations sur les lignes maritimes de Caen/Portsmouth, Cherbourg/Portsmouth, Santander/Portsmouth, Bilbao/Poole et Bilbao/Rosslare.
C’est donc dans ce contexte agité que la compagnie a organisé son assemblée générale le 5 mai et présenté ses résultats de 2019 à ses actionnaires.
Du Brexit au Covid-19, 2020 comme un défi
Tandis que le trafic passagers est interrompu en Europe et que les frontières sont fermées, l’année 2020 s’annonce comme une année de défis pour Brittany Ferries. Car, outre les perturbations actuelles, se profile aussi à l’horizon la perspective du Brexit. Pour rappel, le Royaume-Uni a quitté l’Union européenne le 31 janvier 2020 mais une période de transition s’est ouverte pour 11 mois. À quoi faut-il s’attendre après le 31 décembre 2020 ? Dans le cas où aucun accord ne serait trouvé, le Royaume-Uni se verrait appliquer les règles de l’Organisation Mondiale du Commerce entraînant le paiement de droits de douanes et le renforcement des contrôles douaniers.
Dans ces conditions, Jean-Marc Roué, président de la compagnie basée à Roscoff, prévoit aussi de fidéliser la clientèle irlandaise : « Du Royaume-Uni à l’Irlande jusqu’aux ports normands et bretons, les personnes et les biens doivent pouvoir circuler librement pour que nous puissions nous remettre de la crise actuelle. C’est notre objectif majeur à l’approche de la saison 2021 ».
Quant à l’avenir, justement, Brittany Ferries, qui emploie entre 2 400 et 3 100 salariés selon la saisonnalité, n’envisage pas de revoir ses ambitions à la baisse et maintient son plan de renouvellement de la flotte de 550 millions d’euros amorcé en 2017. Quatre ferries sont en effet attendus :
- Le Galicia (Royaume-Uni/Espagne) dont la livraison est prévue en juillet pour une entrée en service en novembre 2020 ;
- Le Honfleur (France/Royaume-Uni) dont la livraison est retardée : la crise sanitaire du COVID-19 a renforcé les difficultés financières du chantier FSG. Ce dernier est en redressement judiciaire et son refinancement est en passe d’être trouvé ;
- Le Salamanca (Royaume-Uni/Espagne) dont la pose de la quille a eu lieu en avril 2020 ;
- Le Santoña (Royaume-Uni/Espagne) dont l’entrée en service est toujours prévue en 2023.
Trois d’entre eux seront propulsés au Gaz Naturel Liquide (GNL), réaffirmant ainsi l’entrée de la compagnie dans l’ère de la transition énergétique.
Qu’attendre de l’État face à la crise ?
Dans son communiqué de presse du 6 main, Brittany Ferries détaille les chiffres de la fréquentation touristique selon les régions. En Bretagne, la baisse de fréquentation représente 13 000 visiteurs en moins avec 282 000 personnes pour un total de 151 millions d’euros dépensés. La Normandie est passée de 219 000 visiteurs à 203 000 (-16 000 personnes) avec un total de dépenses de 74 millions d’euros. Mais les Pays de la Loire ont enregistré une notable augmentation en 2019, passant de 143 000 à 162 000 visiteurs pour 90 millions d’euros dépensés. La Nouvelle-Aquitaine, elle, conforte enfin son attractivité touristique auprès des voyageurs de Brittany Ferries, avec 230 000 visiteurs qui ont dépensé plus de 160 millions d’euros.
Au total, en 2019, 857 000 voyageurs Brittany Ferries ont dépensé plus 586 millions d’euros dans l’Hexagone avec la réservation de 8,7 millions de nuitées en hôtels, gîtes, campings et résidences de vacances. En outre, cette baisse généralisée est amenée à se répéter en 2020, malgré l’activité fret se poursuivant en partie actuellement.
En qui concerne les pouvoirs publics, Jean-Marc Roué se veut confiant quant au soutien de ces derniers : « Au dernier jour de ma présidence d’Armateurs de France, en avril dernier, j’ai moi-même appelé nos dirigeants à lancer un Plan Marshall pour la navigation française. Le gouvernement a commencé à nous répondre avec un premier dispositif d’aides pour le Transmanche. Nous allons également candidater aux dispositions qu’offrira le Plan spécifique pour l’Industrie du tourisme annoncé par le président de la République. Premier employeur de marins français, je saurai me battre pour défendre Brittany Ferries et le modèle qu’elle incarne ! ». Gageons qu’il y parvienne.
AK
Crédit photo : DR
[cc] Breizh-info.com, 2020, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine – V