« Dans les forêts de Sibérie ». Le récit de Sylvain Tesson adapté en bande dessinée

En 2010, pour fuir la société occidentale, l’écrivain Sylvain Tesson part s’isoler, pendant six mois, en Sibérie, dans une cabane au bord du lac Baïkal. Il y arrive en plein hiver. Par -30°C, en patin à glace, traversant les neiges silencieuses, il découvre la nature entourant sa cabane, située à 120 km du village le plus proche. S’éloignant du lac gelé, il rend visite à ses amis russes, des forestiers amoureux de la Sibérie. Informés par la radio des événements du monde, ils ne comprennent pas la montée de l’insécurité et de l’islam en France. Au printemps, à la fonte des glaces, il part à l’aventure en kayak. Mi-juin, ne supportant plus cette séparation, sa compagne restée en France lui annonce qu’elle le quitte…

Vivre de la lenteur…

De cette quête intérieure et contemplative, Sylvain Tesson en tire un récit, paru en 2011. Il démontre que la fuite de la société moderne lui a permis de découvrir les besoins vitaux : se nourrir, couper du bois pour faire du feu… Il justifie simplement son choix : « Je suis parti parce que la vie m’étouffait comme le col d’une chemise trop serré. Je voulais vivre de la lenteur, de la simplicité et de l’émerveillement. Ne garder que l’essentiel ».

Cette longue isolation lui laisse tout le temps de lire les livres qu’il affectionne (Michel Déon, Céline, Drieu la Rochelle…). Sylvain Tesson livre le fruit de ses réflexions. Il révèle son admiration pour le peuple russe, revendique les bienfaits du tabac et de l’alcool et, surtout, dénonce le monde moderne athée. La fin du récit l’amène à comparer le monde qu’il a quitté et celui qu’il a découvert : « Qui a raison ? Le moujik autarcique qui remet son âme au ciel mais ne pénètre jamais dans un magasin ? Ou le moderne athée, affranchi de tout corset spirituel, mais qui est contraint de téter les mamelles du système et de se plier aux injonctions imposées par la vie en société ? Faut-il tuer Dieu, mais se soumettre aux législateurs, ou bien vivre libre dans les bois en continuant à craindre les esprits ? ».

Pour sa première bande dessinée, Virgile Dureuil adapte ce récit de Sylvain Tesson. Sur plus de 100 planches, le texte de l’écrivain est inséré dans des bulles.

Virgile Dureuil révèle qu’il s’est « fixé sur un style relativement réaliste, une ligne claire, avec un travail sur l’épure et les aplats de couleur ». Certes, on regrette que dans des cases manquant parfois d’envergure, la beauté des paysages sauvages de la Sibérie peine à transparaître. Mais le dessin semi-réaliste soigné convient bien à ce récit. Il restitue l’état d’esprit de l’écrivain.

Cette bande dessinée permet de découvrir l’œuvre de Sylvain Tesson, pour ceux qui ne la connaissaient pas encore. Cet écrivain voyage la plupart du temps par ses propres moyens, en totale autonomie. Ses expéditions sont financées par des conférences et par la vente de ses récits. En 1991, il découvre l’aventure lors d’une traversée à vélo du désert central d’Islande, puis d’une expédition spéléologique à Bornéo. Puis, en 1993-1994, il fait le tour du monde à bicyclette. En 1997, il traverse l’Himalaya à pied, en passant clandestinement par le Tibet. En 1999-2000, il traverse également les steppes d’Asie centrale à cheval. En 2001 et 2002, il participe à des expéditions archéologiques au Pakistan et en Afghanistan. De mai 2003 à janvier 2004, il reprend l’itinéraire des évadés du Goulag en suivant le récit de Sławomir Rawicz (The Long Walk), traversant la Sibérie, la Chine et l’Inde. En 2010, il va vivre en ermite dans une cabane au sud de la Sibérie et relate cette expérience solitaire dans son journal Dans les forêts de Sibérie. Fin 2012, il entreprend un voyage de Moscou à Paris afin de refaire, à moto, le trajet de la retraite de Russie menée par Napoléon.

Sylvain Tesson publie des reportages dans Le Figaro Magazine. À la fin des années 1990, il anime sur Radio Courtoisie, en collaboration avec Alexandre Poussin, une émission consacrée à l’aventure. Il obtient le prix Goncourt de la nouvelle en 2009, pour Une vie à coucher dehors et le prix Médicis essai en 2011 pour Dans les forêts de Sibérie. Il analyse L’Iliade et L’Odyssée dans Un été avec Homère, qui sera l’essai le plus vendu en 2018. Il est l’auteur le plus vendu en 2019 en France grâce à son roman La Panthère des neiges, qui obtient le Prix Renaudot.

Kristol Séhec

Dans les forêts de Sibérie, 106 pages, 18 euros. Éditions Casterman.

Illustrations : DR
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