Le professeur Pierre RAZOUX, de l’IRSEM, juge qu’au Moyen-Orient, les gagnants de la crise du Covid sont les terroristes, les trafiquants et les régimes autocratiques. Laissant le champ libre à la Chine, avec une Europe absente, la crise sanitaire fragilise de nombreux pays, dont le Liban, la Jordanie, l’Égypte ou l’Algérie. Les sénateurs appellent l’Europe à réinvestir cette zone cruciale pour sa sécurité.
Le tableau saisissant d’un Moyen-Orient sous pression sanitaire et stratégique a été dressé au Sénat par le professeur Pierre Razoux, Directeur de recherche à l’IRSEM et Directeur-associé de recherche à la Fondation méditerranéenne d’études stratégiques. La crise du Covid-19 est une aubaine pour les acteurs les plus résilients : trafiquants en Méditerranée, mouvances djihadistes dans l’ensemble de la zone, régimes autocratiques.
Cette crise aura des conséquences géopolitiques durables. Dans la compétition pour écrire le monde d’après, le retrait américain et l’absence européenne laissent le champ libre à la Chine. L’Europe, face aux grand acteurs décomplexés (Chine, Russie) et aux ambitions des acteurs régionaux (Iran, Turquie), n’a ni approche coordonnée, ni plan global.
Les sénateurs ont fait part de leurs inquiétudes sur la situation très préoccupante du Liban, la cessation de paiement affaiblissant considérablement un pays où l’influence de l’Iran ne cesse de se renforcer. Le professeur Razoux a indiqué combien la Jordanie, l’Égypte et l’Irak étaient fragilisés, mais aussi l’Algérie, notamment par la baisse des cours du pétrole.
Dans ce contexte troublé, les regards se tournent vers les États-Unis, où l’élection présidentielle du 5 novembre prochain pourrait rebattre les cartes.
À l’issue de l’audition, Christian Cambon (Les Républicains, Val‑de‑Marne), Président de la commission des affaires étrangères et de la défense du Sénat, a rappelé l’importance de cette zone pour la France : « La rive sud de la Méditerranée et le Proche et Moyen-Orient sont notre voisinage direct : ce qui s’y passe a nécessairement des conséquences politiques, économiques et de sécurité pour l’Europe et pour la France. Mais la crise du Covid-19 illustre à nouveau que nous sommes en retard pour définir une approche globale et concertée rassemblant les efforts de tous les pays européens. Si nous n’arrivons pas à définir rapidement des actions communes dans cette région si sensible, nous ne pourrons pas défendre nos intérêts face aux acteurs mondiaux ».
La vidéo de cette audition peut être consultée sur le site du Sénat.
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