La Corée du Sud et l’Allemagne sont deux des meilleurs systèmes de santé au monde, si l’on regarde notamment la gestion de la pandémie du coronavirus, mais pas que. Tacotax, un site qui se propose d’optimiser les impôts des particuliers, a réalisé une étude sur les dépenses engagées par les pays développés pour financer leurs systèmes de santé en comparant ces niveaux de dépenses avec des indicateurs de santé publique.
« Dans un contexte d’épidémie particulièrement difficile, où les Français se posent des questions sur la qualité de leur propre système de santé, il nous semblait nécessaire de mettre en perspective les chiffres français avec ceux du reste du monde » expliquent les instigateurs de l’étude.
Quels pays dépensent le plus pour la santé ?
Afin d’établir la liste des pays qui dépensent le plus, ils se sont basés sur le pourcentage des dépenses de santé engagées par chaque gouvernement en proportion du PIB de chaque pays. Dans le top 3, nous trouvons la Suède (1er), le Japon (2ème) et la Norvège (3ème).
Deux pays nordiques sur le podium : ce n’est bien sûr pas une surprise quand on sait l’importance que donnent ces pays à la protection sociale. Dans ce classement, la France est 5ème, juste derrière l’Allemagne (4ème). Étonnants 6èmes, les États-Unis consacre 8,6 % de leur PIB aux dépenses de santé publique. La présence des États-Unis, peu connus pour la qualité de leur protection sociale et médicale, interpelle.
Pour les États-Unis comme pour d’autres pays, un haut niveau de dépenses est-il une garantie de qualité et de performance d’un système de santé ?
« Notre étude illustre les disparités d’investissements consacrés par chaque pays à son système de santé, mais également les degrés de performances très variables de ces pays sur des critères de santé publique. Il en ressort quelques surprises, avec des pays qui dépensent beaucoup et sont mal classés en nombre de lits d’hôpitaux par habitant ou en nombre de médecins par habitant par exemple. Globalement, il est impossible d’avoir un système de santé performant sans moyens considérables, mais les pays dépensent leur argent de façon très variable, révélant des stratégies diverses » explique Aldric Emié de Tacotax.
Deux pays d’Asie parmi les plus performants en terme de santé publique
En pleine crise du coronavirus, deux pays ont fait particulièrement parler d’eux pour leur gestion efficace de la crise du coronavirus avec une politique de dépistage massif, des contrôles stricts de leur population et un nombre de cas pour le moment limité : la Corée du Sud et le Japon. Nous retrouvons ces deux pays parmi les mieux classés sur différents critères de santé publique : espérance de vie (respectivement de 83 et 84 ans) et nombre de lits d’hôpital en soins curatifs pour 1 000 habitants très élevé (7,1 pour la Corée du Sud et 7,8 pour le Japon). Pourtant en nombre de médecins pour 10 000 habitants, ils ont tous les deux presque moitié moins de médecins que certains pays d’Europe : 23 médecins pour 10 000 habitants en Corée du Sud et 24 pour le Japon (contre 42 par exemple en Allemagne).
Faut-il y voir une prépondérance de la technologie dans ces pays permettant à chaque médecin de traiter efficacement davantage de patients en même temps ? Il semble en tout cas que la Corée du Sud et le Japon aient fait le pari d’investir en priorité dans leurs infrastructures.
France, Italie, Royaume-Uni… et Allemagne
La France, l’Italie, le Royaume-Uni et d’autres pays européens ont une tradition de service public médical très forte qui en a fait pendant longtemps des pays à la pointe. Aujourd’hui ces nations subissent de plein fouet l’épidémie de coronavirus et semblent démunies face à l’afflux de patients en réanimation. La solution du confinement, bien sûr provisoire, révèle l’inadaptation de ces systèmes de santé face à un évènement aussi exceptionnel par sa rareté que par son intensité.
Ces 3 pays ont une espérance de vie équivalente, autour de 82-83 ans. En revanche, en ce qui concerne les équipements, l’Italie et le Royaume-Uni sont à la traîne avec un nombre de lits en soins curatifs respectivement de 2,6 et de 2,1 pour 1 000 habitants. Ces taux faibles expliquent peut-être en partie les difficultés rencontrées par l’Italie et le Royaume-Uni face à la crise actuelle.
Parmi ces 3 nations, la France est le pays qui investit le plus (8,7 % de son PIB) et dispose du plus de personnel et d’équipements (32 médecins pour 10 000 habitants, 3,1 lits d’hôpitaux en soins curatifs pour 1 000 habitants).
Pourtant, pour un niveau d’investissements équivalent (8,7 % du PIB), l’Allemagne fait mieux sur tous les critères de personnel et d’équipements par habitant : 42 médecins pour 10 000 habitants, 6 lits d’hôpitaux en soins curatifs pour 1 000 habitants. Comment expliquer ces différences ? D’une part le système français, plus généreux, demande moins de contributions financières aux malades et coûte donc plus cher à l’État. De plus, les durées moyennes d’hospitalisation en France sont plus longues et les coûts administratifs de la gestion de la santé sont plus élevés. Au final, l’Allemagne semble faire mieux avec autant ce qui, dans une crise comme celle que nous vivons actuellement, se fait particulièrement ressentir. Son système de santé paraît en effet mieux gérer que le nôtre la vague de malades déferlant en réanimation.
Le cas des États-Unis et du Canada
6èmes du classement des pays investissant le plus, les États-Unis ont pourtant des chiffres très moyens en termes de santé publique. Leur espérance de vie est ainsi la seule des pays du panel à être inférieure à 80 ans (78,5 ans). D’autre part, leur nombre de médecins pour 10 000 habitants est faible à 25,9, ainsi que le nombre de lits d’hôpitaux en soins curatifs à 2,4 pour 1 000 habitants.
De son côté, le Canada se classe 7ème avec des dépenses publiques de santé correspondant à 7,8 % du PIB du pays. Ces dépenses n’empêchent pas le pays d’avoir un nombre de médecins pour 10 000 habitants très faible à 23,1 ainsi qu’un nombre de lits d’hôpitaux en soins curatifs également très faible à seulement 2 lits pour 1 000 habitants.
Et maintenant ?
La crise du coronavirus a mis à nu la performance des systèmes de santé dans le monde face à une situation inédite et particulièrement brutale. Certains s’en sortent, en particulier en Asie, quand d’autres explosent. Les pays asiatiques ont eu à subir plusieurs crises sanitaires (SRAS, grippe aviaire) qui ont sonné comme autant d’avertissements. Leurs gouvernements se sont adaptés et ont pu préparer leurs infrastructures de santé à des épidémies du même ordre en s’appuyant essentiellement sur plus de technologie et plus de lits d’hôpitaux.
En France, Emmanuel Macron a évoqué à plusieurs reprises un grand plan d’investissements dans l’hôpital public qui devrait tirer les enseignements de la crise sanitaire actuelle. Les promesses n’engagent que ceux qui les écoutent…
Sources publiques utilisées pour l’étude :
- Pourcentage du PIB consacré aux dépenses de santé du gouvernement : Banque Mondiale – 2017 (https://data.worldbank.org/indicator/SH.XPD.GHED.GD.ZS)
- Espérance de vie moyenne : Organisation Mondiale de la Santé – 2016 (https://apps.who.int/gho/data/node.main.688?lang=en)
- Nombre de médecins pour 10 000 habitants : Organisation Mondiale de la Santé – 2016 (https://www.who.int/gho/health_workforce/physicians_density/en/)
- Nombre total de lits d’hôpitaux et nombre de lits d’hôpitaux en soins curatifs pour 1 000 habitants : OCDE – 2016 et 2017 (https://data.oecd.org/healtheqt/hospital-beds.htm)
Les pays du panel ont été sélectionnés pour leur poids économique et/ou leur proximité avec la France. Les données concernant la Chine sont incomplètes et n’ont pas permis son intégration dans cette analyse.
Illustration : DR
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