Afin de dresser un état des lieux précis de la situation de la filière cidre en Bretagne, la Maison Cidricole de Bretagne a consulté l’ensemble de ses adhérents, cidriers et distillateurs.
Ceux-ci ont répondu en masse à l’enquête pilotée par Valérie Simard, animatrice du réseau. Les données recueillies témoignent d’une situation alarmante pour la filière. En moyenne, les producteurs cidricoles bretons ont en effet accusé une perte de CA moyen de 43 % en mars, et estiment que leur perte moyenne dépassera les 71 % en avril, ce taux avoisinant même les 90 % pour ceux qui alimentent principalement les réseaux Cafés, Hôtels et Restaurants (CHR).
Cette situation, exceptionnelle et inédite par l’ampleur des conséquences économiques qu’elle engendre, succède à une année déjà très difficile pour la plupart des producteurs cidricoles bretons, touchés par un épisode de gel au printemps 2019.
Les incertitudes liées au déconfinement ne permettent pas d’envisager dans l’immédiat une amélioration de la situation. La non-réouverture du réseau CHR, avant mi-juin dans le meilleur des cas, génère notamment un manque à gagner majeur pour l’ensemble de la filière, ce débouché représentant en moyenne 36 % des ventes.
Pour les plus petits acteurs, la vente directe représente souvent le second pilier de leur activité. Malgré l’inventivité dont ils ont su faire preuve pour continuer à servir la population (livraison à domicile, mise en place de drive, etc), la perspective d’une saison touristique en demi-teinte, l’annulation des festivals et fêtes locales… n’augurent pas un redressement de leurs ventes.
Pour les acteurs de taille supérieure, notamment ceux présents en Grande Distribution (GD), la situation n’est pas moins préoccupante, avec un recul constaté en avril de 20 % des ventes en rayon au niveau national et une fermeture temporaire des marchés export.
Dernier point d’inquiétude pour la filière. Cette crise durable au niveau des entreprises de transformation et de commercialisation des produits cidricoles ne sera pas sans conséquence à l’automne prochain pour les exploitations agricoles assurant la production des fruits à cidre nécessaires à la fabrication de l’ensemble de nos produits : cidres, jus de pomme mais aussi pommeaux et eaux-de-vie de cidre de Bretagne.
Faute de place dans des chais encore pleins de la récolte précédente, que faire des pommes et des poires de la récolte à venir, ce d’autant plus qu’une très bonne récolte 2020 s’annonce après le gel de 2019 ?
« Devant cet état des lieux alarmant, la Maison Cidricole de Bretagne appelle tous les acteurs, publics comme privés, à une mobilisation sans précédent pour soutenir, dans cette épreuve, une filière si emblématique pour notre belle région, la Bretagne » indiquent pour conclure les représentants de cette association qui fédère les acteurs de la filière cidricole bretonne et regroupe aujourd’hui 54 ateliers cidricoles et plus de 200 producteurs de pommes associés.
Illustration : DR
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