Propos liminaires sur l’impact économique de la pandémie
Le FMI publie et réactualise, quatre fois par an, ses prévisions de croissance économique pour tous les pays de la planète. (Janvier, Avril, Juillet, Octobre). Ce sont des données que j’analyse de très près, depuis longtemps, car ces données économiques déterminent, pour une large part, les grands équilibres géopolitiques mondiaux.
En général, les réactualisations se font à la marge, et les résultats en fin d’exercice ne sont pas très éloignés de la dernière réactualisation d’Octobre. J’ai toutefois noté, au fil du temps, que les prévisions étaient souvent légèrement optimistes pour les pays occidentaux et légèrement pessimistes pour les pays de l’OCS (Organisation de Coopération de Shangaï). Ces derniers obtiennent donc souvent, en fin d’année, des résultats meilleurs que ceux prévus par le FMI.
Le 5 mars 2018, je publiais un article intitulé: « Bras de fer coalition occidentale versus BRICS-OCS ». C’est dans le cadre défini par cet article que j’inscris ma réflexion du jour.
Le FMI avait fait ses prévisions de croissance publiées début janvier, avant la crise Covid. Elle a dû les refaire, en catastrophe, pour la réactualisation d’avril. Jamais une réactualisation d’une telle ampleur n’avait été observée depuis la création du FMI.
Je résumerai ces nouvelles prévisions en une carte qui montre très clairement les zones les plus impactées économiquement en rouge, suivie d’un tableau de données assorti de mon commentaire.
Voici la carte
et ci après,
On peut faire deux lectures de ce tableau. La première est la lecture horizontale qui nous donne quelques résultats que j’ai sélectionnés. Elle permet de voir l’impact de la crise sur la croissance dans une première analyse «à chaud» des experts du FMI. Il va de soi que la réactualisation de Juillet apportera des corrections à cette première évaluation.
La deuxième lecture est beaucoup plus intéressante. Elle est verticale et concerne « les différentiels de croissance » dans les deux prévisions de Janvier et d’avril. Un seul exemple permettra au lecteur de comprendre. En Janvier, le différentiel de croissance prévu entre la Chine et les USA était de 4 points; entre la Chine et la zone euro de 4,7 points. A la réactualisation d’avril, le différentiel de croissance prévu entre la Chine et les USA est passé à 7,1 point, et entre la Chine et la zone euro à 8,7 points.
Lorsque deux grands ensembles économiques (et politiques) sont en situation de bras de fer pour gagner la suprématie mondiale, ce n’est pas le montant du PIB qui compte, c’est le différentiel avec le concurrent.
Ma conclusion est simple : le basculement vers l’Eurasie de la puissance économique et donc, à terme, de la puissance militaire et géopolitique mondiale était observé depuis longtemps par tous les experts. La crise Covid-19 va accélérer ce basculement que je décrivais déjà en mars 2018.
A ceux qui craignaient encore l’avènement d’un gouvernement mondial et d’un « globalisme » à l’occidentale en se fondant sur le discours d’un «prophète» fût-il Bill Gates, Jacques Attali, ou George Soros, je dis que rien dans l’organisation du monde ne se fera plus, demain, sans l’accord du duo Russie-Chine. Je vois mal les Chinois et les Russes du 21ème siècle accepter de se faire vacciner en masse par un produit vaccinal occidental et se soumettre à je ne sais quel état-profond transnational d’obédience occidentale. Ils auront leur propres vaccins, leurs propres règles et seront assez forts pour s’opposer aux tentatives occidentales de les soumettre…. Les Gates, Attali, Soros sont des hommes âgés représentant un passé révolu. Leurs théories et leurs projets ne valaient que dans un monde sous domination occidentale. Ce monde est, lui aussi, révolu…
Le point sur la situation au 28 avril 0h00 GMT
Depuis le début de l’épidémie :
210 pays ou territoires ou bateaux (2) ont été affectés par le virus, pour 3 063 008 cas déclarés.
211 447 décès (+ 14 356 en 72 h) ; 921 314 guérisons (+ 122 943 en 72 h)) ;
1 930 247 patients traités (+ 97 092 en 72 h), dont 56 297 en état critique (- 2234 en 72 h .
A noter que :
10 pays ou territoires ne seraient toujours pas affectés par l’épidémie à ce jour (Corée du Nord, Tadjikistan, Turkménistan, Lesotho, Comores, Tonga, Salomon, Îles Marshall, Micronésie, Palaos)
6 pays qui ont été affectés ne le sont plus, par guérison (5) ou décès (1) des ou du seul cas enregistré. (Yemen, Saint Barth, Mauritanie, Groenland, Sainte Lucie, Anguilla)
67 pays ou territoires ont eu de 1 à 100 cas détectés depuis le début de l’épidémie (33 d’entre eux ne comptent aucun décès, et les 34 autres ne comptent, au total, que 104 décès.)
60 pays ou territoires comptent entre 101 et 1000 cas détectés depuis le début de l’épidémie pour un total de 886 décès.
Sur les 210 pays ou territoires ayant été concernés par l’épidémie, 144 ont déclaré de 0 à 50 décès.
- 4 532 nouveaux décès du coronavirus le 27 avril (+ 781 par rapport à la veille).
- 17 pays ont déclaré plus de 1 000 décès depuis le début de l’épidémie : dans l’ordre des pertes (USA, Italie, Espagne, France, Royaume Uni, Belgique, Allemagne, Iran, Chine, Pays Bas, Brésil, Turquie, Canada, Suède, Suisse, Mexique, Irlande).
- Sur les 211 447 décès enregistrés dans le monde depuis le début de l’épidémie, 196 512 l’ont été dans ces 15 pays (92,94 %) et 183 958 (87%) dans les pays occidentaux (US, UE, OTAN).
- 3 666 des 4 532 décès déclarés hier (80,9%) sont « US, UE, OTAN ». C’est ce camp qui paye aujourd’hui et payera demain le prix le plus fort tant sur le plan humain que sur le plan économique (récession + crise économique probable)
Au niveau de la planète, l’épidémie reste vive aux USA et au Royaume Uni. Elle semble désormais prendre plus d’ampleur en Amérique latine. Elle reflue ailleurs en Europe. Dans les prochains jours, les bilans devraient s’alourdir encore, mais moins sévèrement, aux USA et au Royaume Uni. Les caps des 211 000 décès et des 3 millions de cas ont été franchis hier.
Les bilans les plus lourds de la journée d’hier restent ceux des USA, du Royaume Uni et de la France. Ces pays enregistrent, à eux trois : 44,8% des nouveaux cas, 48,11 % des nouveaux décès et 36,2% des cas critiques de la planète.
Un tableau du bilan actuel du nombre de cas et de décès par grande région du monde permet de réaliser celles qui s’en sortent bien, pour l’instant, et celles qui ont souffert et continuent de souffrir.
L’Asie, à l’exception de la Turquie, de l’Iran et du Japon qui enregistre une 2ème vague de nouveaux cas et 13 décès hier, est quasiment sortie de l’épidémie. Sa part dans le bilan devrait se réduire peu à peu. La part du continent américain (Nord et Sud) et de l’Afrique va très progressivement s’accroître. L’analyse du tableau montre que les pays en développement, les plus pauvres, s’en tire mieux que les pays riches qui ont pourtant les moyens de mieux soigner…. Avec 22,94% des cas déclarés, les pays en développement n’enregistrent que 13,22% des décès. …
Pour relativiser encore et toujours les bilans humains de cette pandémie, l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) nous apprend que, chaque année, la grippe saisonnière est responsable de 5 millions de cas « graves » qui entraînent entre 280 000 et 600 000 décès. Le Covid-19 n’a, à ce jour, affecté que 3 millions de personnes (testées) dont près de 450 000 cas graves qui se sont traduits par 211 500 décès.
La situation pays par pays
Les USA gardent les pertes les plus élevées de la planète. Ils semblent avoir passé le plus dur de l’épidémie. Le nombre de patients en cours de traitement n’augmente plus vraiment, celui des cas critiques est repassé largement sous la barre des 15 000 et celui des décès sous la barre des 1 500. Ils pourraient bien avoir passé le pic épidémique à leur tour.
La situation de la France continue de s’améliorer très doucement. Le nombre de décès quotidiens, lié au nombre de patients en réanimation, continue progressivement de baisser. Il faut toutefois noter que le nombre de décès du Covid-19 à domicile n’est toujours pas comptabilisé. Selon le syndicat des médecins MG France, ce nombre serait de 9 000…
Un petit effort de transparence serait tout à l’honneur des autorités de santé et des politiques français qui nous disent : « des choses se sont passées que l’on ne nous dit pas…»
On nous dit, il est vrai, que le nombre de patients admis en réanimation diminue. Mais peut être oublie-t-on de nous dire que les règles d’admission en réanimation ont été durcies et que les personnes fragiles n’y ont plus droit (selon le Canard Enchaîné repris par Le Figaro…)
Ces personnes fragiles décéderont à domicile, ne seront pas comptées et ne viendront donc pas « gonfler » un bilan déjà désastreux.
Le taux de mortalité de la France est, à ce jour, de 357 décès par million d’habitants (hors décès à domicile), pour une moyenne mondiale de 27. Ce bilan en pertes humaines est l’un des plus lourds de la planète (le 4ème plus mauvais).
Avec 7 103 tests / million d’habitants, déclarés à ce jour, la France est en 65ème position mondiale pour la détection des malades. Il est vrai que son compteur de test est toujours bloqué, ce qui ne permet pas vraiment d’évaluer correctement ses efforts en la matière. Le nombre de tests ne semble pas encore être une préoccupation majeure de nos autorités de santé… ???. Bien sûr, un effort sera fait au moment du déconfinement, mais comme beaucoup d’autres choses, ce sera du «trop peu et/ou trop tard.» C’est certainement au début qu’il fallait faire effort….
Avec un taux de guérison totale, à ce jour, de 27,4% des cas déclarés, au niveau national, la France a fait moins bien que l’Italie qui a guéri 33,4% de ses patients, que l’Espagne qui a en déjà guéri 52,7%. Elle a beaucoup moins guéri que l’Allemagne qui a déjà renvoyé 72,4% de ses patients chez eux, que la Suisse qui en a guéri 74,7% et que l’Autriche qui en a guéri 80,9% etc. Il y a des sujets que nos journalistes d’investigation devraient travailler davantage…
La situation du Royaume Uni s’est largement détériorée. Il peine à compter ses morts.
Les données communiquées par les autorités de santé britanniques seraient donc très largement sous estimées depuis le début. Les données déclarées sont celles des décès à l’hôpital. Les décès en maison de retraite et à domicile ne sont pas comptabilisés jusqu’à présent. Selon le très sérieux Financial Times du mercredi 15 avril, le nombre réel des décès Covid-19 était, à la date de l’article, de 41 000.
A ceux qui, dans nos médias mainstream occidentaux, ne cessent de critiquer le manque de transparence des autorités de santé chinoises ou russes sur leurs pertes, il y a là matière à une autocritique qui serait peut être bienvenue et salutaire…
Le compteur des cas critiques est bloqué à 1 559 depuis plus de quinze jours. Avec près de 136 000 patients en cours de traitement, c’est le pays qui en compte le plus après les USA. Avec un flux d’entrée quotidien de 4 000 à 5 000 nouveaux patients, et un flux de sortie qui se limite, pour l’instant, aux décès, les structures de santé, peu réputées pour leur qualité, sont saturées avec les conséquences connues en terme de mortalité. Désormais, des bilans quotidiens de 700 à 900 décès à l’hôpital devraient être la norme. Mais les décès déclarés sont limités par les capacités d’accueil hospitalières. Ceux qui ne peuvent être admis à l’hôpital, faute de place, décéderont chez eux et ne seront pas comptabilisés. C’est aussi simple que ça…..
La situation de l’Italie s’améliore très lentement, avec une baisse des décès et une stabilisation des cas critiques. Le nombre des décès quotidiens reste sous la barre des 400. Il devrait diminuer dans les jours qui viennent
La situation de l’Espagne est stable. Le nombre de nouveaux cas est en légère réduction. Le nombre de décès du jour reste sous la barre des 350. Seul le nombre toujours très élevé de cas critiques reste préoccupant.
La situation de l’Allemagne continue de s’améliorer doucement alors même qu’elle déconfine: plus de guérisons que de nouveaux cas, baisse des décès et des nouveaux cas, baisse très sensible du nombre des patients sous traitement (- 2 100 hier). Pour un nombre de cas déclarés comparable à celui de la France, l’Allemagne a déjà guéri et renvoyé chez eux 72,4% des patients traités . La France n’en a guéri que 27%.
Le déconfinement progressif de l’Allemagne a été initié le 21 avril avec trois semaines d’avance sur le nôtre. Il y a déjà certainement quelques leçons et retours d’expérience à prendre en compte, … avec humilité….
Les situations de la Turquie, de la Belgique, de la Suisse, de la Suède, de l’Iran, du Brésil, du Canada sont stables, celles de la Russie continue sa détérioration. A noter que pour l’Iran et la Turquie, le nombre de guérisons est désormais plus important que celui des nouveaux cas. Si les pertes restent très importantes pour un petit pays comme la Belgique et importantes pour la Suisse et la Suède elles restent faibles pour le Brésil, l’Iran, la Turquie et le Canada et très faibles pour la Russie.
Bien que peu affectée par l’épidémie, la Russie continue de tester énormément sa population (150 000 tests/jour), d’où le nombre très élevé de nouveaux cas détectés ( encore le 2ème de la planète hier). Ce qui est préoccupant, pour elle, c’est le nombre élevé des cas sérieux ou critiques. Le nombre des décès quotidiens devrait continuer à croître dans les jours qui viennent. La Russie devrait passer le cap des 1 000 décès avant la fin de la semaine, peu après l’Inde et le Portugal.
L’analyse quotidienne des données et de leur évolution depuis six semaines me conduit à déceler une expansion progressive de l’épidémie en Amérique latine. C’est vrai au Mexique, voisin des USA, mais aussi au Brésil, au Pérou, en Équateur, au Chili. Cette expansion survient au moment ou l’hémisphère Sud avance vers son hiver dans lequel il entrera le 21 juin prochain. Y aurait-il un lien de cause à effet ?
En Irlande, l’épidémie semble avoir pris de l’ampleur.
Les taux de mortalité par million d’habitants des 17 pays ayant dépassé les 1000 décès (+ Russie), dans le tableau ci dessous, donne une petite idée des zones géographiques les plus touchées et de la qualité de la gestion de l’épidémie par les gouvernances de chacun des états.
Pour mémoire, le taux de mortalité Covid-19 est de 27,1 décès par million d’habitants au niveau mondial.
Le tableau présenté ci après ne comporte que les 74 états ou territoires ayant enregistré plus de 1500 cas. Il représente plus de 99 % du bilan des pertes humaines de la pandémie. Il est suivi du tableau habituel de données concernant l’Europe et l’UE.
Europe (et l’UE) face à l’épidémie
Rappel : à ce jour, le taux «mondial» de mortalité du Covid-19 est de 27,1 décès par million d’habitants
Général (2s) Dominique Delawarde
Illustration : DR
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